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Moyen-Orient - Moyen-Orient

Retour de Netanyahu, à la tête du gouvernement le plus à droite d'Israël

La mission du gouvernement sera de "contrecarrer les efforts de l'Iran pour se doter d'un arsenal nucléaire", "d'assurer la supériorité militaire d'Israël dans la région", tout en "élargissant le cercle de la paix" avec les pays arabes, a déclaré le Premier ministre au Parlement.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 28 décembre 2022 lors d'une réunion de la Knesset. Photo Ammar Awwad/Reuters

Après une pause dans l'opposition, Benjamin Netanyahu a renoué jeudi avec le pouvoir en formant le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël qui suscite déjà de vives inquiétudes.

Vainqueur des législatives du 1er novembre, M. Netanyahu avait présenté dans la matinée son équipe ministérielle aux députés, avant la tenue en après-midi d'un vote de confiance remporté par une majorité de 63 élus sur les 120 du Parlement et de sa prestation de serment.

Le retour de Benjamin Netanyahu a été salué par le président russe Vladimir Poutine tandis que le président américain Joe Biden a qualifié le Premier ministre nouvellement investi d'"ami depuis des décennies". "Nous avons quatre missions principales: contrecarrer les efforts de l'Iran pour se doter d'un arsenal nucléaire, ramener la sécurité et la souveraineté à l'intérieur d'Israël, lutter contre la cherté de la vie et des logements, et élargir le cercle de la paix", en normalisant les relations avec d'autres pays arabes, a déclaré en soirée M. Netanyahu lors de son premier Conseil des ministres. "Nous sommes un gouvernement uni, partageant les mêmes objectifs et la même vision alors maintenant: en avant et au travail!", a-t-il ajouté lors de cette réunion, tout sourire aux côtés de ses alliés politiques.

Inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, le chef du Likoud (droite) avait été chassé du pouvoir en juin 2021 par une coalition hétéroclite avant de promettre un retour aux affaires en s'alliant avec des partis ultra-orthodoxes et d'extrême droite. Sa coalition comprend notamment les formations "Sionisme religieux" de Bezalel Smotrich et "Force juive" d'Itamar Ben Gvir, connus pour leurs propos anti-palestiniens et leurs positions favorables à l'annexion d'une partie de la Cisjordanie, et "Noam" d'Avi Maoz, ouvertement anti-LGBTQ.

En dépit de la présence de ce parti dans le gouvernement, les députés ont élu Amir Ohana comme président du Parlement, une première pour un député ouvertement homosexuel dans ce pays.

Des centaines de personnes, dont plusieurs arborant le drapeau arc-en-ciel ou faisant état de sympathies à l'égard des Palestiniens, manifestaient jeudi devant le Parlement contre le nouveau gouvernement. "Il s'agit du gouvernement le plus sombre, le plus raciste, le plus mauvais que nous pouvions imaginer", a déclaré Niv, un manifestant sur place.

"Soif de pouvoir"

Dans ce nouveau gouvernement, MM. Smotrich et Ben Gvir sont respectivement en charge des colonies en Cisjordanie et de la police israélienne, dont des unités opèrent aussi dans ce territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël.

La procureure générale, Gali Baharav-Miara, a récemment dit craindre des réformes réduisant le pouvoir des juges et d'une "politisation des forces de l'ordre" qui "porterait un coup sérieux aux principes les plus fondamentaux de l'Etat de droit".

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Le chef d'état-major de l'armée Aviv Kochavi s'est dit inquiet de la création d'un second poste de ministre, celui de M. Smotrich, au sein même de la Défense pour superviser la gestion civile de la Cisjordanie.

