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Moyen-Orient - Syrie

Privés d’eau chaude à la maison, des Alépins optent pour le hammam

Depuis la fin des combats en 2017, seuls dix bains publics ont rouvert sur la cinquantaine qui existaient avant.

Privés d’eau chaude à la maison, des Alépins optent pour le hammam

Des Alépins profitent de l’eau chaude dans le hammam el-Qawwas, le 16 décembre 2021. Photo AFP

Si Mohammad attend son tour dans un hammam d’Alep ce n’est pas le signe d’un retour à la mode des bains turcs en Syrie, mais parce que c’est le seul moyen de pouvoir se laver avec de l’eau chaude.

Populaires depuis des centaines d’années au Levant, les hammams étaient des lieux de rencontres pour les habitants et les voyageurs désireux de se détendre et se laver dans une atmosphère chaleureuse. Aujourd’hui, à cause des coupures de courant en Syrie, dont les infrastructures énergétiques ont été ravagées par dix ans de guerre, les bains publics sont de nouveau prisés par les habitants des grandes villes souhaitant profiter d’eau chaude.

« À la maison, nous utilisons principalement l’électricité pour chauffer l’eau, mais le courant est coupé la plupart du temps », explique Mohammad Hariri, 31 ans, dans le hammam el-Qawwas, à Alep, dans le nord de la Syrie. Le peu d’eau chaude dont il dispose suffit à peine à satisfaire les besoins des cinq membres de sa famille.

Mais dans les hammams, l’eau est chauffée en continu dans un grand réservoir grâce au bois ou au mazout. « Ici, on prend notre temps pour se baigner, mais aussi pour manger, chanter et danser », confie l’homme qui a attendu son tour une demi-heure dans le hammam qui grouille de monde.

Ce bain public fait partie d’une cinquantaine de hammams de la vieille ville d’Alep, inscrite au patrimoine de l’Unesco. La plupart ont été endommagés pendant les violents affrontements entre forces du régime et insurgés que la deuxième ville du pays a connus entre 2012 et 2016. Depuis, seuls dix hammams ont rouvert.

Affluence

Sous une coupole en pierres dans le hammam, Omar Radwane, le fils du gérant, jette un œil sur la liste des réservations pour les jours suivants. « Nous avons rouvert le hammam en 2017 après la fin des combats à Alep, mais nous n’aurions jamais imaginé une telle affluence », dit-il.

Les rationnements de courant peuvent atteindre près de 20 heures par jour dans certaines zones du pays tenues par le régime, en raison du manque de fioul et de gaz pour faire fonctionner ses centrales. Le conflit en Syrie, qui a débuté en 2011, a ravagé les réseaux d’électricité et les infrastructures gazières et pétrolières à travers le pays. Le régime de Bachar el-Assad a par ailleurs perdu le contrôle des principaux champs pétroliers, tandis que les sanctions occidentales empêchent les importations d’hydrocarbures de l’étranger.

Jalal el-Helou, 53 ans, est un habitué du hammam el-Qawwas. « Je viens ici au moins une fois par mois pour purifier mon corps et me détendre », déclare ce père de trois enfants. Chez lui, il ne peut se laver que rapidement à l’eau tiède ou froide, ou alors la chauffer avec le bois disponible, en l’absence de carburant.

Le brouhaha s’intensifie dans le hammam à mesure qu’affluent les clients drapés de leur serviette. Près d’une fontaine en marbre, certains se changent avant un massage et un bain chaud. Après le bain, ils boivent un thé et parfois même dînent sur des airs de chants traditionnels alépins. « Autrefois, le hammam était un lieu de loisir, mais aujourd’hui c’est devenu une nécessité au moins une ou deux fois par mois », explique Nader Meshleh, fonctionnaire de 58 ans. Ce père de six enfants a attendu longtemps son tour pour entrer dans la salle chaude. « Ma dernière douche remonte à deux semaines parce que les enfants ont la priorité » à la maison, dit l’homme, en fumant son narguilé près de la fontaine.

Si Mohammad attend son tour dans un hammam d’Alep ce n’est pas le signe d’un retour à la mode des bains turcs en Syrie, mais parce que c’est le seul moyen de pouvoir se laver avec de l’eau chaude.Populaires depuis des centaines d’années au Levant, les hammams étaient des lieux de rencontres pour les habitants et les voyageurs désireux de se détendre et se laver dans une...

commentaires (1)

a se demander pourquoi l'Iran et/ou la Russie ne pourvoient pas la syrie en carburants propres a fire tourner les usines de production d'electricite

Gaby SIOUFI

08 h 51, le 31 décembre 2021

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Commentaires (1)

  • a se demander pourquoi l'Iran et/ou la Russie ne pourvoient pas la syrie en carburants propres a fire tourner les usines de production d'electricite

    Gaby SIOUFI

    08 h 51, le 31 décembre 2021

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