Poème d’ici

Poème d’ici de Joseph Geara

Avocat de profession et fin lettré, Joseph Géara (1935-1989) publiait régulièrement des poèmes de facture classique dans la presse libanaise francophone, notamment dans le quotidien Le Réveil. Nous publions ci-dessous deux de ses poèmes inédits.

Poème d’ici de Joseph Geara

D.R.

Nocturne

Si l’on pensait à tout ce que l’on a su la veille,

la folie viendrait vite. L’oubli est une heureuse

invention de la nature.

Honoré de Blazac

***

Qu’importe si l’aurore annonce les lumières,

D’un soleil au foyer plus rouge que le sang,

Et si le jour boiteux enflamme tes paupières,

Du spectacle maudit de ce monde méchant.

Le héraut des oublis, fredonnant des nocturnes,

S’avance à pas lunés, emmitouflé de nuits,

Parlant de nirvana dans ses chants taciturnes,

Qui baisent de repos tes cils appesantis

Ainsi que des sillons creusés le long du sable,

Ta main effacera l’ombre des lendemains,

Pour que ton esprit goûte une joie ineffable,

D’un néant éphémère aux rêves incertains…

J’ai tant besoin de toi

- Si je vous le disais, pourtant, que je vous aime,

Qui sait, brune aux yeux verts, ce que vous en diriez…

Alfred de Musset

***

J’ai tant besoin de toi, tel l’air que je respire,

Tel mon pain quotidien, comme l’eau que je bois,

Puisque tout mon passé dans tes beaux yeux se mire,

Et que tout mon présent vit au ciel d’autrefois.

J’éprouve le besoin de plaire à ton empire,

Qui m’a tenu, longtemps, si docile à tes lois,

J’ai besoin de ta voix pour retrouver ma lyre,

Que j’avais pincée dans ta cour plus d’une fois.

Pourtant, pourtant, hélas ! je deviens l’inconnu

Le veuf, à tes regards, le ténébreux, le nu,

Chassé du paradis heureux de ta présence !...

Hanté par ton refus, et ton éloignement,

Espérant, malgré tout, un peu d’approchement,

Qui me soutient, encor, même dans ton absence…

NocturneSi l’on pensait à tout ce que l’on a su la veille,la folie viendrait vite. L’oubli est une heureuse invention de la nature.Honoré de Blazac***Qu’importe si l’aurore annonce les lumières,D’un soleil au foyer plus rouge que le sang,Et si le jour boiteux enflamme tes paupières,Du spectacle maudit de ce monde méchant.Le héraut des oublis, fredonnant des nocturnes,S’avance...

commentaires (1)

Rien ne vaut l'alexandrin, n'en déplaise à cet ivrogne de Verlaine! Les "spécialistes" trouveront probablement que ces vers manquent de quelque chose qui me dépasse, moi pauvre ingénieur, mais c'est ce genre de poèmes que j'aime à lire plutôt que les élucubrations "modernes". Merci d'avoir publié...

Georges MELKI

12 h 01, le 08 septembre 2022

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Commentaires (1)

  • Rien ne vaut l'alexandrin, n'en déplaise à cet ivrogne de Verlaine! Les "spécialistes" trouveront probablement que ces vers manquent de quelque chose qui me dépasse, moi pauvre ingénieur, mais c'est ce genre de poèmes que j'aime à lire plutôt que les élucubrations "modernes". Merci d'avoir publié...

    Georges MELKI

    12 h 01, le 08 septembre 2022

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