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Sport - Portrait

Nadim Salloum, imprévisible boxeur à la conquête du Graal

Le jeune homme âgé de 28 ans est le premier boxeur libanais à embrasser une carrière professionnelle. Rencontre.

Nadim Salloum, imprévisible boxeur à la conquête du Graal

Nadim Salloum sur le ring lors d’un combat. À son actif, dix victoires pour une seule défaite. Et encore, ce jour-là, il était blessé. Photo William Nasr

« Je n’ai pas le corps d’un boxeur », s’amuse à dire Nadim Salloum, casquette vissée sur la tête, bras et cou tatoués. Et pourtant, le jeune homme, 1,85 m et 76,2 kilos, est bel et bien un boxeur professionnel, le premier et le seul à être né et à avoir grandi au Liban. Son point fort : sa force insoupçonnée qui déstabilise ses adversaires sur le ring. À 28 ans, le boxeur surnommé justement « The Unpredictable » (L’Imprévisible) a à son actif dix victoires et seulement une défaite. Aujourd’hui, il vise rien moins que le Graal : la ceinture de champion du monde. « En 2025 », assure-t-il.

Son histoire commence à Jounieh, où il grandit dans une famille de trois enfants. Turbulent, il n’est pas intéressé par les bancs de l’école. Ses fréquentations et son mode de vie « ne sont pas vraiment sains », et il passe son temps « dans un quartier louche ». Enfant en surpoids, il essaie, encouragé par son père sportif, de s’intéresser au judo. C’est peine perdue. À 14 ans, il se met à la boxe, toujours sur les conseils de son père. « Je m’entraînais, mais sans plus », se remémore-t-il. Mais en 2011, alors qu’il a 16 ans, son entraîneur lui propose de participer au championnat du Liban de deuxième division. Motivé, il arrête de fumer et de boire de l’alcool et s’entraîne chaque jour à l’aube. Les efforts paient : il remporte le championnat et, dans la foulée, « tombe amoureux de la boxe ».

Un changement de vie

C’est l’année qui suit, alors qu’il est assis sur sa chaise de maître-nageur dans une station balnéaire de Jounieh, qu’il comprend que s’il veut réaliser son rêve de devenir boxeur professionnel, il doit tout quitter. « J’ai démissionné un dimanche, alors que la piscine était bondée », raconte-t-il. Salloum se met à s’entraîner matin et soir et participe à des compétitions au Liban – qu’il remporte à chaque fois – et dans la région.

Mais très vite, Nadim Salloum constate que les tentacules de la politique libanaise atteignent aussi le sport en général, et la boxe en particulier. Il se rend rapidement compte que la Fédération libanaise de boxe est frappée des mêmes maux que l’État : le communautarisme et le clientélisme. Alors, sans soutien ni de la Fédération de boxe ni de l’État libanais, il paie lui-même ses voyages pour participer aux compétitions dans le cadre desquelles il représente son pays.

Dans ce contexte, il estime qu’il doit s’entraîner ailleurs et différemment. Entre 2014 et 2017, il s’entraîne un mois par an au Wild Card à Los Angeles, une salle de boxe appartenant à Fred Roach, connu pour avoir entraîné de grands boxeurs, dont Manny Pacquiao que Salloum admire. « Je ne viens pas d’une famille riche. Un mois par an aux États-Unis, c’est tout ce que je pouvais me permettre. » Pour se financer, il est contraint d’abandonner ses études en éducation physique à Notre Dame University (NDU) de Louaizé, à Zouk Mosbeh, et vend sa voiture.

Du Mexique aux États-Unis

Après trois ans de sacrifices, il attire enfin l’attention d’un entraîneur mexicain, Juan El Panda Martinez, qui lui propose de le conduire de Los Angeles à Tijuana pour un combat sur le ring en tant que professionnel. Nous sommes le 17 novembre 2017. Cette date, que Nadim Salloum a tatouée sur son bras, est celle qui fait de lui le premier boxeur libanais à devenir professionnel. Ce jour-là, il sort victorieux du ring.

Il repart rapidement au Liban puis retourne au Mexique, où il vit dans une salle de gym et dort à même le ring pendant cinq mois, s’entraîne et participe à deux reprises à des combats. Mais il comprend rapidement que ce n’est pas le Mexique qui fera de lui le meilleur des boxeurs. Sa carrière, il veut la faire aux États-Unis.

