Le Vatican a indiqué jeudi avoir pris des sanctions contre l'évêque Carlos Belo, prix Nobel de la paix et figure de la lutte pour la liberté au Timor oriental, accusé de violences sexuelles sur des garçons mineurs pendant une vingtaine d'années.
Le Saint-Siège, saisi de ce dossier "pour la première fois en 2019", a imposé en septembre 2020 des sanctions disciplinaires contre Mgr Belo, a indiqué dans un communiqué le directeur du service de presse, Matteo Bruni.
Ces mesures comprennent notamment "des limitations à ses déplacements et à l'exercice de son ministère, l'interdiction de contacts volontaires avec des mineurs et de contacts avec le Timor oriental", a-t-il précisé en réponse à des journalistes.
"En novembre 2021, ces mesures ont été modifiées et renforcées", poursuit le communiqué sans plus de détails, précisant que celles-ci ont été formellement acceptées par l'évêque.
Ces déclarations interviennent au lendemain de la publication d'une enquête de l'hebdomadaire néerlandais De Groene Amsterdammer, faisant état d'agressions sexuelles et de viols sur de jeunes adolescents lors de déplacements du prélat timorais dans les années 1980 et 1990, témoignages à l'appui.
"L'évêque m'a violé et agressé sexuellement cette nuit-là. Tôt le matin, il m'a renvoyé (...) Il m'a aussi laissé de l'argent. C'était dans le but de me faire taire", rapporte ainsi une victime aujourd'hui agée de 45 ans citée par le magazine, qui dit avoir enquêté sur ce dossier depuis 2002.
Prix Nobel de la paix en 1996, Mgr Belo a été administrateur apostolique de Dili, la capitale du Timor-oriental, de 1983 à 2002, date à laquelle il avait remi sa démission à Jean Paul II en invoquant des raisons de santé avant d'être envoyé au Mozambique.
Figure très respectée par les Est-Timorais, il avait joué un rôle central pour la défense des droits humains dans le pays, devenu indépendant en 2002 après plus de quatre siècles de colonisation portugaise et 25 ans d'occupation indonésienne (1975-1999).
De Groene Amsterdammer, qui évoque d'autres victimes, dit avoir échangé avec une vingtaine de personnes - y compris des responsables politiques et au sein de l'Eglise catholique locale, très influente dans le pays - ayant connaissance du comportement de Mgr Belo.
Contacté, ce dernier n'a pas donné suite aux questions de l'hebdomadaire.