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Culture - En salle

« Broken keys », quand la musique tonne plus fort que les canons

Tant attendu par le public libanais, le film de Jimmy Keyrouz tourné entre le Liban et l’Irak en 2019 et salué par la critique mondiale, sera dans les salles beyrouthines à partir d’aujourd’hui. À ne pas rater.

« Broken keys », quand la musique tonne plus fort que les canons

Tarek Yacoub et son piano interdit. Photo DR

L’aventure de Broken keys n’a pas commencé au Liban ou en Irak, lieux de tournage du film, mais aux États-Unis, en 2016, lorsque le jeune Jimmy Keyrouz, alors étudiant à l’Université de Columbia, se fait connaître du public grâce à son court-métrage Nocturne in black. Celui-ci obtient une médaille d’or aux Student Academy Awards, des récompenses qui sont établies par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences, celle-là même qui organise les Oscars. Quelques années plus tard, le court-métrage devient un long-métrage plus élaboré produit par la société Ezekiel (L’Insulte de Ziad Doueiri), et prend le nom de Broken keys (Le dernier piano). Applaudi par la critique internationale, il figure dans la sélection de la Black List 2019 Annual Feature Lab à Los Angeles pour son scénario et sera choisi en 2020 pour représenter le Liban dans la course aux Oscars dans la catégorie « Meilleur film étranger ». Lorsque la 73e édition du Festival de Cannes est annulée en raison de la pandémie, le directeur artistique Thierry Frémaux prend le parti de présenter quand même la sélection officielle 2020 dans le but d’encourager ainsi tous les réalisateurs qui avaient travaillé sur leurs projets malgré les contraintes du confinement. Jimmy Keyrouz, lui, fera partie de la prestigieuse sélection dans la catégorie « Premiers films ». Pour le jeune réalisateur, c’est une reconnaissance mondiale.

Dans « Broken keys », des êtres à la recherche de leur musique intérieure. Photo DR

Danser sous la pluie…

« Ce film est surtout un combat pour la reconquête de la liberté. Il s’agit davantage de liberté d’expression dans ces pays opprimés et confinés bien avant le Covid-19 et aussi d’artistes qui ont perdu leur droit à s’exprimer », avait souligné le jeune réalisateur libanais lors de la sortie de ce premier opus. Museler l’art et en particulier la musique n’est-ce pas l’arme la plus fatale contre un pays, contre sa mémoire et sa civilisation ? Le tournage de Broken keys a commencé au Liban avant de se poursuivre en Irak. « Un tournage difficile et long qui a dû s’arrêter à plusieurs reprises », témoigne le réalisateur du film dont l’action se déroule en 2014, dans un quartier tombé sous le contrôle de l’État islamique. C’est l’histoire d’un jeune musicien qui refuse de se soumettre à la loi des barbares et de la peur et qui lutte pour « reconstruire » son piano, détruit par les terroristes dans un lieu où la musique a également été interdite. On lui indique un restaurateur de piano, bien loin de chez lui et le voyage va commencer, non sans grands obstacles. L’histoire de Karim, le personnage principal du film, ressemble à celle de tout Libanais qui rêve d’un monde meilleur quand tous les moyens lui manquent. C’est une recherche incessante. Inexorable. Dans un pays devenu un no man’s land, la quête première est devenue celle la liberté et la dignité de l’homme. Jimmy Keyrouz, qui joue lui-même du piano, s’était d’abord inspiré de ces événements tragiques de la vie réelle pour développer l’histoire. « C’était une aventure effrayante mais exceptionnelle », se souvient Keyrouz. « À notre retour au Liban, la révolution d’octobre 2019 avait commencé. On a dû alors arrêter le tournage pendant quelques semaines parce que la plupart des membres de l’équipe participaient aux manifestations. Puis nous avons repris le tournage et il a été heureusement bouclé avant le confinement. »

Pour mémoire

« Broken Keys » de Jimmy Keyrouz sélectionné par le Liban pour les Oscars

Aujourd’hui, Broken keys arrive enfin dans les salles libanaises. Dans le rôle principal, Tarek Yaqoub (le pianiste) est entouré d’une pléiade d’acteurs et actrices familiers des écrans libanais notamment Adel Karam, Rola Baksmati, Mounir Maasri, Gabriel Yammine, Badi’ Abou Chakra, Fadi Abi Samra, Hassan Murad... La musique du film a été écrite par le compositeur international libanais Gabriel Yared, lauréat entre autres d’un Oscar et de deux Golden Globes. Dans un décor post-apocalyptique, cette recherche pour réinstaurer la musique qui est en nous, vise « à répandre l’espoir là où il est le plus nécessaire », déclare le réalisateur Jimmy Keyrouz. Et d’ajouter : « Il ne faut pas attendre que la tempête se calme, mais apprendre à danser sous la pluie. » Broken keys montre que rien n’est jamais perdu même dans un paysage de désolation totale. Et même si elles sont brisées, ces touches continuent à faire une musique qui tonne plus fort que les canons. Il suffit d’y croire et de s’y accrocher.

L’aventure de Broken keys n’a pas commencé au Liban ou en Irak, lieux de tournage du film, mais aux États-Unis, en 2016, lorsque le jeune Jimmy Keyrouz, alors étudiant à l’Université de Columbia, se fait connaître du public grâce à son court-métrage Nocturne in black. Celui-ci obtient une médaille d’or aux Student Academy Awards, des récompenses qui sont établies par...

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