L'ambassadrice d'Israël en France, Yael German, une proche du Premier ministre sortant Yaïr Lapid, a remis jeudi sa démission disant que le programme du gouvernement était contraire "à ma conscience, à ma vision du monde et aux principes de la déclaration d'indépendance de l'Etat d'Israël"

Pour de nombreux analystes, M. Netanyahu a multiplié les concessions à ses partenaires dans l'espoir d'obtenir une immunité judiciaire ou l'annulation de son procès pour corruption. "Ce gouvernement est l'addition de la faiblesse politique de Netanyahu, compte tenu de son âge et de son procès, et du fait qu'on a une nouvelle famille politique, liée à la droite révolutionnaire, que l'on n'avait jamais vu avec cette force en Israël", explique à l'AFP Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l'Open University d'Israël.

"Explosion" ?

Dans la foulée de la dernière guerre Hamas/Israël à Gaza en mai 2021 et des violences récentes en Cisjordanie, les plus graves depuis la fin de la Seconde intifada (2000 à 2005), la crainte d'une escalade militaire avec les Palestiniens est bien présente.

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"Il y a de nombreuses lignes rouges: Al-Aqsa, l'annexion [de la Cisjordanie], le statut des prisonniers palestiniens (en Israël) ... Si Ben Gvir, à titre de ministre se rend à Al-Aqsa, ce sera une grande ligne rouge de franchie et cela mènera à une explosion", confie à l'AFP Basem Naim, haut responsable politique du Hamas. M. Ben Gvir s'est déjà rendu ces derniers mois sur l'esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs), lieu saint au coeur des tensions israélo-palestiniennes à Jérusalem-Est.

En vertu d'un statu quo historique, les non-musulmans peuvent s'y rendre mais pas y prier, mais la visite d'un ministre israélien en fonction sur ce site serait perçue comme de la provocation parmi les Palestiniens. "Si le gouvernement agit de manière irresponsable, cela pourrait provoquer une crise sur le plan de la sécurité", s'est inquiété le ministre sortant de la Défense, Benny Gantz.

"Ce nouveau gouvernement d'extrême droite ne nous effraie pas", a affirmé jeudi le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh, lors d'un rassemblement réunissant des milliers de personnes à Ramallah pour marquer l'anniversaire du Fatah, le parti laïc au pouvoir en Cisjordanie. Et d'ajouter: "nous allons rester debout jusqu'à la victoire et l'établissement d'un Etat palestinien".

Après une pause dans l'opposition, Benjamin Netanyahu a renoué jeudi avec le pouvoir en formant le gouvernement le plus à droite de l'histoire d'Israël qui suscite déjà de vives inquiétudes.Vainqueur des législatives du 1er novembre, M. Netanyahu avait présenté dans la matinée son équipe ministérielle aux députés, avant la tenue en après-midi d'un vote de...

commentaires (2)

Strange.... en Israël ils ont un destour, ils l'appliquent sans détour et réussissent sans problèmes à fonctionner... alors que nos charlatans locaux n'arrivent même pas à déchiffrer notre destour depuis plus de 3 décennies... quand l'analphabétisme nous tient, ou plutôt la corruption extrême ?

Wlek Sanferlou

14 h 50, le 29 décembre 2022

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Commentaires (2)

  • Strange.... en Israël ils ont un destour, ils l'appliquent sans détour et réussissent sans problèmes à fonctionner... alors que nos charlatans locaux n'arrivent même pas à déchiffrer notre destour depuis plus de 3 décennies... quand l'analphabétisme nous tient, ou plutôt la corruption extrême ?

    Wlek Sanferlou

    14 h 50, le 29 décembre 2022

  • Ayant écouté le discours ( doublé en français) de natanyahou à la TV ( Discours conspué par l’opposition). Il a demandé aux députés de l’opposition d’accepter leur défaite comme la France a accepté sa défaite face à l’argentine au mondial … la france qui a même félicité l’argentine… drôle de comparaison mais ca fait plaisir que la france soit prise comme exemple de démocratie. Cool.. ceci dit… ce gouvernement tutti frutti ne pourra pas tenir la route dans la durée selon les commentateurs TV …( francophones )

    LE FRANCOPHONE

    14 h 44, le 29 décembre 2022

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