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Situation tendue entre forces kurdes et jihadistes dans une prison

Situation tendue entre forces kurdes et jihadistes dans une prison

Des soldats américains près de la prison de Ghwayran à Hassaké, le 24 janvier 2022. Photo Gihad DARWISH / AFPTV / AFP)

Les forces kurdes soutenues par les Etats-Unis tentent de resserrer l'étau mardi autour des jihadistes retranchés dans une prison du nord-est de la Syrie, tandis que les efforts s'intensifient pour mettre un terme aux affrontements qui durent depuis cinq jours et ont déjà fait 166 morts.

Plus d'une centaine de membres du groupe Etat islamique (EI) avaient pris d'assaut jeudi la prison de Ghwayran à Hassaké (nord-est), l'une des plus grandes abritant des jihadistes en Syrie, avec des camions piégés et des armes lourdes.

"Les forces kurdes tentent de resserrer l'étau autour des combattants jihadistes qui se sont terrés dans le côté nord de la prison," a déclaré à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Il a précisé que les Kurdes procédaient à des opérations de fouilles et qu'ils progressaient lentement dans la prison de peur que des combattants de l'EI ne leur tendent une embuscade.

"Il y aura un massacre"

Certains des prisonniers de l'EI à l'intérieur de l'établissement ont déjà été transportés par bus vers d'autres centres de détention ces dernières heures, mais il n'a pas été précisé combien étaient restés à l'intérieur de la prison. Plusieurs mineurs détenus dans la prison ont été transférés lundi, selon l'OSDH.

"Si un accord pour un éventuel échange n'est pas conclu, il y aura un massacre, des centaines de personnes seront tuées", a estimé M. Rahmane.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, n'ont pas confirmé les informations selon lesquelles plusieurs gardiens étaient détenus par des combattants de l'EI. Ils ont cependant signalé que 250 détenus de l'EI s'étaient rendus mardi, portant à 550 le nombre total de jihadistes qui ont capitulé.

Les FDS opérant sous couverture des forces aériennes de la coalition internationale menée par Washington ont déployé des unités d'élite et des véhicules blindés à l'intérieur et autour de Ghwayran, une ancienne école reconvertie en centre de détention très surpeuplé.

Un assaut semblait imminent depuis lundi matin, mais l'OSDH a déclaré que les forces kurdes étaient réticentes à lancer l'attaque en raison de la présence d'otages à l'intérieur de la prison.

Les FDS s'attendent à ce que les combattants jihadistes assiégés soient à court de munitions et de fournitures, a déclaré M. Abdel Rahman. Selon lui, des pourparlers étaient en cours pour que certains membres des forces kurdes et du personnel pénitentiaire emprisonnés à l'intérieur soient libérés en échange de soins médicaux pour les combattants jihadistes blessés.

Détenus divisés

L'OSDH estime que 27 otages sont détenus à l'intérieur de la prison et 40 personnes sont portées disparues.

M. Abdel Rahmane a indiqué que les membres étrangers de l'EI seraient opposés aux négociations, mais que de nombreux ressortissants syriens parmi les détenus étaient favorables à des pourparlers d'échange.

Près de 45.000 personnes ont fui leur domicile après l'assaut de la prison et les intenses combats qui ont suivi, selon l'ONU. La plupart des détenus de Ghwayran avaient été capturés par les forces kurdes soutenues par les Etats-Unis fin 2018 et début 2019, durant les derniers jours du califat autoproclamé du groupe jihadiste.

L'ONG Save the Children a dit avoir reçu des messages vocaux d'un adolescent australien, qui a été emmené en Syrie par ses parents à l'âge de 11 ans. "Il n'y a pas de médecins ici qui peuvent m'aider", peut-on l'entendre dire, après avoir expliqué qu'il a été blessé à la tête et à la main lors des violences. "J'ai très peur, il y a beaucoup de cadavres devant moi", a-t-il également déclaré dans l'enregistrement, dont l'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité.

Selon des groupes de défense des droits de l'Homme et l'ONU, plus de 700 mineurs seraient détenus dans la prison. La plupart de ces jeunes sont originaires de Syrie, d'Irak mais aussi de dizaines d'autres pays étrangers, selon Save the Children. Les Kurdes, qui contrôlent des régions du nord et nord-est de la Syrie, réclament en vain depuis des années le rapatriement de quelque 12.000 jihadistes de plus de 50 nationalités -- de pays européens et autres -- détenus dans leurs prisons.

Les forces kurdes soutenues par les Etats-Unis tentent de resserrer l'étau mardi autour des jihadistes retranchés dans une prison du nord-est de la Syrie, tandis que les efforts s'intensifient pour mettre un terme aux affrontements qui durent depuis cinq jours et ont déjà fait 166 morts.
Plus d'une centaine de membres du groupe Etat islamique (EI) avaient pris d'assaut jeudi la prison de...