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Sanction des marchés, le nouveau président impose son style


Sanction des marchés, le nouveau président impose son style

Le président-élu du Chili, Gabriel Boric, à Santiago, le 19 décembre 2021. Photo REUTERS/Rodrigo Garrido

La Bourse de Santiago a sanctionné lundi le triomphe de la gauche au Chili tandis que le jeune président élu, Gabriel Boric, a fait ses premiers pas au Palais présidentiel, où il a rencontré le chef de l'Etat sortant, imposant d'emblée un nouveau style.

Gabriel Boric, devenu à 35 ans l'un des plus jeunes dirigeants de la planète, a été élu dimanche avec un million de voix d'avance sur son adversaire d'extrême droite (55,9% contre 44,1%), sur la promesse de la mise en place d'un Etat-providence, un changement d'ampleur dans un pays considéré comme le laboratoire du libéralisme en Amérique latine mais devenu le plus inégalitaire de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

Une victoire mal accueillie par la Bourse de Santiago, qui a fondu de 6,83% à l'ouverture et perdait toujours 6,23% à 17H30 GMT. Le dollar a quant à lui dépassé son plus haut niveau par rapport au peso depuis le 18 mars 2020. Selon le directeur de l'Ecole de commerce de l'Université Mayor de Santiago, Francisco Castaneda, cette chute de la Bourse "était attendue" et "l'incertitude" sur "ce qu'il fera réellement a mis un maximum de pression sur l'indice des affaires chiliennes". Ce n'est en effet pas une surprise. Le candidat d'extrême droite José Antonio Kast avait les faveurs des marchés avec son programme ultra-libéral. La Bourse avait salué son arrivée en tête à l'issue du premier tour, le 21 novembre, en bondissant de 9,25%.

Le président élu entend mener une grande réforme fiscale pour faire participer les plus riches à son programme de meilleur accès à la santé, à l'éducation et à la création d'un nouveau système de retraite, aujourd'hui entièrement privé. Mais il a promis dimanche soir, devant des milliers de ses partisans en liesse rassemblés pour fêter sa victoire, "plus de droits sociaux tout en restant fiscalement responsables".

Si la victoire de Gabriel Boric à la tête d'une coalition allant du centre gauche au Parti communiste "oriente vers une plus grande intervention de l'État dans l'économie (...), un changement radical semble peu probable", estime le Centre de recherche économique indépendant Capital economics. "Le ratio de la dette publique par rapport au PIB semble devoir encore augmenter sous le nouveau gouvernement. Cette situation, ainsi que l'incertitude persistante concernant la nouvelle Constitution (en cours de rédaction) maintiendra probablement les marchés financiers locaux sous pression", ajoute-t-il.

Sans cravate

La tâche qui attend le nouveau président sera d'autant compliquée par une situation économique délicate. Le PIB a augmenté artificiellement de 11,5% en 2021 en raison de subventions d'Etat et de retraits autorisés dans l'épargne privée. Selon les estimations, la croissance devrait être nulle à l'horizon 2023.

L'inflation touche aussi le Chili longtemps considéré comme un modèle de développement économique, au détriment de l'équilibre social, nourrissant une colère sourde qui a fini par éclater au grand jour en octobre 2019 avec des manifestations d'ampleur.

M. Boric est l'héritier politique de ce mécontentement mais aura des difficultés à imposer son programme social face à un Parlement qui n'est pas acquis à sa cause. "Bien que la victoire ait été confortable, le Parlement bicaméral, avec des équilibres clairs, peut agir comme un contrepoids évident aux politiques de gauche plus radicales", a jugé M. Castaneda. Mais dans la rue, l'espoir qu'il a suscité est immense, à la hauteur de la crainte que suscitait José Antonio Kast, un admirateur de la dictature d'Augusto Pinochet soutenu par l'ensemble de la droite chilienne, candidat de "l'ordre, de la justice et de la sécurité".

Le président sortant de centre droit Sebastian Piñera recevait lundi le chef de l'Etat élu au palais présidentiel de la Moneda pour un traditionnel échange avant la passation officielle de pouvoir, le 11 mars. Costume mais pas de cravate, M. Boric a déjà commencé à bousculer le protocole, saluant notamment d'une poignée de main les gardes à l'entrée du palais et longuement ses supporters qui l'acclamaient. Il a reçu dans la matinée les félicitations de la présidente de la Convention constituante, l'universitaire mapuche Elisa Loncon, qui l'invite "à faire partie de ce processus historique de rédaction de la nouvelle Constitution".

Dimanche soir, M. Boric avait demandé de prendre "tous soin de ce processus afin que nous ayons une Constitution qui soit celle de la rencontre et non celle de la division (...) que nous avons eu tant de mal à changer". La rédaction d'une nouvelle loi fondamentale pour remplacer celle datant de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990) était une des principales revendications du soulèvement social de 2019, dont M. Boric est aujourd'hui l'héritier politique et dont il doit désormais satisfaire les attentes.

La Bourse de Santiago a sanctionné lundi le triomphe de la gauche au Chili tandis que le jeune président élu, Gabriel Boric, a fait ses premiers pas au Palais présidentiel, où il a rencontré le chef de l'Etat sortant, imposant d'emblée un nouveau style.Gabriel Boric, devenu à 35 ans l'un des plus jeunes dirigeants de la planète, a été élu dimanche avec un million de voix d'avance sur...