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Moscou intensifie son offensive dans l'Est, l'étau se resserre sur Severodonetsk


Moscou intensifie son offensive dans l'Est, l'étau se resserre sur Severodonetsk

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un discours retransmis au Forum économique mondial de Davos, le 25 mai 2022. Photo Fabrice COFFRINI / AFP

Les forces russes intensifiaient leur offensive dans le Donbass vendredi, resserrant l'étau autour d'une importante agglomération de cette région de l'est de l'Ukraine tandis que les forces séparatistes prorusses revendiquaient la prise de la localité-clé de Lyman.

Sur son compte Telegram, l'état-major de la défense territoriale de l'autoproclamée "république" séparatiste prorusse de Donetsk a indiqué avoir "pris le contrôle complet" de Lyman avec "l'appui" des forces armées russes.

Ni l'armée russe ni l'armée ukrainienne n'ont immédiatement commenté cette information, que l'AFP n'a pu vérifier de source indépendante.

Après leur offensive infructueuse sur Kiev et Kharkiv au début de la guerre, lancée par la Russie le 24 février, les forces de Moscou concentrent leurs forces dans l'est de l'Ukraine, avec l'objectif affiché de prendre le contrôle total du bassin minier du Donbass, que des séparatistes prorusses soutenus par Moscou contrôlent partiellement depuis 2014. La prise de Lyman leur ouvrirait la route vers les centres régionaux de Sloviansk, puis Kramatorsk, tout en contribuant à l'encerclement de l'agglomération formée par les villes de Severodonetsk et Lyssytchansk, plus à l'est.

 "Si déprimés qu'ils n'ont plus peur"

Après plusieurs semaines de pilonnage de Severodonetsk, cet encerclement semble près d'être achevé. Un responsable policier de la république séparatiste prorusse de Lougansk, cité par l'agence Ria Novosti, a affirmé vendredi que "la ville de Severodonetsk est actuellement encerclée", et que les troupes ukrainiennes ont perdu toute possibilité d'en sortir.

Le chef de l'administration ukrainienne de la ville, Oleksandr Striouk, a cependant démenti un encerclement total, tout en reconnaissant une situation "très difficile". "Près des deux-tiers du périmètre de la ville sont occupés par l'ennemi, mais elle n'est pas encerclée", a-t-il indiqué, cité par le gouverneur régional Serguiï Gaïdaï. Il a ajouté que "90% des immeubles résidentiels" de la ville avaient été endommagés.

Au moins cinq civils ont été tués en 24 heures dans la région: quatre à Severodonetsk et un autre à Komychouvakha, à 50 kilomètres de là, a indiqué vendredi M. Gaïdaï.

La dernière vraie route permettant de quitter cette agglomération depuis Lyssytchansk est devenue ces derniers jours un champ de bataille, rendant quasi-impossible la sortie des habitants, a constaté l'AFP. Pour rejoindre le reste de l'Ukraine ou chercher du ravitaillement, il ne reste plus qu'une route de campagne sur laquelle même des chars ou des camions militaires peinent à circuler.

"Les gens sont prêts à prendre tous les risques pour de l'eau et de la nourriture", a indiqué à l'AFP Oleksandr Kozyr, responsable du principal centre de distribution d'aide de Lyssytchansk. "Ils sont si déprimés qu'ils n'ont plus peur. Tout ce qu'ils veulent, c'est trouver à manger".

"Génocide" dans le Donbass

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé jeudi soir Moscou de comettre un "génocide" dans le Donbass. "L'actuelle offensive des occupants dans le Donbass pourrait vider la région de ses habitants", a affirmé M. Zelensky dans son message vidéo quotidien, accusant les Russes de chercher à "réduire en cendres" Severodonetsk et d'autres villes de cette vieille région minière. Les forces russes y procèdent à des "déportations" et des "tueries de masse de civils", a-t-il poursuivi.

En avril, le Parlement ukrainien avait déjà adopté une Résolution qualifiant de "génocide" les agissements de l'armée russe. Le président américain, Joe Biden, avait lui-même employé cette expression, tandis que son homologue français, Emmanuel Macron, s'y refuse.

