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Monde - Conflit

L’Ukraine a « besoin d’un plan Marshall » pour sa reconstruction, affirme Berlin

Les forces prorusses se disent proches d’encercler Lyssytchansk et Severodonetsk.

L’Ukraine a « besoin d’un plan Marshall » pour sa reconstruction, affirme Berlin

À Kiev, des militaires ukrainiens rendent un dernier hommage à l’un des leurs, tombé sur le champ de bataille. Sergei Supinsky/AFP

Le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé mercredi à mettre sur pied « un plan Marshall » pour l’Ukraine, estimant que la reconstruction du pays coûtera des « milliards » et concernera « plusieurs générations », alors que les Russes continuent d’avancer vers Lyssytchansk, une ville industrielle stratégique de l’est de l’Ukraine que leur artillerie « détruit complètement », ont indiqué hier les responsables ukrainiens, à la veille d’un sommet européen où Kiev espère obtenir le statut officiel de candidat à l’UE.

« Comme l’Europe dévastée par la Seconde Guerre mondiale, l’Ukraine a aujourd’hui besoin d’un plan Marshall pour sa reconstruction », a ainsi déclaré le dirigeant allemand lors d’un discours devant les députés du Bundestag à Berlin avant les sommets européen, du G7 et de l’OTAN. « Nous aurons besoin de plusieurs milliards d’euros et de dollars supplémentaires, et ce pendant des années », a-t-il souligné, alors que la question de l’aide financière à Kiev sera au cœur des discussions des alliés durant ces réunions. « La vérité, c’est que nous sommes encore loin de négociations entre l’Ukraine et la Russie parce que Poutine croit encore en la possibilité de pouvoir dicter la paix », a-t-il jugé. Il a en conséquence invité les Occidentaux à « maintenir fermement le cap » du soutien à Kiev à travers les sanctions, l’assistance financière et « des livraisons d’armes ».

Sur le terrain, un représentant des séparatistes prorusses a affirmé mercredi que les forces ukrainiennes défendant les villes de Lyssytchansk et Severodonetsk étaient sur le point d’être encerclées après des semaines de combats. Le lieutenant-colonel Andreï Marotchko a en outre dit à la télévision russe que les forces ukrainiennes avaient été encerclées dans les villages de Hirske et Zolote, au lendemain de la prise de la localité voisine de Tochkivka. Toutes ces localités sont situées à quelques kilomètres de Severodonetsk et Lyssytchansk, prises sous le feu de l’artillerie russe et qui ont été ravagées selon les autorités ukrainiennes. « Très bientôt, les groupes (ukrainiens) à Lyssytchansk et Severodonetsk seront encerclés », a dit Andreï Marotchko à l’antenne de Rossiïa 24. À Zolote et Hirske, « il s’agit d’un encerclement total des soldats ukrainiens », a-t-il ajouté. « Les victoires et les succès sont colossaux. Au cours des deux derniers jours, un travail énorme a été accompli », a encore dit le militaire séparatiste.

« Les Russes s’approchent de Lyssytchansk, prennent pied dans les villes voisines et bombardent la ville avec leurs avions », a affirmé de son côté sur Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, épicentre du conflit ces dernières semaines. « L’armée russe pilonne (aussi) Lyssytchansk avec son artillerie et ses tanks », a-t-il ajouté. Si les Ukrainiens contrôlent encore la ville, le déluge de feu russe y « détruit tout », avait-il déclaré quelques heures auparavant.

Juste de l’autre côté de la rivière Donets, infranchissable depuis que les ponts y ont été détruits, « les combats continuent dans les rues » de Severodonetsk, a-t-il souligné.

