
Carlos Alcaraz, successeur désigné de Rafael Nadal dans le tennis espagnol, brandissant le trophée du tournoi Masters 1000 de Miami. Au classement ATP publié hier, au lendemain de sa victoire, il a fait un bond de cinq places pour s’emparer du 11e rang mondial. Michael Reaves/Getty Images/AFP
Une tornade a tout emporté sur son passage dimanche soir à Miami (hier au petit matin à Beyrouth) : l’Espagnol Carlos Alcaraz, devenu à 18 ans le plus jeune vainqueur du tournoi Masters 1000 de tennis floridien aux dépens du Norvégien Casper Ruud, s’affirme bien comme le phénomène appelé à bientôt régner sur le tennis mondial. Et déjà, au lendemain de sa victoire, Alcaraz a fait un bond de cinq places au classement ATP publié hier lundi pour s’emparer de la 11e place mondiale. Il est désormais aux portes du top 10 puisqu’il ne compte que 29 points de retard sur le 10e mondial, le Britannique Cameron Norrie, qui a gagné deux rangs. Quant au finaliste malheureux Ruud, il a gagné un rang pour monter à la 7e place.
Dans la moiteur tropicale floridienne, un vent de fraîcheur a soufflé fort, et on se dit que l’Espagne du tennis a vraiment de la chance. Alors que Rafael Nadal, vainqueur du dernier Open d’Australie et de fait seul recordman du nombre de titres du grand chelem (21 sacres), n’en finit pas de renaître à 35 ans, Alcaraz, son successeur désigné, est déjà prêt à prendre la relève. « Bravo, Carlitos, pour ta victoire historique. Assurément, la première d’une longue série à venir », l’a d’ailleurs félicité sur Twitter son glorieux aîné. « Historique », car Alcaraz, en s’imposant à seulement 18 ans, a fait mieux que Novak Djokovic, qui avait 19 ans lorsqu’il fut sacré à Miami en 2007. Il a battu (7-5, 6-4) Ruud, qui disputait lui aussi sa première finale d’une épreuve de cette catégorie. « Je me suis senti chez moi dès le premier match. Il y a beaucoup de gens qui parlent espagnol ici. Sans vous, sans l’énergie que vous m’avez donnée dans les moments difficiles, je ne pense pas que j’aurais gagné ce tournoi », a-t-il réagi en s’adressant au public.
Printemps impressionnant
Vainqueur du troisième tournoi de sa carrière, le plus prestigieux, après ceux glanés sur la terre battue brésilienne de Rio de Janeiro en février et celle croate à Umag l’an dernier, le natif d’El Palmar – bourg localisé près de Murcie dans le sud-est de l’Espagne – acte ainsi son irrésistible ascension.
Elle avait démarré de façon tonitruante en septembre dernier lorsqu’il avait éliminé, au bout d’un combat de plus de quatre heures, le Grec Stefanos Tsitsipas, alors 3e mondial, au 3e tour de l’US Open. Alcaraz avait été jusqu’en quarts, contraint d’abandonner face au Canadien Félix Auger-Aliassime en raison d’une blessure à l’adducteur droit. Stoppé au 3e tour à l’Open d’Australie, après un autre gros combat face à l’Italien Matteo Berrettini, le jeune Espagnol a depuis passé la vitesse supérieure, comme en atteste son printemps américain très impressionnant. Il a d’abord atteint les demi-finales il y a deux semaines à Indian Wells, stoppé par Nadal à l’expérience, dans des conditions très venteuses.
L’enchaînement avec Miami est difficile, c’est bien connu, avec un passage d’une chaleur sèche à humide, mais Alcaraz est un rocher encore loin de s’éroder. Stefanos Tsitsipas, encore, le Serbe Miomir Kecmanovic, au bout d’une lutte féroce conclue au jeu décisif du troisième set alors qu’il était mené (5-3), le Polonais Hubert Hurkacz, coriace tenant du titre, n’ont rien pu y faire. Pas plus que Ruud, pourtant mieux entré dans le match (avec ses coups droits tranchants) en prenant le service de l’Espagnol. Mené (3-0 puis 4-1), Alcaraz a alors remisé sa fébrilité. Il a débreaké puis il a pris une seconde fois le service adverse en s’appuyant sur ses jambes supersoniques et sa défense « nadalienne », renvoyant sans fléchir les parpaings du Norvégien pour le pousser à la faute. À 6-5, service à suivre, Alcaraz a dû effacer une balle de débreak avant d’empocher le set sur sa 3e opportunité avec un smash rageur.
Alcaraz fait déjà peur avant Roland-Garros
Et il a pressé son rival d’entrée de seconde manche pour ravir son service après un point de toute beauté durant lequel il a joué au chat et à la souris avec Ruud. Au bord du gouffre, le Norvégien, pourtant breaké une seconde fois d’affilée, a eu un sursaut puisqu’il a pris à son tour l’engagement de l’Espagnol en lâchant ses coups. Il lui fallut bien quatre matraquages de coup droit pour faire plier Alcaraz sur sa 6e occasion. La révolte de Ruud, qui s’est entre-temps fait manipuler le bas du dos par un kiné, a ensuite été contenue par le jeune prodige qui a fini sur un jeu blanc et un service-volée, démontrant que sa palette est plus large que celle du bagarreur de fond de court.
Après s’être écroulé, bras en croix sur le court, Alcaraz a couru grimper en tribunes pour prendre dans ses bras les siens, dont son entraîneur Juan Carlos Ferrero revenu samedi d’Espagne où il venait d’enterrer son père. Un moment d’intense émotion qui devrait en appeler bien d’autres pour un Alcaraz qui fait déjà peur à tout le monde avant Roland-Garros.
Source : AFP