Sans les Russes, habitués à truster les podiums, mais privés des championnats du monde de patinage artistique en réponse à l’invasion de l’Ukraine, la Japonaise Kaori Sakamoto côté femmes et deux paires américaines en couples ont pris les devants, mercredi soir à Montpellier (sud de la France).
Ni Anna Shcherbakova, championne olympique et du monde en titre. Ni Kamila Valieva (15 ans), la championne d’Europe 2022 emportée par une retentissante affaire de dopage en pleins JO d’hiver 2022, après y avoir signé les premiers quadruples sauts de l’histoire olympique du patinage féminin. Ni Alexandra Trusova, récente médaillée d’argent olympique et médaillée de bronze mondiale il y a un an. Pas non plus d’Anastasia Mishina et d’Aleksandr Galliamov, champions du monde et d’Europe sortants, ni d’Evgenia Tarasova et de Vladimir Morozov, vice-champions olympiques à Pékin le mois dernier. En excluant les Russes de ses compétitions, la Fédération internationale de patinage (ISU) a suivi la recommandation formulée par le Comité international olympique (CIO) fin février. Ça signifie, en l’occurrence, écarter un poids lourd du patinage mondial, en particulier dans les catégories femmes et couples, les deux à avoir ouvert la compétition mercredi soir.
« C’est triste pour les athlètes, mais je pense que c’est la bonne décision : nous devons affirmer que ce qui se passe dans le monde, ça ne va pas », a estimé la patineuse belge Loena Hendrickx, 2e avant le programme libre aujourd’hui. « Je suis triste pour les athlètes, parce qu’ils ne peuvent rien y faire, mais c’est une bonne chose d’affirmer qu’on n’autorise pas ça », a-t-elle insisté. « C’était la bonne décision. C’est important qu’on reconnaisse les choses horribles que la Russie fait en Ukraine en ce moment », a renchéri le patineur américain Timothy Leduc, 2e en couples, ruban bleu et jaune aux couleurs de l’Ukraine sur sa veste. « C’est un petit geste pour montrer notre solidarité », a-t-il affirmé.
En l’absence des Russes, Kaori Sakamoto, médaillée de bronze olympique il y a un mois à Pékin, occupe la tête de la compétition féminine avec 80,32 points, nouveau record personnel. Elle devance Loena Hendrickx (75 points) et l’Américaine Mariah Bell (72,55 points). En couples, sans non plus les champions olympiques chinois Sui Wenjing et Han Cong, les Américains Alexa Knierim et Brandon Frazier, avec 76,88 points, mènent la danse devant leurs compatriotes Ashley Cain-Gribble et Timothy Leduc (75,85 points), et les Japonais Riku Miura et Ryuichi Kihara (71,58 points).
Compétition en Russie
Illustration de la mainmise des patineuses russes sur la catégorie qui va nécessairement s’interrompre ce soir : depuis 2015, à l’exception de 2018 et de l’annulation des Mondiaux 2020 à cause du Covid-19, c’est chaque année une d’entre elles qui a décroché l’or mondial. Elles ont également trusté l’intégralité du podium aux Mondiaux 2021 et aux championnats d’Europe en janvier dernier, en plus des deux tiers du podium olympique de février dernier. Elles ne resteront pas désœuvrées pour autant, puisque la Fédération russe de patinage artistique a annoncé la tenue d’un événement réunissant les meilleurs patineurs du pays ce week-end à Saransk, à 500 km au sud-est de Moscou, la Coupe Pervy Kanal dans sa seconde édition. Selon la presse russe, Kamila Valieva y est attendue. Il s’agirait de sa première sortie depuis le tourbillon des Jeux olympiques 2022, alors que son sort reste entre les mains des autorités antidopage. Y sont aussi annoncés Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov, fraîchement médaillés d’argent olympiques en danse sur glace, ainsi qu’Evgenia Tarasova et Vladimir Morozov, tous les quatre présents lors de la célébration ultrapatriotique pour les huit ans de l’annexion de la Crimée ukrainienne, en présence du président russe Vladimir Poutine, au stade Loujniki de Moscou il y a quelques jours.
De leur côté, après un périple de six jours pour rejoindre Montpellier, où ils ont été accueillis par une ovation debout, les patineurs ukrainiens Sofiia Holichenko et Artem Darenskyi, venus de Dnipro, dans l’est de l’Ukraine, ont renoncé à leur programme libre hier soir par manque d’entraînement. Le couple avait pourtant obtenu sa qualification mercredi soir.
Source : AFP