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Après l'assaut des bolsonaristes, les lieux de pouvoir à nouveau sous contrôle


Après l'assaut des bolsonaristes, les lieux de pouvoir à nouveau sous contrôle

Des partisans de Jair Bolsonaro devant le Congrès, à Brasilia, le 8 janvier 2023. Photo Sergio Lima / AFP

Les condamnations se multipliaient lundi dans le monde au lendemain de la prise d'assaut de plusieurs bâtiments officiels de la capitale brésilienne par des partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro, où l'actuel chef d'Etat Luiz Inacio Lula da Silva est revenu et a dénoncé l'oeuvre de "putschistes".

De Washington à Moscou en passant par Pékin et les capitales européennes, les dirigeants du monde ont affirmé leur soutien à Lula et condamné les violences des manifestants bolsonaristes durant le chaos qui a duré plusieurs heures à Brasilia, rappelant l'invasion du Capitole à Washington il y a deux ans.

Les forces de l'ordre ont repris le contrôle du palais présidentiel, du Congrès et de la Cour suprême envahis dimanche par des centaines de manifestants anti-Lula, a affirmé le ministre de la Justice et de la Sécurité Flavio Dino. "Les putschistes qui ont promu la destruction des propriétés publiques à Brasilia sont en train d'être identifiés et seront punis. Demain nous reprenons le travail au palais de Planalto. Démocratie toujours", a tweeté le président de gauche, qui a inspecté les bâtiments saccagés à son retour à Brasilia tard dimanche soir.

Plus de 300 personnes ont été interpellées et le parquet général a demandé l'ouverture immédiate d'investigations pour établir "la responsabilité des personnes impliquées" dans l'attaque des bâtiments officiels.

La zone avait été bouclée par les autorités. Mais les bolsonaristes, pour beaucoup habillés du maillot jaune de la Seleçao, la sélection de football du Brésil, un symbole qu'ils se sont approprié, sont parvenus à forcer les cordons de sécurité. Ils ont provoqué des dégâts considérables dans les trois immenses palais qui sont des trésors de l'architecture moderne et regorgent d'oeuvres d'art. Des tableaux d'une valeur inestimable ont été endommagés.

Mimétisme 

Sur les réseaux sociaux ont circulé des vidéos montrant des bureaux de parlementaires saccagés. Un manifestant s'est assis sur le siège du président du Sénat, un mimétisme saisissant avec les émeutiers partisans de l'ex-président américain Donald Trump qui avaient envahi le Capitole il y a deux ans. Selon la chaîne CNN, des manifestants ont mis le feu au tapis d'un salon du Congrès, qui a dû être inondé pour éteindre l'incendie.

Un syndicat de presse a fait état de l'agression de cinq journalistes. Parmi eux, un photographe de l'AFP a été frappé et s'est fait voler tout son matériel. "Nous ne reconnaissons pas ce gouvernement parce qu'il est illégitime", a déclaré à l'AFP Victor Rodrigues. "Nous ne reculons pas, nous allons partir d'ici mais nous reviendrons", a-t-il promis.

Le cri de ralliement des manifestants "intervention militaire" (pour chasser M. Lula du pouvoir) s'élevait toujours de la foule restée aux abords du Congrès des heures durant, malgré les fumées des gaz lacrymogènes ou les canons à eau de la police.

Depuis la défaite de M. Bolsonaro, ses partisans manifestaient déjà devant des casernes, réclamant l'intervention de l'armée pour empêcher Lula de revenir au pouvoir pour un troisième mandat après ceux de 2003 à 2010. Jair Bolsonaro, lui, se trouve aux Etats-Unis, où il est parti deux jours avant l'investiture de Lula, se refusant à remettre l'écharpe présidentielle à celui qui l'a défait d'une courte tête à la présidentielle d'octobre.

"Accusations sans preuves" 

Dans une série de tweets, il a condamné sans fermeté "les déprédations et invasions de bâtiments publics" et a "rejeté les accusations, sans preuve" de son successeur selon qui il aurait encouragé les violences.  Plusieurs de ses alliés se sont désolidarisés des violences de dimanche, dont Valdemar Costa Neto, président du Parti libéral (PL), le parti de Bolsonaro, qui a regretté "un jour triste pour la nation brésilienne".

Le gouverneur du district fédéral de Brasilia, Ibaneis Rocha, un autre allié de Jair Bolsonaro, a présenté ses excuses au président Lula dans une vidéo. Il a qualifié les responsables des déprédations de "vrais vandales" et de "vrais terroristes". Ces saccages ont provoqué une avalanche de réactions outrées dans le monde. Le président français Emmanuel Macron a dit à Lula qu'il pouvait "compter sur le soutien indéfectible de la France".

Evoquant une attaque "intolérable" contre la démocratie, le chancelier allemand Olaf Scholz a assuré être "aux côtés" de Lula. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a dénoncé le caractère "trumpiste" des assauts bolsonaristes.

Le président américain Joe Biden, qui entame lundi au Mexique un sommet des dirigeants d'Amérique du Nord réunissant Etats-Unis, Mexique et Canada, a jugé "scandaleuses" les violences des manifestants. "Utiliser la violence pour attaquer les institutions démocratiques est toujours inacceptable", a tweeté son secrétaire d'Etat Antony Blinken.

Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a dénoncé "la tentative de coup d'Etat des conservateurs au Brésil". Le Kremlin a déclaré "soutenir pleinement" Lula et condamné les violences "de la manière la plus ferme". La Chine s'est opposée "fermement à l'attaque violente contre les autorités fédérales au Brésil" et apporte son soutien à Lula. Le pape François a dénoncé les "crises politiques" sur le continent américain, sources de "tensions et de violences", évoquant en particulier le Brésil.

Les condamnations se multipliaient lundi dans le monde au lendemain de la prise d'assaut de plusieurs bâtiments officiels de la capitale brésilienne par des partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro, où l'actuel chef d'Etat Luiz Inacio Lula da Silva est revenu et a dénoncé l'oeuvre de "putschistes".
De Washington à Moscou en passant par Pékin et les capitales...