Dossiers Rentrée littéraire

La rentrée de janvier vue par une libraire parisienne

La rentrée de janvier vue par une libraire parisienne

D.R.

Dans l’enfilade des traditions de saison, se glisse la rentrée littéraire de l’hiver, et les surprises qu’elle nous réserve. Pour préparer les lectures de la nouvelle année, Hélène Guibert, responsable de la section « littérature étrangère » à la librairie Atout livre du douzième arrondissement de Paris, propose quelques titres qui ont retenu son attention. « Nous attendons Le Vingtième siècle (Gallimard), nouveau roman d’Aurélien Bellanger dont nous suivons les parutions et que l’on va inviter dans notre librairie. » Outre ce récit polyphonique autour de l’un des plus grands mythes intellectuels du vingtième siècle, Walter Benjamin, d’autres sorties sont notables chez Gallimard, comme Mes Fragiles de Jérôme Garcin, Terminus Malaussène de Daniel Pennac ou La Petite-fille de Bernhard Schlink. « On peut également citer le roman historique de Gaëlle Nohant, Le Bureau d’éclaircissement des destins (Grasset), autour de la seconde guerre mondiale. Nous allons probablement organiser un événement autour du roman Les Sources (Buchet-Chastel) de Marie-Hélène Laffont, dont nous apprécions les ouvrages », poursuit la jeune libraire avec enthousiasme. Celle qui a reçu le prix Renaudot en 2020 avec Histoire du fils, revient avec un récit familial ancré dans les années 60, dans une ferme isolée de la vallée de la Santoire.

Chez Stock, paraissent notamment le nouveau roman de Philippe Claudel, Crépuscule, et celui de la romancière syrienne Samar Yazbek, La Demeure du vent. « Nos lecteurs la connaissent bien, elle est déjà venue les rencontrer dans notre librairie. On aime ce qu’elle fait et sa manière d’aborder les trajectoires de migrations, les parcours de vie de l’exil. Dans un autre registre, un excellent polar va sortir chez Actes Sud Noir, Ce qui est enfoui de Julien Freu qui a déjà publié ses textes dans d’autres maisons d’édition. On est dans les années 90, dans un petit village un peu à la Nicolas Mathieu, avec un côté fantastique et horrifique », ajoute Hélène Guibert, qui tient à souligner la parution de Requiem pour la classe moyenne d’Aurélien Delsaux (Noir sur Blanc). « C’est une littérature sociale qui s’intéresse beaucoup aux zones périurbaines, aux espaces géographiques entre deux », précise-t-elle. Sur les 500 livres qui paraissent en janvier, de nombreux titres méritent d’être cités, comme L’Ancien Calendrier d’un amour d’Andreï Makine, chez Grasset, ou, dans la même maison d’édition, Ce que faisait ma grand-mère à moitié nue sur le bureau du Général de Christophe Donner, qui est une suite de La France goy pendant l’entre-deux guerres.

Au Seuil, Il suffit de traverser la rue d’Éric Faye brosse le tableau d’une classe moyenne incapable de résister au néo-libéralisme et de se défendre lorsqu’elle est attaquée. Dans Le Silence de la colère (Calmann-Lévy) de Pierre Lemaître, on retrouve la fougue narrative d’un romancier virtuose. Véronique Ovaldé ausculte dans Fille en colère sur un banc de pierre, une mystérieuse tragédie qui touche une famille qui a banni un proche, avant de l’inviter à revenir, quinze ans plus tard. Dans un autre registre, paraîtra, aux éditions Zulma, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer de Dany Laferrière.

Chez Actes Sud, La Maison de Robert Colonna d’Istria évoque les liens souterrains qui nourrissent la relation des êtres avec leurs lieux d’habitation. Croire de Justine Augier dessine les interactions entre l’avènement de l’écriture, la perte des proches et la mort. Enfin, Double V de Laura Ulonati dépeint les échos affectifs, esthétiques et existentiels entre Virginia Woolf et sa sœur cadette, Vanessa Bell, peintre méconnue. Entre les Cornouailles, Londres et Paris, Bloomsburry et Beaubourg, la distance entre elles s’épaissit ou s’amenuise au gré des émotions et des expériences artistiques et humaines.

Le vaste monde de la littérature étrangère

« Nous attendons le prochain roman de l’autrice argentine Mariana Enriquez Notre part de nuit (Points), qui met en scène un père et son fils qui traversent l’Argentine par la route. Ils sont en fuite. Dans ce texte, l’Histoire et le fantastique se conjuguent avec l’horreur et le gothique. Avec Matrix de Lauren Groff (L’Olivier), la romancière suit la trajectoire d’émancipation de son héroïne, au Moyen-Âge. Un roman traduit du catalan, Mère de lait et de miel (éditions Verdier), de Najat el-Hachimi a également attiré notre attention », confie Hélène Guibert qui recommande également vivement le premier roman de Kirstin Innes, une autrice écossaise, Reine d’un jour (Métalié).

Chez Actes Sud, est traduit un essai stimulant de Paul Auster, Pays de sang. Une histoire de la violence aux États-Unis, avec des photographies de Spencer Ostrander. Indocile de l’autrice américaine Dana Spiotta est publié chez le même éditeur, et développe le parcours d’une cinquantenaire qui interroge la maternité, la mortalité, et l’état de son pays qui semble craquer de toutes parts. Elle finit par acheter une vieille bâtisse à Syracuse et quitte sa banlieue chic, prenant le risque de tout perdre, et de tout gagner. La collection Sindbad propose une traduction du dernier roman de Mansoura Ez-Eldin, Les Jardins de Basra. Celle qui a obtenu le Booker Prize arabe déroule l’histoire d’un marchand de livres au Caire, Hishâm, qui est habité par les manuscrits anciens. L’un de ses rêves est récurrent, avec des anges venus du ciel cueillir le jasmin de la ville irakienne de Basra. Il finit par se convaincre qu’il y a vécu dans une vie antérieure, au VIIIe siècle, et qu’il y a fréquenté d’illustres théologiens. Le texte dessine le contraste entre la splendeur passée de Basra et son destin funeste d’aujourd’hui.

Avant de changer d’année, Hélène Guibert confie que le roman de 2022 qu’elle a préféré est Connemara (Actes Sud) de Nicolas Mathieu. Auquel on pourrait ajouter La Nuit des pères (Noir et Blanc) de Gaëlle Josse.


Dans l’enfilade des traditions de saison, se glisse la rentrée littéraire de l’hiver, et les surprises qu’elle nous réserve. Pour préparer les lectures de la nouvelle année, Hélène Guibert, responsable de la section « littérature étrangère » à la librairie Atout livre du douzième arrondissement de Paris, propose quelques titres qui ont retenu son attention. « Nous...

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