La poche de résistance ukrainienne autour de Lyssytchansk et Severodonetsk est la seule qui échappe encore aux forces russes dans la région de Lougansk, où les violents combats d’artillerie durent depuis des semaines. Bombardée par les Russes depuis des semaines, Severodonetsk est une étape-clé dans leur plan de conquête de l’intégralité du Donbass, bassin de l’est de l’Ukraine essentiellement russophone et en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014. Sur place, « c’est l’enfer », estime le gouverneur Gaïdaï, mais « nos hommes tiennent leurs positions ». « Les Russes détruisent complètement les maisons, jusqu’aux fondations, avec leur artillerie », a déclaré mercredi le chef de l’administration de la ville, Oleksandr Stryuk, estimant qu’il reste « 7 à 8 000 habitants » dans cette cité industrielle qui en comptait environ 100 000 avant la guerre.

Côté russe, les autorités ont indiqué que deux drones avaient attaqué et provoqué un incendie mercredi dans la raffinerie de pétrole Novochakhtinski, située en territoire russe, à quelques kilomètres de la frontière avec la région de Lougansk.

Selon les autorités locales, l’incendie n’a fait aucune victime et a été éteint en fin de matinée. Sans accuser nommément les forces ukrainiennes, Moscou a dénoncé des « actes terroristes venant de la frontière occidentale » de cette région russe.

Hystérie russophobe

Sur le plan diplomatique, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en plus de réclamer davantage de livraisons d’armes lourdes à ses alliés occidentaux, s’active pour s’assurer que les 27 pays de l’Union européenne accorderont à l’Ukraine le statut officiel de candidat à l’UE jeudi lors d’un sommet prévu à Luxembourg. Son optimisme a été conforté par les propos du ministre des Affaires européennes français Clément Beaune, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’UE et qui a indiqué qu’un « consensus total » entre les Vingt-Sept avait émergé mardi sur cette question lors d’une réunion avec ses homologues à Luxembourg.

Mardi, le ton était monté entre Moscou et un membre de l’UE, la Lituanie, après que cette ex-république soviétique a imposé des restrictions sur le transit ferroviaire de marchandises frappées par les sanctions européennes contre la Russie en direction de Kaliningrad, une enclave russe sur la Baltique. Des « actes hostiles », a jugé Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité russe, promettant l’adoption prochaine de mesures de représailles qui auront « de sérieuses conséquences négatives pour la population de la Lituanie ». L’Allemagne a rejeté « fermement » ces menaces russes envers la Lituanie.

Moscou, qui commémorait mercredi l’invasion de l’Union soviétique par les nazis en 1941, a en retour accusé Berlin d’alimenter une « hystérie russophobe ».

Sur un autre plan, un navire marchand turc a quitté mercredi le port ukrainien de Marioupol (Sud-Est) après des discussions entre délégations turque et russe à Moscou au sujet des céréales bloquées en Ukraine à cause de l’offensive militaire russe, a annoncé le ministère turc de la Défense. Selon ce dernier, il s’agit du « premier navire étranger à quitter le port ukrainien de Marioupol », pris par les Russes en mai après un siège destructeur de près de deux mois.

Souffrances choquantes

Médecins sans frontières (MSF) a pour sa part dénoncé mercredi le « niveau choquant » de souffrance que la violence aveugle de la guerre en Ukraine cause aux civils, victimes d’« attaques indiscriminées constantes ». Ce manque de respect pour leur protection « constitue une violation grave du droit humanitaire international », a-t-elle accusé.

Côté médias, Reporters sans frontières (RSF) a publié une enquête menée en Ukraine qui prouve, selon elle, que le photoreporter ukrainien Maks Levin a été « exécuté » avec le soldat qui l’accompagnait, après avoir été probablement torturé, par des militaires russes en mars. Ce « rapport donnera lieu à notre sixième plainte » devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, a indiqué RSF.

Source : AFP

Le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé mercredi à mettre sur pied « un plan Marshall » pour l’Ukraine, estimant que la reconstruction du pays coûtera des « milliards » et concernera « plusieurs générations », alors que les Russes continuent d’avancer vers Lyssytchansk, une ville industrielle stratégique de l’est de l’Ukraine que leur...

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