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Hector Guimard et l’Art nouveau s’invitent à New York

De nouvelles images sur le Paris du début du XXe siècle s’exposent au Cooper Hewitt Design Museum à New York, un lieu dédié à des expositions innovantes et ouvert à toutes les cultures et tendances.

Hector Guimard et l’Art nouveau s’invitent à New York

H. Guimard dans son atelier du Castel Béranger. Photo tirée de la page officielle du Cooper Hewitt Smithonian Design Museum

William Edward Burghardt Du Bois, mobilier, ferronnerie, céramiques, dessins et photographies transforment le deuxième étage du Cooper Hewitt Design Museum dans la Big Apple en un Paris du début du XXe siècle à travers deux expositions parallèles et complémentaires, l’une intitulée « Hector Guimard : How Paris Got its Curves » (Comment Paris a acquis ses courbes) et la seconde « Deconstructing Power : W. E. B Du Bois at the 1900 World’s Fair » (Déconstruire le pouvoir : W.E.B Du Bois à l’Exposition universelle de 1900). Présentées côte à côte, ces expositions examinent la signification historique et la résonance contemporaine de l’œuvre de l’architecte français Hector Guimard, ainsi que la créativité et l’innovation apportées à l’Exposition universelle de Paris de 1900 par le sociologue américano-ghanéen et activiste pour les droits des Panafricains William Edward Burghardt Du Bois. Celui-ci était l’un des premiers Noirs américains à avoir participé à une exposition universelle européenne.

« Ces expositions spéciales sont dans la lignée du Cooper Hewitt Museum qui vise à contextualiser et à recadrer les voix-clés qui ont façonné l’histoire du design et celles qui ont été ignorées, précise Maria Nicanor, sa directrice. Il était très important pour nous que ces deux intitulés aillent de pair, afin de fournir aux visiteurs le contexte pour, à la fois, admirer la beauté visuelle et comprendre les complexités historiques des objets sélectionnés. Je suis particulièrement ravie de voir le puissant travail de W. E. B. Du Bois. Son talent, ainsi que celui de Guimard, illustre bien que le design n’est pas, et n’a jamais été, neutre. »

Chambre d’Adeline Guimard à l’hôtel Guimard en 1913. Photo tirée de la page officielle du Cooper Hewitt Smithonian Design Museum

Les entrées des métros de Paris signées Hector Guimard

Arrêt d’abord sur une invitation à une nouvelle lecture de l’un des architectes de l’Art nouveau les plus célèbres de France, Hector Guimard (1867-1942). Réunissant près de 100 objets de sa création provenant de collections publiques et privées du monde entier, l’exposition fournit un contexte urbain et historique pour l’ensemble de son œuvre. Guimard est surtout célèbre pour avoir réalisé les entrées des stations de métro parisiennes et de résidences privées comme le Castel Béranger, qui était autrefois son atelier, toujours existant et habité. Basés sur l’utilisation répétée de lignes organiques incurvées et ondulantes, ses motifs d’ornementation lui ont permis de lancer un label baptisé le style Guimard. Moins connues, ses idées plus épurées utilisées dans plusieurs projets de logements standardisés des années 1920 confirment ses penchants socialistes et pacifistes. Bien qu’apparemment opposés à ce qu’il avait fait auparavant, ces projets ont constitué des éléments essentiels du style Guimard. L’exposition s’accompagne d’un ouvrage intitulé Hector Guimard : Art Nouveau to Modernism, édité en 2021 par la Yale University Press, en association avec le Richard H. Driehaus Museum. Après ses débuts au Cooper Hewitt, l’exposition prendra le chemin du Driehaus Museum pour l’architecture et le design, à Chicago, et y restera du 22 juin 2023 au 7 janvier 2024.

La libellule de la station de métro Dauphine signée Guimard, dans le 16e arrondissement de Paris. Photo Creative Commons

Un premier Noir à l’Exposition universelle

Le second accrochage, intitulé « Deconstructing Power », jouxtant Hector Guimard, est consacré au célèbre sociologue américano-ghanéen W.E.B. Du Bois (1868-1963), qui était aussi un activiste pour les droits des Panafricains. Ici, les visiteurs découvriront une vingtaine de dessins de données innovantes et évolutionnaires créées pour l’Exposition universelle de Paris de 1900 par Du Bois. « Avec le concept “deconstructing power”, ou le pouvoir du design de révéler et, à la fois, de masquer la dynamique du pouvoir et de l’équité, Du Bois a profité de la Foire universelle de Paris pour placer sur la scène mondiale un récit audacieux des progrès des Noirs américains », indique la directrice du Cooper Hewitt. Il avait ainsi donné à voir à un public venu du monde entier une série d’images intitulée Exhibit of American Negroes (Exposition de Noirs américains). Du Bois et ses étudiants de l’Université d’Atlanta avaient réalisé 63 diagrammes dessinés à la main, utilisant des formes, des lignes et des couleurs pour mettre en valeur le succès des Noirs, malgré le racisme omniprésent aux États-Unis et dans le monde entier. Prêtées par la bibliothèque du Congrès américain, elles avaient été réalisées sur carton et conçues pour une installation temporaire durant la Foire.

Vue générale de l’exposition « Deconstructing Power ». Photo tirée de la page officielle du Cooper Hewitt Smithonian Design Museum

Compte tenu de leur fragilité, les œuvres seront régulièrement interchangées, d’autant que c’est la première fois, depuis 1901, qu’elles sortent des archives. Par ailleurs, le site du musée signale que « Deconstructing Power » met la lumière sur l’image de la Foire, qui se voulait progressiste, mais qui était en fait inéquitable et cachait les mécanismes du système impérialiste. Quarante-sept pays y avaient participé, chacun tentant de démontrer à un public international ses avancées culturelles et économiques à travers des installations soigneusement montées à partir des dernières nouveautés artistiques, des matériaux importés et des innovations de pointe. Parmi les œuvres d’art décoratives exposées à cette époque figuraient des spécimens de Sèvres, de Louis Comfort Tiffany et d’Émile Gallé qui mettaient en lumière la manière dont les styles nationaux étaient élaborés. Autant de fantasmes impériaux qui avaient imprégné le design moderne au tournant du siècle. C’est pour cela que la participation d’un Du Bois, premier Noir à figurer sur la liste d’un tel événement, avait été historique.

William Edward Burghardt Du Bois, mobilier, ferronnerie, céramiques, dessins et photographies transforment le deuxième étage du Cooper Hewitt Design Museum dans la Big Apple en un Paris du début du XXe siècle à travers deux expositions parallèles et complémentaires, l’une intitulée « Hector Guimard : How Paris Got its Curves » (Comment Paris a acquis ses courbes) et la...

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