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Monde - Analyse

Inculper ou ne pas inculper : le dilemme Trump

Près de 60 % des Américains pensent que l’ex-président devrait faire face à des poursuites.

Inculper ou ne pas inculper : le dilemme Trump

Donald Trump lors d’un déplacement à Mendon, Illinois, le 25 juin 2022. Michael B. Thomas/Getty Images/AFP

Le portrait glaçant d’un président qui savait qu’il avait perdu l’élection, mais qui tentait tout de même de s’accrocher au pouvoir, a été dressé dans une avalanche de témoignages apportés ces derniers jours au Congrès américain par des figures de l’establishment républicain.

Des membres du personnel de la Maison-Blanche ou de la campagne de Donald Trump, des avocats, et même des membres de sa famille ont esquissé les contours de possibles poursuites, mettant sur le devant de la scène plusieurs fautes potentielles commises par le milliardaire lors de sa présidence, qui ont connu leur apogée avec l’assaut sur le Capitole le 6 janvier 2021.

Le dossier assemblé par les élus de la commission qui enquêtent sur cet assaut vise à démontrer que l’événement entrait dans le cadre d’une tentative plus large de « coup d’État » menée par le président vaincu et son avocat John Eastman.

Se pose désormais une question capitale : des procureurs fédéraux doivent-ils inculper Donald Trump ?

« Les probabilités vont dans le sens d’une inculpation de M. Trump par le ministère de la Justice », affirme l’ancien procureur fédéral de New York Kevin O’Brien. « Le dossier légal est solide et paraîtrait probant pour un jury, à condition que les procureurs puissent établir un lien entre les plans de Trump et de John Eastman pour annuler le décompte des votes des grands électeurs d’une part, et l’insurrection au Capitole d’autre part », analyse-t-il.

La commission parlementaire a toujours affirmé qu’elle laisserait la question d’une inculpation aux autorités compétentes. Mais elle a fortement sous-entendu qu’elle accuserait Donald Trump d’au moins deux délits : obstruction du décompte des votes des grands électeurs et participation à une entreprise criminelle à l’encontre des États-Unis. Les faits établis ne sont pas vraiment à l’avantage de l’ancienne star de télé-réalité.

Un danger clair

Avant les violences à Washington, Donald Trump a fait croire à ses partisans que l’élection lui avait été volée. Il les a encouragés à se rendre dans la capitale fédérale le 6 janvier. Il a, ce jour-là, harangué les milliers de personnes présentes et leur a demandé de se rendre au Capitole, quelques centaines de mètres plus loin, au moment où les élus certifiaient les résultats de l’élection.

L’enquête parlementaire a également mis en avant les procédés d’intimidation sur des assesseurs, mais aussi sur des responsables du vote et sur de hauts responsables au sein du ministère de la Justice. Selon ses soutiens, Donald Trump était intimement convaincu de l’existence de fraude électorale et tentait, de bonne foi, de protéger les électeurs. Mais les auditions ont montré que le magnat de 76 ans savait pertinemment qu’il avait perdu, vu le nombre impressionnant de fois où ses conseillers les plus proches le lui ont dit.

L’un des témoignages les plus forts a été celui du juge à la retraite J. Michael Luttig, considéré comme une star dans les milieux conservateurs. Il a dit que Donald Trump présentait « un danger clair et actuel » pour la démocratie américaine.

Malgré un consensus assez large en dehors des partisans du milliardaire sur le fait qu’il pourrait raisonnablement être inculpé, la question désormais pour le ministre de la Justice Merrick Garland est de savoir s’il doit l’être.

Au-dessus des lois

« Des poursuites mal menées pourraient renforcer Trump, et même l’aider à être réélu », a affirmé Edward Luce, éditorialiste du Financial Times basé à Washington. « Quand on s’attaque à un roi, même un ancien roi, il faut l’abattre. »

Merrick Garland peut s’attendre à un fort soutien du public s’il décidait d’inculper Donald Trump : près de 60 % des Américains pensent que l’ex-président devrait faire face à des poursuites, selon un nouveau sondage d’ABC News-Ipsos.

Mais pour Neama Rahmani, un ancien procureur fédéral de San Diego (Californie), le ministre de la Justice n’a pas « le cran » d’entamer ce combat. « Inculper un ancien président serait sans précédent et il faut un procureur offensif qui serait prêt à s’attaquer à un dossier difficile et politiquement chargé », a-t-il déclaré. « Je ne pense pas que Merrick Garland soit ce procureur. »

Selon Nicholas Creel, un professeur de droit au Georgia College and State University, ne pas inquiéter Donald Trump serait un affront à l’un des principes fondamentaux de la justice américaine : « Aucun homme n’est au-dessus des lois. » « Une inculpation enfreindrait les normes établies qui veulent que l’on ne poursuive pas d’anciens présidents et elle déclencherait presque à coup sûr un soulèvement massif de ses partisans », a-t-il indiqué. « Mais l’alternative est de lui permettre d’avoir tenté un coup d’État, sans aucune conséquence. »

Frankie TAGGART/AFP

Le portrait glaçant d’un président qui savait qu’il avait perdu l’élection, mais qui tentait tout de même de s’accrocher au pouvoir, a été dressé dans une avalanche de témoignages apportés ces derniers jours au Congrès américain par des figures de l’establishment républicain.Des membres du personnel de la Maison-Blanche ou de la campagne de Donald Trump, des avocats, et...

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« Des poursuites mal menées pourraient renforcer Trump, et même l’aider à être réélu », a affirmé Edward Luce, éditorialiste du Financial Times basé à Washington. « Quand on s’attaque à un roi, même un ancien roi, il faut l’abattre. » Ces phrases expliquent tout. Les élections aux Etats Unis étaient effectivement truquées. Trump avait raison sur tout et avait réussi son mandat a tous les niveau renversant l'establishment. Il dérangeait et devait a tout prix partir. Biden a fait un énorme flop après son élection et aujourd'hui Trump risque en effet de revenir encore plus fort. De peur de payer leur méfaits, s'il est réélu, ils feront tout pour l'en empêcher. Alors "... il faut l’abattre".

Pierre Christo Hadjigeorgiou

09 h 10, le 28 juin 2022

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Commentaires (1)

  • « Des poursuites mal menées pourraient renforcer Trump, et même l’aider à être réélu », a affirmé Edward Luce, éditorialiste du Financial Times basé à Washington. « Quand on s’attaque à un roi, même un ancien roi, il faut l’abattre. » Ces phrases expliquent tout. Les élections aux Etats Unis étaient effectivement truquées. Trump avait raison sur tout et avait réussi son mandat a tous les niveau renversant l'establishment. Il dérangeait et devait a tout prix partir. Biden a fait un énorme flop après son élection et aujourd'hui Trump risque en effet de revenir encore plus fort. De peur de payer leur méfaits, s'il est réélu, ils feront tout pour l'en empêcher. Alors "... il faut l’abattre".

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    09 h 10, le 28 juin 2022

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