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Dernières Infos - Corruption

Fin des ennuis judiciaires en Suisse pour l'ex-roi d'Espagne

L'ex-roi d'Espagne Juan Carlos Ier. Photo d'archives AFP

Fin des ennuis judiciaires en Suisse pour l'ex-roi d'Espagne: après trois ans d'enquête, la justice genevoise a classé l'affaire portant sur les avoirs de Juan Carlos Ier, dont 100 millions de dollars versés par Riyad.

Le 6 août 2018, la justice genevoise avait ouvert une procédure pénale pour "blanchiment d'argent aggravé" après la parution d'articles de presse relatant que l'ex-roi d'Espagne aurait perçu des commissions illégales. Il était suspecté que ces commissions soient liées à la conclusion d'un contrat par des entreprises espagnoles portant sur la construction d'un train à grande vitesse reliant Médine à La Mecque, en Arabie saoudite.

Confirmant une information du quotidien suisse La Tribune de Genève, le parquet a annoncé lundi qu'il classait le dossier, "l'instruction n'ayant pas permis d'établir de façon suffisante un lien entre le montant reçu d'Arabie saoudite et la conclusion de contrats portant sur la construction du train à grande vitesse".

Les frais de la procédure, de 200.000 francs suisses (192.000 euros), ont toutefois été mis à la charge des prévenus, dont l'ex-roi d'Espagne. Car l'instruction a révélé certains manquements aux règles. Elle a permis d'établir que Juan Carlos Ier avait effectivement reçu le 8 août 2008, sur le compte de la fondation Lucum ouvert auprès de la banque Mirabaud à Genève, la somme de 100 millions de dollars (88,8 millions d'euros) de la part du ministère des Finances d'Arabie saoudite.

La procédure a également mis en évidence d'autres versements reçus par Juan Carlos Ier ou son ex-maîtresse Corinna zu Sayn-Wittgenstein, "soit USD 1'895'250.- en espèces, USD 5'000'000.-, USD 2'000'000.- provenant du Koweït et du Bahreïn" (presque neuf millions de dollars au total, huit millions d'euros). Or selon le parquet, "tous ces transferts n'ont pas été suffisamment documentés".

En juin 2012, le compte de la fondation Lucum a été clôturé et son solde, environ 65 millions d'euros, transféré sur le compte aux Bahamas d'une société de domicile détenue par Corinna zu Sayn-Wittgenstein.

"Volonté de dissimulation"

A l'issue de l'instruction, le parquet genevois a retenu "que le recours à une fondation, ainsi qu'à des sociétés de domicile de la part des différents protagonistes, démontrait une volonté de dissimulation". "Les montants concernés, l'origine des avoirs, l'absence de documentation adéquate justifiant les transferts, les prétendues donations successives (d'abord du roi d'Arabie saoudite en faveur de Juan Carlos Ier, et ensuite de ce dernier en faveur de Corinna zu Sayn-Wittgenstein) ainsi que la chronologie des événements constituaient des indices à charge des prévenus", relève-t-il, avant de classer le dossier faute de pouvoir conclure à toute opération de corruption.

La banque Mirabaud écope elle d'une amende de 50.000 francs suisses, pour avoir omis, dès juillet 2018, de communiquer le compte personnel de Corinna zu Sayn-Wittgenstein.

Figure centrale de la transition démocratique après la mort du dictateur espagnol Franco en 1975, Juan Carlos, qui a abdiqué en 2014 sur fond de scandales, est visé par trois enquêtes judiciaires en Espagne. Le parquet espagnol a décidé début décembre de prolonger son enquête pour six mois. Dans le cadre de la plus importante d'entre elles, le parquet cherche à déterminer depuis décembre 2018 si l'ex-souverain, âgé de 83 ans, avait empoché une commission pour l'attribution en 2011 à un consortium espagnol de la construction de la ligne La Mecque-Médine. Et surtout s'il en avait profité après son abdication en 2014, vu qu'il bénéficiait avant cette date de son immunité de chef d'Etat.

Le versement en 2008 par la monarchie saoudienne de 100 millions de dollars sur le compte suisse d'une fondation dont Juan Carlos était le bénéficiaire, qui a entraîné l'ouverture en Suisse de l'enquête classée lundi, est au centre de ce premier dossier.

Afin de tenter d'éviter des poursuites, Juan Carlos a procédé depuis fin 2020 à deux régularisations fiscales d'un montant total de plus de cinq millions d'euros. Objet de révélations de presse de plus en plus compromettantes sur son train de vie et sa fortune opaque, Juan Carlos avait quitté l'Espagne le 3 août 2020 pour entamer un exil doré aux Emirats arabes unis. 

Fin des ennuis judiciaires en Suisse pour l'ex-roi d'Espagne: après trois ans d'enquête, la justice genevoise a classé l'affaire portant sur les avoirs de Juan Carlos Ier, dont 100 millions de dollars versés par Riyad.Le 6 août 2018, la justice genevoise avait ouvert une procédure pénale pour "blanchiment d'argent aggravé" après la parution d'articles de presse relatant que l'ex-roi...