De son côté, Moscou a justifié son invasion de l'Ukraine lancée le 24 février par un "génocide" que mèneraient les Ukrainiens contre la population russophone du Donbass.

Frappes sur Dnipro 

La guerre se poursuit aussi dans le reste de l'Ukraine. Des missiles russes ont visé vendredi une installation militaire de la grande ville de Dnipro, dans le centre-est de l'Ukraine, sur le fleuve Dniepr, selon les autorités locales. "On déplore une dizaine de morts et entre 30 et 35 blessés", a déclaré à une chaîne locale Guennadi Korban, responsable de la défense de la ville, laissant entendre que les victimes étaient toutes militaires.

A Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine située à 50 km de la frontière russe dans l'est du pays, les sirènes d'alerte aérienne ont à nouveau retenti vendredi à l'aube. Des bombardements la veille ont fait 9 morts et 19 blessés, tous des civils, selon Kiev, alors que la ville tentait depuis la mi-mai de revenir à la normale.

Les autorités ukrainiennes ont à nouveau réclamé vendredi davantage d'armes aux Occidentaux pour contrer cette offensive: "Certains partenaires évitent de donner les armes nécessaires par peur de l'escalade. Escalade, vraiment? La Russie utilise déjà les armes non nucléaires les plus lourdes, brûle les gens vivants. Peut-être qu'il est temps (...) de nous donner des (lance-roquette multiples) MLRS?" a tweeté Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne.

Aucune solution négociée n'est en vue. Moscou a rejeté jeudi un plan de paix italien qui prévoyait, sous garantie de l'ONU, un cessez-le-feu et le retrait des troupes, l'entrée de l'Ukraine dans l'UE mais pas dans l'OTAN, et un statut d'autonomie au sein de l'Ukraine pour le Donbass et la Crimée.

Pont ferroviaire

Alors que l'Ukraine, grande puissance agricole, ne peut plus exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports, le président russe, Vladimir Poutine, a rejeté vendredi toute responsabilité pour la crise alimentaire mondiale, dans un entretien téléphonique avec le chancelier autrichien Karl Nehammer. "Vladimir Poutine a souligné que les tentatives de rendre la Russie responsable des difficultés de livraison des produits agricoles sur les marchés mondiaux étaient sans fondement", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

Jeudi, le président russe avait proposé d'aider à "surmonter la crise alimentaire" - à condition que les sanctions occidentales contre Moscou soient préalablement levées, ce qui lui a valu des accusations de chantage.

Moscou a aussi indiqué vouloir augmenter ses exportations de céréales lors de la saison prochaine, à 50 millions de tonnes contre 37 millions attendues pour la saison en cours qui se termine fin juin.

Le président Zelensky a indiqué vendredi, devant un forum indonésien, que quelque 22 millions de tonnes de céréales attendaient dans des centres de stockage. "Nous travaillons à exporter via d'autres itinéraires, par le train et des ports européens, mais les volumes sont évidemment moins importants que via la mer Noire", a-t-il souligné, accusant la Russie d'"entraver ces efforts" en bombardant ponts et gares ferroviaires.

Pour aider Kiev à contourner le blocus russe, l'Allemagne a notamment mis sur pied un "pont ferroviaire" avec l'Ukraine, réservant des trains au transport du blé ukrainien vers l'Europe de l'Ouest, avait indiqué jeudi le prochain chef des forces américaines en Europe, le général Chris Cavoli.

Dans ce contexte, le président Zelensky devait s'adresser lundi par visioconférence aux dirigeants de l'UE réunis à Bruxelles. Ils devraient notamment aborder à nouveau la question du projet d'embargo de l'UE sur le pétrole russe, toujours bloqué par la Hongrie.

Les forces russes intensifiaient leur offensive dans le Donbass vendredi, resserrant l'étau autour d'une importante agglomération de cette région de l'est de l'Ukraine tandis que les forces séparatistes prorusses revendiquaient la prise de la localité-clé de Lyman.Sur son compte Telegram, l'état-major de la défense territoriale de l'autoproclamée "république" séparatiste prorusse de...