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Moyen-Orient - Qatar

Des ONG inquiètes du sort d’une activiste disparue depuis deux mois

Après avoir demandé l’asile en Angleterre en 2019 en raison de violences familiales, Noof Almaadeed était rentrée à Doha en octobre dernier.

Des ONG inquiètes du sort d’une activiste disparue depuis deux mois

Noof Almaadeed à l’hôtel après son retour à Doha le 1er octobre. Photo tirée de son compte Twitter

La féministe qatarie Noof Almaadeed n’a plus donné signe de vie depuis le 13 octobre dernier. Depuis, les ONG et activistes des droits de l’homme ne cessent de tirer la sonnette d’alarme alors que différentes rumeurs circulent sur son sort sur les réseaux sociaux. Après que son décès a été annoncé mardi dernier, l’information a été démentie par d’autres sources, alimentant la confusion. De retour à Doha le 1er octobre, la jeune femme venait de passer deux années en exil en Grande-Bretagne, où elle avait demandé l’asile face aux violences familiales dont elle se disait victime et à la restriction de mouvement qui lui était imposée. En 2019, alors âgée de 21 ans, Noof Almaadeed avait quitté son pays natal par avion en passant par l’Ukraine avant d’arriver au Royaume-Uni. Afin de quitter sa terre natale, Noof Almaadeed a dû voler le téléphone portable de son père pour que son voyage soit approuvé, mettant en lumière le système de tutelle masculine qui prévaut au Qatar, interdisant notamment aux femmes célibataires de moins de 25 ans de voyager sans autorisation. Dans un rapport de mars dernier, Human Rights Watch avait dénoncé le fait que les femmes doivent obtenir une permission de leur tuteur masculin notamment pour se marier, étudier à l’étranger avec une bourse gouvernementale ou encore obtenir des postes dans la fonction publique.

Rendant son parcours public afin de garantir sa sécurité, Noof Almaadeed s’était fait connaître en diffusant en ligne des vidéos documentant son exil, devenues virales sur l’application TikTok. Depuis l’Angleterre, elle postait aussi des vidéos sur ses comptes YouTube et Instagram, donnant des conseils sur l’immigration et la procédure de demande d’asile, précisant cependant que son objectif n’était pas d’encourager le départ de ses followers de leur pays d’origine.

Menaces et inquiétudes

Paradoxalement, le mal du pays ou la solitude de l’exil semblent avoir poussé Noof Almaadeed à retirer sa demande d’asile en Grande-Bretagne et à rentrer au Qatar, après avoir reçu l’assurance des autorités que sa sécurité serait assurée. Le 30 septembre, elle embarquait en direction du Qatar où elle devait loger dans un hôtel sous surveillance officielle. Mais sur son compte Twitter, qu’elle utilisait quotidiennement, elle s’est rapidement plainte de visites qu’elle n’aurait pas dû recevoir, comme celle de son père. Surtout, elle y a dénoncé des tentatives d’assassinat contre sa personne, prévenant : « Si je ne suis plus sur les réseaux sociaux, c’est que je suis morte. » La veille de ses derniers messages en ligne, elle avait lancé un appel adressé à l’émir du Qatar pour assurer sa sécurité, écrivant que « cheikh Tamim est le seul qui peut empêcher qu’un malheur m’arrive ». Selon des informations rapportées par l’ONG Gulf Center for Human Rights (GCHR), les autorités qataries auraient remis la jeune activiste à sa famille, qu’elle craignait.

Ses derniers tweets alimentent d’autant plus les inquiétudes des défenseurs des droits humains. Le 13 octobre, elle avait écrit sur Twitter « Pas encore en sécurité » puis « Un peu mieux » à trois heures d’intervalle. Depuis, son compte est resté silencieux. Quarante-huit heures plus tard, des activistes et des organisations de défense des droits de l’homme lançaient le hashtag #WhereIsNoof (« Où est Noof ») pour alerter sur sa disparition. Dans un communiqué publié jeudi, le GCHR souligne qu’« à l’heure actuelle, toutes les informations indiquent que la vie et la liberté de (Noof) Almaadeed sont sérieusement menacées ». Cependant, l’organisation admet qu’elle n’a pas pu confirmer les rapports contradictoires indiquant que Noof Almaadeed aurait été assassinée ou qu’elle serait détenue contre son gré, ou encore qu’elle serait saine et sauve en lieu sûr, comme l’affirment les autorités qataries, toutefois sans en donner aucune preuve. Déjà sous le feu des critiques sur la question du traitement des travailleurs migrants à l’approche de la Coupe du monde de football de 2022, l’affaire Noof Almaadeed met Doha dans l’embarras. Cités mercredi par le quotidien britannique The Guardian, des officiels qataris ont affirmé ne pas pouvoir divulguer l’endroit où se trouverait la jeune femme sous prétexte du respect de sa vie privée.

La féministe qatarie Noof Almaadeed n’a plus donné signe de vie depuis le 13 octobre dernier. Depuis, les ONG et activistes des droits de l’homme ne cessent de tirer la sonnette d’alarme alors que différentes rumeurs circulent sur son sort sur les réseaux sociaux. Après que son décès a été annoncé mardi dernier, l’information a été démentie par d’autres sources, alimentant...

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