Le taux de la plateforme Sayrafa ne représente pas l'offre et la demande sur le marché libre, affirment les changeurs

Le syndicat des agents de change du Liban a justifié dimanche les raisons pour lesquelles ses membres ne peuvent pas se baser pour leurs transactions sur le taux de la plateforme Sayrafa de la Banque du Liban, estimant que le taux de cette plateforme, fixé quotidiennement, ne représente pas l'offre et la demande réelles sur le marché libre. 

Le taux en vigueur sur le marché libre des changes au Liban est toujours sensiblement plus élevé que celui de la plateforme Sayrafa, mise en service il y a plus d’un an. Personne ne peut réellement acheter des devises au taux de cette plateforme, mise en place dans l’objectif de rendre plus transparent un marché plongé dans le flou depuis plus de deux ans de crise. Elle ne semble aujourd’hui servir qu’à calculer et diffuser la moyenne des différents taux quotidiens auxquels sont réalisées les opérations de change effectuées par les banques, certains changeurs et la société de transfert d’argent OMT (représentant le réseau Western Union).

Dans un communiqué, le syndicat a répondu à plusieurs accusations lancées dans les médias à l'encontre des changeurs, ainsi qu'à une déclaration faite au début du mois par le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, qui avait affirmé que "les cours réels du taux de change dollar/livre libanaise sont ceux annoncés quotidiennement par la banque centrale", une manière de contester la légitimité du taux en vigueur sur le marché libre des changes.

Le syndicat a commencé par justifier les raisons pour lesquelles les bureaux de change "inscrits auprès de la Banque du Liban" ne sont pas tenus de respecter le taux de Sayrafa. "Selon la décision intermédiaire 13326 du 10 mai 2021, les sociétés de change agréées et certaines sociétés de transfert de fonds achètent et vendent les devises étrangères en fonction de l'offre et de la demande sur le marché libre". Cette plateforme, ajoute le syndicat, "ne peut pas être prise en compte par les changeurs parce qu'elle ne contient pas de tarification des devises étrangères par rapport à la livre". De plus, elle a été conçue pour refléter les opération effectuées et fournir une moyenne". Enfin, le volume des transactions passant par la plateforme, et annoncé quotidiennement par la BDL, ne représente que la valeur des dollars achetés par les banques et certains changeurs liés à la plateforme, ce qui ne représente pas l'offre et la demande totales sur le marché parallèle, a poursuivi le syndicat. 

Au cours du week-end, le dollar s'échangeait contre environ 27.000 livres libanaises sur le marché parallèle, selon le site lirarate, qui effectue un suivi du taux. Le taux publié vendredi par la platforme Sayrafa était, lui, de 22.400 livres pour un billet vert.