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Culture - Disparition

Samia Haddad Flamant : attachante, sensible et sincère

Samia Haddad Flamant : attachante, sensible et sincère

Samia Haddad Flamant (1929-2022). Photo DR

Son nom n’est peut-être pas très familier du grand public, mais Samia Flamant fut l’une des pianistes les plus talentueuses de sa génération, et l’une des actrices principales de la vie musicale au Liban dans les années 1950-1970. Née Haddad le 9 juin 1929 à Beyrouth, elle est issue d’une prestigieuse lignée de médecins et commence des études de médecine à l’Université américaine de Beyrouth qu’elle interrompra pour se consacrer pleinement à sa passion musicale.

Très jeune, Samia montre des dispositions pour le piano et, avec son premier professeur, M. Bloch, effectue le programme de six ans de piano en à peine deux saisons. Après une valse de professeurs plus ou moins réussie (certains faisaient la sieste, d’autres la cuisine pendant que Samia égrenait ses exercices !), elle intègre la classe de Michel Cheskinoff au Conservatoire national. Ce dernier lui dira, avec son fort accent russe, ce qui sera déterminant pour elle : « Maintenant, vous lâchez médecine et vous faites seulement de la musique ! »

En 1949, à l’occasion du centième anniversaire de la mort de Frédéric Chopin, la jeune pianiste qui a à peine deux ans de Conservatoire derrière elle remporte haut la main le concours organisé par l’Alba et la représentation diplomatique polonaise au Liban. L’année suivante, Samia obtient son diplôme du Conservatoire avec mention très bien et part pour Paris afin de se perfectionner à l’École normale de musique. Elle trouve avec Jeanne Blancart, l’assistante d’Alfred Cortot, une professeure à sa mesure. La méthode pianistique de Cortot est alors célèbre dans le monde entier et se base sur des principes physiques naturels.

Bien que n’enseignant plus, Alfred Cortot assiste aux masterclass publiques. « Il était féroce et se moquait des pianistes »*, dit Samia qui refuse de jouer devant lui. Mais cette crainte est infondée, car au moment où la jeune fille passe son examen de licence, Cortot qui est membre du jury la couvre de compliments !

Dès son retour de Paris, en décembre 1955, Samia Haddad participe à la fondation de l’association des Jeunesses musicales du Liban et, à la fin de l’année 1956, épouse Maurice Flamant. Sa vie de famille prend alors le dessus sur la musique. « Quatre enfants, plus de piano ! » s’écrie-t-elle. Samia Flamant souffre vite de cet éloignement de la musique. Alors, quand en 1961, elle apprend qu’un poste de professeur est vacant au Conservatoire, elle présente sa candidature et se remet au travail.

À partir de la moitié des années 1960, Samia Flamant est régulièrement invitée à se produire dans le cadre des concerts de l’orchestre du Conservatoire mais aussi de nombreuses associations culturelles et ambassades, la vie artistique étant foisonnante et très variée dans ces années-là à Beyrouth. Elle a également une riche vie de chambriste et aura comme partenaires des instrumentistes tels qu’Antoine Saad (violon), Éliane Magnan (violoncelle), Jean-Pierre Bontemps (basson), Dominique Monnin (hautbois), Aline Aoun (soprano), etc. En parallèle à ses activités de concertiste, Samia Flamant est une pédagogue très appréciée. Ses élèves parlent de son humilité, de sa bienveillance et de sa grande culture.

En 1978, Samia Flamant s’installe à Nîmes dans le sud de la France, où elle résidera jusqu’à son décès. Elle s’y organise une vie musicale, donnant de nombreux concerts, et poursuit sa mission pédagogique avec des élèves « de 7 à 77 ans ».

Dans le même temps, Samia Flamant se met à la peinture, un art qui l’a toujours intéressée mais qu’elle n’a jamais eu le temps de pratiquer. Elle intègre l’atelier de Pascal Thouvenin à Nîmes et, pendant une quinzaine d’années, peint de nombreuses aquarelles. Elle apprend également à « écrire » des icônes et participe à des expositions.

Le dernier récital que Samia Flamant donne à Beyrouth remonte au 4 avril 1998. Elle y interprète un florilège de pièces du grand répertoire (Beethoven, Mozart, Chopin, Bach), mais aussi des œuvres de compositeurs libanais (Toufic Succar, Boghos Gelalian, Wadia Sabra, Georges Baz, Karim Haddad).

Musicienne tout à la fois attachante, sûre, sensible et sincère, Samia Flamant fait partie de ces artistes qui s’accomplissent en faisant partager leur art sans rien demander en retour. Elle s’est appliquée, toute sa vie, à « donner du bonheur » autour d’elle et ce fut pour elle la « plus belle des récompenses ». Samia Flamant s’est éteinte il y a quelques jours à l’âge de 93 ans.

*Les citations entre guillemets sont issues d’entretiens avec Samia Flamant entre février et mars 2022.

Son nom n’est peut-être pas très familier du grand public, mais Samia Flamant fut l’une des pianistes les plus talentueuses de sa génération, et l’une des actrices principales de la vie musicale au Liban dans les années 1950-1970. Née Haddad le 9 juin 1929 à Beyrouth, elle est issue d’une prestigieuse lignée de médecins et commence des études de médecine à l’Université...

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Sincères condoléances à la famille

Gros Gnon

05 h 06, le 13 avril 2022

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Commentaires (1)

  • Sincères condoléances à la famille

    Gros Gnon

    05 h 06, le 13 avril 2022

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