Un rapport publié jeudi par Human Rights Watch fait état "d'échecs multiples, de négligences flagrantes et de violations de procédure" dans les enquêtes portant sur quatre meurtres "politiquement sensibles" au Liban, à savoir ceux de l'intellectuel Lokman Slim, du photographe Joe Bejjani, du colonel Mounir Abou Rjeily et du banquier Antoine Dagher.
L'ONG indique qu'aucun suspect ou motif n'ont été identifiés dans aucun des cas, s'appuyant sur les déclarations des familles de victimes et des avocats concernés par chaque enquête.
Le service de renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI) "n'a pas été en mesure d'identifier les suspects, même si les meurtres ont été commis près de zones résidentielles et densément habitées, ou en plein jour. Le meurtre de Bejjani a même été filmé par une caméra de surveillance" dénonce HRW, mentionnant également des violations de procédure dans les enquêtes préliminaires.
Les enquêteurs auraient "examiné le contenu des téléphones de certains témoins sans leur consentement" et auraient rendu "des équipements électroniques et des caméras de surveillance aux familles avec leurs données effacées", poursuit le rapport de Human Rights Watch.
Les pays donateurs ont acheminé des millions de dollars d'aide aux autorités libanaises, explique l'ONG. "Les donateurs devraient revoir l'aide qu'ils fournissent pour s'assurer qu'ils ne financent pas des unités engagées dans la dissimulation de meurtres sensibles", déclare Aya Majzoub, chercheuse au sein de HRW.
Agé de 36 ans, le jeune père de famille et photographe amateur Joe Bejjani a été assassiné en décembre 2020 dans le village de Kahalé, au sud-est de Beyrouth. Son meurtre a été entouré de rumeurs selon lesquelles il aurait pris des photos compromettantes après la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, des affirmations démenties par sa famille. Lokman Slim, chercheur chiite et opposant farouche au Hezbollah, a été kidnappé et assassiné il y a un an jour pour jour, au Liban-Sud. L'intellectuel avait été menacé à plusieurs reprises par le Hezbollah et le mouvement Amal. Il avait fait assumer à ces deux formations la responsabilité de tout ce qui pourrait lui arriver.
Mounir Abou Rjeily, colonel à la retraite des Douanes, avait été tué à Kartaba (caza de Jbeil), dans des circonstances louches. Ce meurtre pourrait lui aussi être lié à l'enquête sur les explosions au port. Antoine Dagher, cadre supérieur de la banque Byblos en charge du département sur les risques de fraude, avait été retrouvé tué dans son véhicule dans le parking de son immeuble à Hazmieh, le 4 juin 2020.
Parler "d'échecs multiples" n'est pas tout à fait exacte. On ne peut échouer dans une tâche que si on l'a entreprise.
08 h 27, le 04 février 2022