Les autorités turques ont démenti jeudi avoir fait usage d'armes chimiques contre les rebelles kurdes du PKK que l'armée d'Ankara combat dans le nord de l'Irak.
De nombreuses accusations relayées notamment par la présidente de l'Union des médecins de Turquie (TTB) et l'opposition sont apparues ces derniers jours et les combattants kurdes ont publié une liste de 17 noms, accompagnés de photos de personnes présentées comme des "martyrs" tués par des gaz toxiques.
Le responsable de la communication présidentielle, Fahrettin Altun, a dénoncé une "propagande crasse de la part des terroristes du PKK", le Parti des travailleurs du Kurdistan - classé comme organisation terroristes par Ankara et ses alliés occidentaux. "Nous allons continuer de prévenir cette désinformation. Ceux qui relaient ces calomnies mettent leurs pas dans ceux des terroristes", a indiqué M. Altun sur Twitter.
Ibrahim Kalin, conseiller spécial du président Recep Tayyip Erdogan, a également dénoncé sur Twitter ces accusations en estimant que "le mensonge des armes chimiques est l'effort futile de ceux qui tentent de justifier et d'esthétiser le terrorisme". Et le ministère de la Défense, dans un communiqué publié jeudi, a balayé des "allégations totalement infondées et irréalistes", assurant que les forces armées "poursuivent de manière très honorable et transparente (...) la lutte contre le terrorisme".
Cette levée de boucliers des autorités fait suite à la diffusion en début de semaine d'une vidéo montrant un groupe de soldats dans une région montagneuse quitter les abords d'une grotte d'où s'échappe une fumée grisâtre; puis, plus loin dans la vidéo, un homme est filmé allongé, suffoquant et sujet à une crise de convulsions.
La présidente de l'Union des médecins de Turquie (TTB), Sebnem Korur Fincanci, a affirmé mercredi avoir "regardé et examiné les images sur les réseaux sociaux" des victimes supposées des armes chimiques "dans le nord de l'Irak". "De toute évidence, l'un des gaz toxiques, un poison ou un gaz chimique, qui affecte directement le système nerveux, a été utilisé", a-t-elle déclaré à la webtv prokurde Medya Haber, réclamant une "enquête indépendante afin d'établir la responsabilité des Etats qui utilisent ce genre d'armes", toutes interdites sur le champ de bataille, a-t-elle rappelé.
Le bureau du procureur général d'Ankara a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête à l'encontre de Mme Fincanci. L'ancien dirigeant emblématique du parti prokurde HDP, Selahattin Demirtas, emprisonné depuis 2016, a réclamé pour sa part qu'une "délégation internationale indépendante (...) se rende dans la région afin d'enquêter". "Le Parlement et l'opposition ne peuvent rester silencieux face à ces images. Les passer sous silence, c'est approuver le crime", a-t-il ajouté selon un message posté en son nom sur Twitter.
Enfin un député du CHP, le principal parti d'opposition, Sezgin Tanrikulu a indiqué jeudi qu'il allait soulever le débat devant le parlement turc. L'organisation des Médecins internationaux pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW), qui a dépêché une mission dans le nord de l'Irak fin septembre, a mentionné dans son rapport des "preuves indirectes de possibles violations de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques".
"Du matériel retrouvé près d'une zone abandonnée par l'armée turque comprenait des conteneurs d'acide chlorhydrique et d'eau de Javel, qui pourraient avoir été utilisés pour produire du chlore, un agent de guerre chimique classique"¸ écrivent notamment les auteurs du rapport. Ces médecins ont appelé, en conclusion, à la mise en place d'une mission internationale sous l'égide de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ou du Secrétaire général de l'ONU.
De nombreuses accusations relayées notamment par la présidente de l'Union des médecins de Turquie (TTB) et l'opposition sont apparues ces derniers jours et les combattants kurdes ont publié une liste de 17 noms, accompagnés de...
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