Des proches des victimes, qui avaient tagué le domicile d'un ministre, relâchés après leur interrogatoire

William Noun, frère de Joe Noun, l'un des pompiers tués dans l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, et Peter Bou Saab, un autre proche d'une victime, Joe Bou Saab, ont été relâchés vendredi en fin d'après-midi après avoir été entendus par le département de la Sécurité de l'Etat, a confirmé notre journaliste sur place Fady Noun.

Les deux hommes avaient été convoqués pour avoir tagué des slogans sur les murs et la porte du domicile du ministre de la Justice, Henri Khoury, en début de semaine, alors que l'enquête sur le drame, qui a couté la vie à plus de 200 personnes et blessé 6.500 autres, fait du surplace depuis plusieurs mois en raison des ingérences politiques.

"Nous n'avons peur de rien et nous allons continuer", avait martelé William Noun avant son interrogatoire dans la branche de Dekwané de la Sécurité de l'Etat, selon notre journaliste. Des membres de la famille de M. Noun sont venus en signe de solidarité, menaçant d'ameuter tout le village de Kartaba, dont ils sont originaires, si leur fils William est arrêté. Des dizaines de personnes se sont également rassemblées sur les lieux pour épauler la famille Noun.

Des proches de Joe Noun, pompier tué lors de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, tiennent un portrait du jeune homme le 18 mars 2022 devant la branche de Dekwené de la Sécurité de l'Etat. Photo Fady Noun

Mercredi, lors d'une réunion du gouvernement présidé par Nagib Mikati, le ministre de la Justice avait dénoncé l'action des proches des victimes, la qualifiant d'"inacceptable". "Les compétences du ministre de la Justice sont limitées, il ne faut pas tout mélanger", avait-il affirmé.

Des manifestations ont régulièrement lieu pour dénoncer l'obstruction à l'enquête sur la déflagration dévastatrice au port de Beyrouth. L'enquête est constamment retardée et entravée, notamment du fait des recours déposés contre le juge chargé de l'affaire, Tarek Bitar.

La semaine dernière, le général Tony Saliba a été reconduit dans ses fonctions de directeur général de la Sécurité de l'État, alors qu'il fait partie des responsables suspectés par la justice, ce qui a suscité la colère de certains proches de victimes de l'explosion, qui a fait plus de 200 morts et dévasté des quartiers entiers de Beyrouth.