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Rassemblements rivaux à Bagdad en pleine impasse politique


Rassemblements rivaux à Bagdad en pleine impasse politique

Des partisans du leader chiite Moqtada Sadr lors de la prière du vendredi devant le Parlement irakien, dans la Zone verte de Bagdad, le 12 août 2022. Photo AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Les uns campent aux abords du Parlement, les autres manifestent près de l'ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad: dans la capitale irakienne vendredi, les partisans du leader chiite Moqtada Sadr et leurs adversaires s'entêtent une nouvelle fois dans leur bras de fer politique.

Depuis fin juillet les deux pôles du chiisme politique enchaînent joutes verbales et escalades, sans toutefois jamais laisser la situation basculer dans la violence. D'un côté le Courant sadriste veut dissoudre le Parlement et organiser des législatives anticipées, de l'autre, le Cadre de coordination, alliance des factions chiites pro-Iran, veut poser ses propres conditions à cet hypothétique scrutin. Trublion de la vie politique, M. Sadr a démontré sa capacité à mobiliser : depuis bientôt deux semaines ses partisans campent autour du Parlement dans la Zone verte, quartier bouclé abritant institutions gouvernementales et ambassades. Ses adversaires du Cadre de coordination - les anciens paramilitaires du Hachd al-Chaabi et l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki - ont d'abord accepté des législatives anticipées mais sous certaines conditions. Et aujourd'hui, l'alliance maintient la pression en réclamant un gouvernement avant toute chose, comme si elle ignorait M. Sadr.

Vendredi après-midi, quelques milliers de partisans de cette coalition ont défilé sous des drapeaux irakiens sur une avenue menant à la Zone verte, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Nouveaux visages" au pouvoir 
"On manifeste pour protéger l'Etat et la constitution", martèle Abou Mehdi, un organisateur venu de Hilla, plus au sud. Il faut, poursuit le trentenaire, "laisser une chance au Cadre de coordination de former un gouvernement".
"Notre revendication : un gouvernement au service de la nation, qui lutte contre l'inflation, le chômage et le manque d'électricité", pouvait-on lire sur une banderole dans le pays où l'ensemble des services publics sont inexistants ou déliquescents.

La crise a débuté quand le Courant sadriste a refusé fin juillet le candidat du Cadre de coordination au poste de Premier ministre - dans un pays qui depuis les dernières législatives il y a dix mois n'a toujours pas remplacé son chef de gouvernement ni son président. Si le Cadre de coordination s'est dit ouvert à une dissolution votée par les députés, M. Sadr, intransigeant, exige que la justice dissolve le Parlement sous une semaine.

Alors que les soutiens du Cadre de coordination manifestaient aux abords de la Zone verte, plusieurs milliers de partisans de Moqtada Sadr se sont rassemblés près du Parlement pour la prière du vendredi, a constaté une correspondante de l'AFP. Sous plus de 40 degrés, les fidèles assis sur leur tapis de prière ont écouté le prêche sous des parasols. Certains tenaient calés contre leur torse des portraits de Moqtada Sadr.
Oum Hussein, femme au foyer quinquagénaire, se dit contre "le régime qui depuis 20 ans n'a rien fait pour le peuple, à part piller et voler l'argent public". Il faut, martèle-t-elle, "de nouveaux visages" au pouvoir pour "servir le peuple" qui "vit dans la pauvreté, la maladie et la faim".

"Junte politique corrompue" 
Qu'importe que des cadres du Courant sadriste occupent les plus hauts échelons de ministères et que son bloc ait été le premier au Parlement depuis les législatives d'octobre 2021, ses partisans le voient comme un éternel opposant, héraut de la lutte contre la corruption des élites. Premier bloc mais sans majorité au Parlement pour pouvoir choisir le futur Premier ministre, M. Sadr avait fait démissionner ses 73 députés en juin. Maintenant que la tâche de former un gouvernement revient à ses concurrents, il réclame la dissolution de l'assemblée et appelle ses partisans à déposer en masse des recours devant la justice.

Vendredi, ses volontaires distribuaient des plaintes pré-remplies aux manifestants qui n'avaient plus qu'à inscrire leur nom et à signer. Et si la justice rejette ces requêtes ? "La révolution est un combat de longue haleine, battre en retraite ne fait pas partie du vocabulaire de Moqtada Sadr", assure un des participants, Ahmed al-Ibrahimi, ingénieur de 32 ans. "Nous allons poursuivre le sit-in et continuer à réclamer le renversement de cette junte politique corrompue", promet-il. 

Les uns campent aux abords du Parlement, les autres manifestent près de l'ultra-sécurisée Zone verte de Bagdad: dans la capitale irakienne vendredi, les partisans du leader chiite Moqtada Sadr et leurs adversaires s'entêtent une nouvelle fois dans leur bras de fer politique.
Depuis fin juillet les deux pôles du chiisme politique enchaînent joutes verbales et escalades, sans toutefois...