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L'exécutif de Tripoli tente d'apaiser la contestation


L'exécutif de Tripoli tente d'apaiser la contestation

Des pneus en feu lors de manifestations à Tripoli, en Libye, le 3 juillet 2022. Photo Mahmud TURKIA / AFP

Le gouvernement de Tripoli a tenté lundi d'apaiser la rue après des manifestations contre les coupures de courant sur fond d'impasse politique en Libye, en consacrant sa réunion hebdomadaire au secteur de l'électricité, dont elle a reconnu avoir sous-estimé les problèmes.

La réunion a eu lieu quelques heures avant une manifestation, finalement annulée qui était prévue à l'appel d'un mouvement de jeunes à Tripoli pour exiger la tenue d'élections et la dissolution des deux gouvernements rivaux et des deux chambres du Parlement. Les organisateurs de la manifestation ont expliqué son report sine die par leur volonté de ne pas être mêlés à des auteurs d'actes de vandalisme. Outre le départ des élites politiques, ce mouvement entendait également dénoncer la détérioration des conditions de vie dans le pays d'Afrique du Nord, symbolisée par les coupures chroniques d'électricité qui durent une douzaine d'heures par jour, voire 18 heures les jours de forte chaleur. Dans la nuit de dimanche à lundi, des rassemblements épars ont eu lieu dans plusieurs quartiers de la capitale. Des jeunes, pour la plupart encagoulés, ont brûlé des pneus et fermé plusieurs routes. Des rassemblements ont également eu lieu dans d'autres villes.

Chantage au pétrole 
Englués dans une impasse politique inextricable, les dirigeants rivaux en Libye se trouvent depuis trois jours sous une pression croissante de la rue. Vendredi à Tobrouk (est), des manifestants ont forcé l'entrée du Parlement à l'aide d'un bulldozer avant d'y mettre le feu. Cette institution est l'un des symboles de la division de la Libye entre un camp basé en Cyrénaïque (Est), dont le chef de file est le maréchal Khalifa Haftar, et un gouvernement basé à Tripoli dirigé par Abdelhamid Dbeibah. Le camp Haftar appuie un gouvernement rival formé en mars dernier avec le soutien du Parlement. Ses partisans bloquent depuis mi-avril des installations pétrolières clefs comme moyen de pression pour déloger l'exécutif de Tripoli. Le blocus provoque aussi une baisse de la production de gaz pourtant nécessaire à l'approvisionnement du réseau électrique.

Ce n'est pas la première fois que le secteur névralgique de l'énergie, qui du temps de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi, tué durant la révolte populaire de 2011, permettait de financer un Etat providence, se retrouve en otage des divisions politiques. Début 2020, en pleine guerre civile, Khalifa Haftar avait instauré un blocus pétrolier, avant de le lever au bout de quelques mois après l'échec d'une offensive qu'il avait lancée sur la capitale.
Le nouveau blocus a entraîné des pertes de plus de 3,5 milliards de dollars, selon la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC).

"Problème sous-estimé" 
"Nul ne peut contester le droit des gens à sortir protester pour demander des élections", a déclaré lundi en conseil des ministres le chef du gouvernement basé à Tripoli, Abdelhamid Dbeibah. Il a reconnu que le gouvernement avait "sous-estimé la crise de l'électricité". "Nous nous sommes rendu compte que le problème nécessitait beaucoup plus de temps que nous pensions", a-t-il ajouté, avant d'annoncer la mise en service "ce mois-ci" de trois nouvelles centrales électriques.

"11 milliards et 862 millions de dinars (environ 2,96 milliards de dollars) ont été dépensés pour le secteur de l'électricité depuis 2013", a affirmé le ministre du Plan Mohamad Zaidani. Ces investissements n'ont pas réglé le rationnement de l'approvisionnement électrique, ni la déliquescence des infrastructures.

Sur le front politique, un énième round de pourparlers sous l'égide de l'ONU pour tenter de résoudre les divergences entre les institutions libyennes rivales s'est soldé par un nouvel échec la semaine dernière.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé "tous les acteurs à s'abstenir de toute action qui pourrait nuire à la stabilité" et les a exhortés "à se rassembler pour surmonter l'impasse politique persistante".

Outre les coupures chroniques de courant, les contestataires crient leur colère contre l'inflation et les interminables files d'attente devant les stations d'essence. 

Le gouvernement de Tripoli a tenté lundi d'apaiser la rue après des manifestations contre les coupures de courant sur fond d'impasse politique en Libye, en consacrant sa réunion hebdomadaire au secteur de l'électricité, dont elle a reconnu avoir sous-estimé les problèmes.
La réunion a eu lieu quelques heures avant une manifestation, finalement annulée qui était prévue à l'appel d'un...