La nouvelle peut apparaître comme un banal fait divers: à Balbeck, la maison du grand poète Khalil Moutran (1872-1949), destinée à devenir un musée, a été cambriolée. L'incident est révélateur. Il signifie qu'on ne respecte plus la mémoire de nos écrivains disparus et qu'il n'y a aucun sacrilège à saccager leur demeure, à l'instar des pilleurs de tombes de l'Égypte ancienne. Comment s'en étonner ? Comment espérer une once de décence dans un pays où toutes les lignes rouges ont été franchies, où la notion de scandale n'existe plus, où les caïds prennent les gens pour des crétins en leur débitant des sornettes à la télévision, et où la justice et la séparation des pouvoirs sont foulées aux pieds, les institutions paralysées, les droits des déposants bafoués ? Notre État lui-même – qualifié de « failed state » ou de « kleptocratie » – et ses représentants sont devenus des hors-la-loi et ne prennent pas la peine de se conformer aux règles qu’ils ont mises en place, de sorte que les citoyens justifient leur non-respect des normes par le non-respect de ces dernières par les autorités elles-mêmes !
Pour tout dire, nous assistons à un vol organisé : le pillage de nos institutions, la mainmise sur nos avoirs, le détournement de notre souveraineté et la confiscation de notre démocratie.
C'est un crime contre notre patrimoine culturel ...et un signal fort de la "justice" est necessaire pour que cela ne se reproduise plus
12 h 04, le 10 janvier 2022