Son aventure américaine démarre en 2018. Mais vivre à New York a un prix. « J’étais prêt à vivre dans la rue », dit-il. Un parent l’héberge pendant trois semaines, puis un ami lui propose son canapé « une semaine ». Plus de trois ans plus tard, Nadim Salloum y est encore.

En février 2020, le jeune Libanais a enfin l’occasion de monter sur un ring à New York, pour un combat de professionnels. Ce combat, il l’a longtemps rêvé et attendu, mais quatre semaines avant, il se déchire le quadriceps, sans s’en rendre compte. Il soigne sa blessure avec des sacs de glaçons tous les jours, espérant être en forme le jour J. Mais une fois arrivé sur le ring, impossible de plier les genoux. « L’amour que j’ai ressenti ce soir-là de mes compatriotes, je ne l’oublierai jamais. » Ce sera sa première défaite aux États-Unis. Et la seule…

Le soutien libanais

Après s’être fait soigner au Liban, il rentre à New York et s’entraîne sous l’aile de José Guzman. Depuis, Nadim Salloum est monté sur des rings à Atlanta, au Kentucky et à New York. Lors de chacun de ses combats, il réussit à vendre plus de 100 billets. Ce sont surtout des Libanais qui viennent le voir. « Un boxeur qui a une ville qui le soutient a de la chance, alors vous vous imaginez avoir un pays ! » lance Salloum.

À chacune de ses montées sur le ring, il brandit son drapeau libanais et avance sous le titre Yalla, Yalla ! de William Nasr, architecte libanais et rappeur à ses heures perdues (SaveTheChildren). Sur le short de Salloum sont brodés le cèdre libanais et des patchs de sponsors, surtout libanais, comme la start-up Pawp. Depuis novembre 2021, Nadim Salloum a un manager, Adam Glenn, qui gère sa carrière. Il va bientôt passer à des combats de huit rounds, puis de dix. Tous ses adversaires seront donc comme lui, de potentiels champions du monde.

Sa carrière ne l’empêche pas de continuer à faire des allers-retours au Liban. Cet été, parce que personne ne l’avait fait pour lui, il a décidé de réunir de jeunes Libanais qui rêvent d’une carrière professionnelle pour les écouter et les conseiller. « Les aider à réaliser leurs rêves me tient à cœur », assure-t-il.

« Behind the Ring » ou « Dans les coulisses du ring » : Nadim Salloum organise une rencontre ce soir à 19h, au Bar national, pour répondre aux questions de tous ceux qui sont intéressés par la boxe et la carrière de boxeur professionnel.

« Je n’ai pas le corps d’un boxeur », s’amuse à dire Nadim Salloum, casquette vissée sur la tête, bras et cou tatoués. Et pourtant, le jeune homme, 1,85 m et 76,2 kilos, est bel et bien un boxeur professionnel, le premier et le seul à être né et à avoir grandi au Liban. Son point fort : sa force insoupçonnée qui déstabilise ses adversaires sur le ring. À 28 ans,...

commentaires (2)

Indépendamment de son infinie volonté, il semble ,après tout de même 11 ans de pratique, un peu limité techniquement en outre sa ceinture abdominale semble un peu.... relâchée. Dans sa catégorie de moyens, il y a tout de même des cadors comme Canelo Alvarez, Genadyi Golovkin ou même Jermell Charlo qui sont d'un autre acabit que le nigerian qui l'a défait aux points. Mais bravo tout de même...

C…

11 h 34, le 02 août 2022

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Commentaires (2)

  • Indépendamment de son infinie volonté, il semble ,après tout de même 11 ans de pratique, un peu limité techniquement en outre sa ceinture abdominale semble un peu.... relâchée. Dans sa catégorie de moyens, il y a tout de même des cadors comme Canelo Alvarez, Genadyi Golovkin ou même Jermell Charlo qui sont d'un autre acabit que le nigerian qui l'a défait aux points. Mais bravo tout de même...

    C…

    11 h 34, le 02 août 2022

  • Bravo et courage!!!

    Sabri

    05 h 16, le 02 août 2022

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