Le ministre de l'Economie, Amine Salam, s'est entretenu mardi avec des représentants de la Banque mondiale (BM), qui l'ont informé de nouvelles aides dans le cadre d'une rencontre axée sur la stratégie de sécurité alimentaire au Liban, où sévit une crise économique sans précédent.
M. Salam s'est réuni avec le directeur exécutif et doyen du conseil d'administration du groupe de la BM, Mirza Hassan, ainsi qu'avec le nouveau directeur régional de la BM pour la région du Levant, Jean-Christophe Carret. Les responsables ont notamment discuté du prêt d'urgence pour l'achat de blé et la stratégie de sécurité alimentaire.
En juin 2022, mois étudié par la BM, le boisseau de blé a connu une hausse fulgurante en glissement annuel, passant de 80,7 à 104,3 %. Si cette augmentation s’est fait ressentir dans tous les pays, son impact a été plutôt mitigé au Liban en raison des subventions toujours en vigueur de la part de la Banque du Liban qui fournit aux importateurs de cette denrée des devises au taux officiel dollar/livre libanaise. L’avenir de ce mécanisme est toutefois compromis, tandis que le pays compte sur un prêt – pas encore déboursé – de 150 millions de dollars de la BM pour tenir encore quelques mois sans voir exploser le prix du pain libanais, dit arabe.
Lors de la réunion de mardi, M. Hassan a informé le ministre libanais que la BM a accepté de faire un don au ministère de l'Economie afin qu'il développe une stratégie économique et sociale pour la sécurité alimentaire au Liban. Cette stratégie "devrait soutenir les secteurs de l'agriculture et de la protection sociale pour atténuer les effets des prix élevés des denrées alimentaires, ainsi que les projets d'approvisionnement en eau et d'irrigation", a affirmé M. Hassan selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Dans le cadre de la stratégie du ministère, quatre priorités devront être prises en compte, a indiqué le directeur exécutif. Il faudra faciliter l'augmentation des échanges (en supprimant les politiques qui entravent l'importation et l'exportation, en décourageant le stockage inutile...), soutenir les familles les plus nécessiteuses (en élargissant le cadre des programmes de protection sociale), investir dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle durable et, enfin, soutenir la production et les producteurs (en prenant des mesures pour améliorer la production agricole).
De son côté, M. Salam a remercié la BM pour son soutien et souligné la volonté du ministère et du gouvernement d'adopter une approche globale pour améliorer et développer la sécurité alimentaire au Liban. "Les secteurs de l'agriculture et de la technologie, s'ils sont combinés, peuvent créer d'importantes opportunités (...), a-t-il ajouté. Nous nous engageons à travailler et à nous associer à la BM pour parvenir à une croissance durable au Liban".
Plus de 80 % des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté, la dépréciation de la monnaie nationale ayant quasiment anéanti leur pouvoir d'achat. Selon une étude de la Banque mondiale publiée fin juillet sur la sécurité alimentaire dans le monde, le Liban a connu en juin la plus forte hausse mondiale des prix des aliments.
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