Née à Tehran en 1949, Rose Issa est une commissaire d’expositions, organisatrice de festivals de films et éditrice spécialisée dans les arts visuels et le cinéma du monde arabe et de l’Iran. Elle vit à Londres depuis 1986 où elle présente des artistes émergents et établis, publie des livres et organise des expositions. Ses derniers ouvrages incluent Arabicity, Contemporary Arab Art (Saqi Books, 2019) et Signs of our Times, from Calligraphy to Calligrafitti (éditions Merrell, 2016).
Quel est le principal trait de votre caractère ?
J’ai l’œil. Cela m’a aidée à filtrer œuvres, artistes, films. Je crois à l’intelligence de l’œil.
Votre qualité préférée chez un homme ou une femme ?
La génerosité : les généreux du cœur, de l’esprit et du corps. Cela englobe empathie, partage, grâce et modestie.
Qu'appréciez-vous le plus chez vos amis ?
Leurs visions du monde, souvent très différentes de la mienne. Leur sincérité, mais surtout leurs talents, cachés ou évidents.
Votre principal défaut ?
L’impatience.
Votre occupation préférée ?
Découvrir des talents, les poètes visuels de mon temps. Et les promouvoir si je peux.
Votre rêve de bonheur ?
La région en paix. Le Liban, l’Iran, la Palestine, la Syrie, l’Iraq, le Yémen, l’Afghanistan ; tous ces pays que j‘ai aimés sont au bord de précipices.
La fleur que vous aimez ?
Presque toutes les fleurs. Ma mère avait comme passe-temps favori fabriquer des fleurs artificielles. Cela m’a appris à observer la beauté et le mystère des formes et des couleurs. Elle nous a donné des noms de fleurs. Ma sœur, morte lors de l’explosion de l’ambassade de USA, s’appelait Lily.
Vos auteurs favoris en prose ?
Tout Rumi, tout Edward Saïd, Jane Austin, Albert Camus (Le Premier homme), Dominique Eddé, Stieg Larsson, les essais de Kamel Daoud, Amal Makarem (Paradis infernal).
Vos poètes préférés ?
Encore Rumi, Hafez, Saadi, Sepehri, Nadia Tuéni, Mahmoud Darwich, Khalil Gibran, Dick Davies, Boris Vian, Jean Genet, les chansonniers français avec qui j’ai grandi (Brel, Barbara, Anne Sylvestre), Marvin Gaye, James Brown, Stevie Wonder…
Vos héros dans la fiction ?
Lisbeth Salander de Millenium ; Jackie Brown de Tarantino ; Anne d’Anne of Green Gables qui a donné la série canadienne Anne with an E ; La joueuse d’échecs de The Queen’s Gambit ; et le petit Babak de Où est la maison de mon ami ? de Abbas Kiarostami.
Vos héros dans la vie réelle ?
Mohammed Ali, le boxeur philanthrope qui refuse de faire la guerre au Vietnam et perd son titre de champion ; les freedom fighters : Ghandi, Mandela, les mères, la courageuse ex-reine Farah Pahlavi qui a créé plus de 40 musées et a perdu patrie, mari et deux enfants…
Ce que vous détestez par-dessus tout ?
Les colons expansionnistes, les racistes, les fanatiques religieux de tout bord, les exploitants des faibles. Donc l’injustice, la cupidité, le mensonge. Et l‘aveuglement.
L'état présent de votre esprit ?
Rébellion encore et toujours ; désolée de voir les pays que j’aime être détruits l’un après l’autre, de la Palestine au Yémen.
Comment aimeriez-vous mourir ?
Dans un pays où la crémation et l’euthanasie sont permises.
Votre devise ?
Faire ce que l’on aime, ou aimer ce que l’on fait. Aimer en tout cas !