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Dernières Infos - Mort de Mahsa Amini

La répression en Iran débattue au Conseil des droits de l'homme

Capture d'écran d'une vidéo publiée le 21 novembre 2022 et supposée montrer une manifestation dans la ville kurde iranienne de Javanrud. Photo AFP

La répression sanglante des manifestations qui secouent l'Iran depuis deux mois pourrait bientôt faire l'objet d'une enquête internationale si le Conseil des droits de l'homme de l'ONU en adopte le principe jeudi. Les 47 Etats membres de la plus haute instance onusienne en matière de droits de l'homme se réunissent d'urgence pour débattre de la "détérioration de la situation des droits de l'homme" en Iran, à la demande de plus de 50 pays membres de l'ONU et à l'initiative de l'Allemagne et de l'Islande.

Depuis deux mois, la répression a fait au moins 416 morts, dont 51 enfants, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège. Cette vague de contestation -née de revendications pour les femmes après la mort de Mahsa Amini arrêtée pour avoir mal porté le voile islamique et qui se sont transformées en contestation du pouvoir- est sans précédent par son ampleur et sa nature depuis la Révolution islamique de 1979. Des milliers de manifestants pacifiques ont aussi été arrêtés selon l'ONU, et la justice iranienne a déjà prononcé six condamnations à mort en lien avec les manifestations.

Faire la lumière
Le Conseil devra décider jeudi de nommer une équipe d'enquêteurs de haut niveau pour faire la lumière sur toutes les violations des droits de l'homme liées à la répression des manifestations.  Selon le projet de résolution présenté par l'Allemagne et l'Islande, cette mission d'enquête internationale indépendante devra inclure "la dimension des violences liées au genre". Il s'agit de collecter les preuves des violations et de les conserver de manière à pouvoir servir à d'éventuelles futures poursuites.

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, qui comme son homologue islandaise sera à Genève pour la session, a souligné sur Twitter "à quel point il est important pour les victimes que les responsables soient tenus responsables".  Volker Türk, le tout nouveau Haut-Commissaire aux droits de l'homme, qui a déjà dénoncé cette répression, ouvrira la séance, qui devrait se poursuivre toute la journée. 

De nombreux diplomates, militants des droits et autres spécialistes de l'Iran ont exprimé leur ferme soutien à l'initiative. "Nous devons faire tout notre possible pour exposer la vérité sur ce qui se passe en Iran et soutenir les appels du peuple iranien à la justice et à la responsabilité", a déclaré l'ambassadrice américaine Michèle Taylor.

Provocation
Téhéran pour sa part se démène pour tenter de trouver assez d'alliés pour faire échouer la résolution. "Avec une longue histoire de colonialisme et de violation des droits de l'homme d'autres nations, les Etats-Unis et l'Europe ne sont pas en mesure de prétendre être des défenseurs des droits de l'homme", a récemment tweeté le ministère iranien des Affaires étrangères.

Et le ministre, Hossein Amir-Abdollahian, a tweeté à l'attention de son homologue allemande que la réponse de son pays aux "positions provocatrices, interventionnistes et non diplomatiques" de l'Allemagne serait "proportionnée et ferme". Il n'est pas certain encore que la résolution sera adoptée. Les diplomates occidentaux à Genève ont exprimé un optimisme prudent, mais le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Christofer Burger, a reconnu que "l'obtention d'une majorité n'est pas certaine".

Une résistance croissante -sous la houlette de la Russie, de la Chine ou encore de l'Iran- se bâtit dans l'enceinte du Conseil contre les efforts souvent initiés par les démocraties occidentales de faire condamner des Etats individuels pour les violations des droits humains. Ces pays ont subit une cuisante défaite le mois dernier, quand ils ont tenté de mettre à l'agenda du Conseil un débat sur la répression menée par Pékin dans la région du Xinjiang. 

"Cela devrait passer"
Mais l'Iran pourrait avoir plus de mal à bloquer la résolution de jeudi. Le Conseil a déjà exprimé ses inquiétudes sur le bilan de l'Iran en matière de droits humains en nommant en 2011 un rapporteur spécial pour surveiller les actions de Téhéran. Son mandat a été renouvelé chaque année.

"Cela devrait passer", estime Omid Memarian, analyste chez Democracy for the Arab World Now (DAWN). Si c'est le cas, a-t-il déclaré à l'AFP, cela donnera "un énorme coup de pouce au moral" des manifestants et enverra un avertissement à ceux qui sont responsables de la répression que "le reste du monde ne sera pas sûr pour eux".

La répression sanglante des manifestations qui secouent l'Iran depuis deux mois pourrait bientôt faire l'objet d'une enquête internationale si le Conseil des droits de l'homme de l'ONU en adopte le principe jeudi. Les 47 Etats membres de la plus haute instance onusienne en matière de droits de l'homme se réunissent d'urgence pour débattre de la "détérioration de la...