Rechercher
Rechercher

Culture - Design

Le charme de l’« Imprévu » dans les créations de Lina Shamma

Emmenée par The Bungalow et House of Today, la céramiste d’art expose jusqu’au 27 mai à New York une collection de pièces uniques... dans leur genre.

Le charme de l’« Imprévu » dans les créations de Lina Shamma

Lina Shamma.

Et si l’on parait les plats en porcelaine de broches et bijoux des années trente ? Si l’on intégrait aux parois internes de grands bols et saladiers des ornements en relief, de petites fleurs en faïence ou même des cabochons multicolores ? Si l’on réinventait, au moyen de la poterie, les miroirs à main des boudoirs de nos grands-mères pour en faire des pièces collector ? Si l’on s’amusait à entremêler de vraies-fausses anses sur les vases en céramiques ? Ou encore, si on bousculait la création de lampadaires à pied, en réalisant des pièces intégralement façonnées en terre cuite, de l’abat-jour – peint dans des couleurs pop-acidulées ou façon bronze en trompe-l’œil – à la base, à la forme rétrécie de tige-tronc ?

Des pièces uniques, certaines ornées d’or véritable et d’autres finies avec un détail vintage : ici le plat à la broche de Lina Shamma. Photo Élie Abi Hanna

Autant d’audaces créatives qui pourraient introduire dans nos intérieurs, à travers ces éléments du mobilier et de l’art de la table, un peu plus de fantaisie et ce brin d’imprévu qui donne du piquant aux choses comme aux êtres…

Vous y avez peut-etre pensé ? Lina Shamma, elle, l’a fait ! Le résultat est une collection de pièces véritablement uniques que cette céramiste libanaise présente, à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 27 mai, à la West Best Gallery – 55 Bethune Street à New York, où elle a été emmenée par House of Today (organisation à but non lucratif dédiée à la promotion des designers libanais) avec la contribution de The Bungalow, une plateforme curatoriale internationale itinérante.

Un ensemble de poteries fonctionnelles et esthétiques : plats, vases, coupes, lampadaires et miroirs à main ou muraux qui portent l’empreinte allègre de cette créatrice passionnée d’art, de voyages et de vintage. Des univers multiples qu’elle a fait fusionner avec harmonie dans cette dernière collection qu’elle a choisi d’intituler « Imprévu ».

Coupe aux détails poétiquement insolites. Photo Élie Abi Hanna

Esthétique spontanée et ludique

Imprévu, comme ce charme issu de l’imperfection de tout travail entièrement fait main et qui met K.-O. la beauté parfaite des objets produits par les machines.

Imprévu, comme la place, aussi, qu’allait tenir la poterie dans la vie de cette dynamique entrepreneuse. Un art auquel Lina Shamma s’est initiée il y a exactement 22 ans auprès de Nathalie Khayat, mue au départ par la simple curiosité. Et qui, après des années de pratique en tant que simple hobby, va devenir ces dernières années son occupation essentielle, quasiment une obsession.

« En fait, je me suis trouvée dans la terre glaise, dans cette matière malléable et généreuse qui me permet d’exprimer au mieux ma personnalité. Je suis quelqu’un d’expansif, de spontané et de joueur. Mais aussi en perpétuelle quête d’esthétique. Je recherche la beauté dans l’insolite, le charme dans ce qui est imparfait… Et puis, j’aime tenter de nouvelles expériences, aller au-delà des limites convenues et toujours essayer de transformer les entraves en opportunités », explique cette touche-à-tout qui a expérimenté plusieurs domaines professionnels et vécu dans plusieurs pays avant de se lancer, une fois de retour au Liban, dans la céramique.

Lampadaire entièrement façonné en terre glaise, peint façon bronze vieilli et orné de fleurs et papillons en faïence colorée. Photo Élie Abi Hanna

De « Madame rêve » à madame fait de la poterie…

Architecte de formation, également titulaire d’un MBA en finances de Columbia University, Lina Shamma avait au préalable fait ses premiers pas dans la création en concevant avec son amie Hala Mouzannar des bijoux vintage sous le label « Madame rêve ». Née de son goût pour les virées dans les friperies et boutiques londoniennes de vêtements et d’accessoires de mode seconde main, cette première aventure va développer chez elle le goût des « pièces vulnérables mais provocantes ainsi que des éléments discordants qui donnent une esthétique particulière aux choses », dit-elle. Du coup, quand « Madame rêve » ferme boutique en 2015, la désormais créatrice va transposer sa quête de « l’imprévisiblement beau » dans le travail de la terre glaise.

« À partir de là, je me suis totalement plongée dans la poterie, passant parfois plus de 8 heures d’affilée dans mon atelier », indique l’artiste. Là, dans la sérénité méditative que lui apporte ce matériau ancestral, elle se livre aux vastes possibilités de la création. Celles qui l’emmènent, avec la spontanéité et la joyeuse audace qui la caractérisent, sur la voie de la réinterprétation des objets du quotidien. Il en ressort, on l’a vu, des pièces uniques, flirtant avec l’art, mais cependant « inévitablement à vocation utilitaire », insiste-t-elle. Des céramiques ludiques, surprenantes, joyeusement poétiques et même propices à la rêverie. À l’instar de cette grande coupe bleue aux parois internes irrégulières et ponctuées de petites fleurs qui pourraient évoquer des edelweiss sur un flanc de montagne… Un exemple, parmi d’autres, de la très agréable légèreté de l’univers créatif de Lina Shamma.

Et si l’on parait les plats en porcelaine de broches et bijoux des années trente ? Si l’on intégrait aux parois internes de grands bols et saladiers des ornements en relief, de petites fleurs en faïence ou même des cabochons multicolores ? Si l’on réinventait, au moyen de la poterie, les miroirs à main des boudoirs de nos grands-mères pour en faire des pièces collector ? Si l’on...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut