Édito Édito

À l’article de la mort


Dans tous les pays du monde, il y a ce qu’on appelle « le service minimum » qui exige que les fonctionnaires en grève assurent au moins les services essentiels pour ne pas nuire à la population. Chez nous, si le registre foncier, l'administration fiscale, le registre du commerce, les greffiers et les magistrats décident de se mettre en grève pour protester contre leur situation catastrophique, ils refusent hélas d’assurer ce « service minimum » – au risque d’encourager le retour à la loi de la jungle et de provoquer ce que le général de Gaulle appelait « la chienlit »...

Et l'État dans tout ça ? L’État réagit à peine, soit par impuissance puisque ses caisses sont vides, soit parce que le complot consistant à détruire ou paralyser tous les secteurs vitaux du pays vise précisément l’administration et la justice pour éviter que les tribunaux n'émettent des verdicts dans les affaires « gênantes » de l’explosion du port, des banques ou de la corruption…

Mais de quel État parle-t-on ? Le mandat présidentiel qui s’achève aura été le plus désastreux de l’histoire du Liban. Certes, différents facteurs ont contribué à ce fiasco, comme les blocages internes délibérés ou la volonté de certaines puissances d’étrangler le régime, mais celui-ci a lamentablement échoué dans la gestion de la crise et aggravé son cas en coupant le Liban de son environnement arabe et en se laissant dominer par un parti hégémonique, des conseillers manipulateurs et une éminence grise qui, selon Issa Goraieb, aura causé au président « plus de tort que tous ses adversaires réunis »...

En tout cas, si nous vivons encore en démocratie, l’échéance présidentielle ne saurait être reportée pour quelque raison que ce soit. Ni les manœuvres dilatoires de certains politiciens peu pressés de rendre leur tablier et désireux de procéder à des nominations de dernière minute, ni le désir de tel ou tel parti de gagner du temps pour imposer son candidat à l’usure, ni les hérésies des pseudo-constitutionnalistes ne doivent empêcher l’élection d’un nouveau président dans les délais. Car nous n’avons plus le luxe d’attendre : l’État libanais est déjà à l’article de la mort.


Dans tous les pays du monde, il y a ce qu’on appelle « le service minimum » qui exige que les fonctionnaires en grève assurent au moins les services essentiels pour ne pas nuire à la population. Chez nous, si le registre foncier, l'administration fiscale, le registre du commerce, les greffiers et les magistrats décident de se mettre en grève pour protester contre leur situation...

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Requiem aeternam dona eis Domine!

Georges MELKI

12 h 29, le 05 septembre 2022

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Commentaires (1)

  • Requiem aeternam dona eis Domine!

    Georges MELKI

    12 h 29, le 05 septembre 2022

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