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Culture - Festival Beirut Chants

Le bel canto, lumineuse parenthèse dans la noirceur de Beyrouth...

Le bel canto, lumineuse parenthèse dans la noirceur de Beyrouth...

Le ténor italien Giorgio Berrugi accompagné en toute subtile complicité par Fabio Centanni au piano. Photo Michel Sayegh

Sous un ciel lourd d’après-orage, à travers des ruelles obscures meublées par le vrombissement des groupes électrogènes, une foule dense s’est pressée hier soir vers l’église Saint-Joseph (USJ) pour assister au coup d’envoi de la 14e édition du festival Beirut Chants, premier concert d’un programme musical fastueux et haut de gamme qui s’étendra, tel un chapelet de notes scintillantes, jusqu’à la veille de la fête de la Nativité.

Devant l’autel illuminé, dans un espace régi par les normes sanitaires de distanciation et de port du masque, pas de houle orchestrale en grande pompe, mais une atmosphère feutrée et intimiste avec la simple et superbe présence du ténor italien Giorgio Berrugi. Le chanteur de 44 ans, qui a triomphé sous les feux de la rampe dans le personnage du poète Rodopho de La Bohème de Puccini, est accompagné au piano, pour son unique récital beyrouthin, en toute subtile complicité par Fabio Centanni.

Au menu, un bel canto du meilleur aloi avec des pages du répertoire lyrique allant de Donizetti à Verdi, en passant par Leoncavallo et Puccini. Mais aussi une série d’airs plus pointus, avec des partitions de Francesco Paolo Tosti, et surtout Ottorino Respighi à l’écriture et aux mélodies modernes. Le piano ne reste pas dans l’ombre et, habité de féerie, emboîte le pas à ce tour de chant magnifique en mêlant ses éclatants accents solo à des morceaux de bravoure et de virtuosité de Chopin et Liszt.

Giorgio Berrugi, voix ductile, timbre nuancé chargé « de soleil et de miel » selon la critique, port royal, prestation charismatique, a mis l’auditoire sous sa coupe et l’a littéralement envoûté avec son souffle et ses évocations des intermittences du cœur. De L’Élixir d’amour de Donizetti aux ardeurs de La Tosca de Puccini, de la mélancolie des séparations à la soif de l’autre, l’amour et son cortège restent maîtres des lieux et de ce vibrant bel canto qui chasse les ombres maléfiques d’un pays en proie au démantèlement, à l’émiettement et à l’asphyxie.

Beirut Chants, contre vents et marées, malgré pandémie et situation nationale catastrophique, a offert au public (gratis, quelle générosité par les temps qui courent !) non seulement des moments de beauté, d’harmonie, de recueillement et d’oubli, mais aussi une véritable réconciliation (même si fugace et provisoire) avec la vie, le quotidien, l’espoir, la joie, la fraternité humaine, la paix.

La musique, langue universelle, univers de l’enchantement et de la consolation, demeure un précieux antidote contre tant de déconvenues, d’épreuves, d’attentes déçues, de malheurs, de morts et de désenchantement. Vivement les 22 concerts à venir d’ici au 23 décembre !

*Le concert inaugural du Festival, ainsi que d'autres qui suivront dans les prochains jours, a été rendu possible grâce au soutien et à la contribution financière de l'ambassade d'Italie et de l'Institut culturel italien à Beyrouth.

Sous un ciel lourd d’après-orage, à travers des ruelles obscures meublées par le vrombissement des groupes électrogènes, une foule dense s’est pressée hier soir vers l’église Saint-Joseph (USJ) pour assister au coup d’envoi de la 14e édition du festival Beirut Chants, premier concert d’un programme musical fastueux et haut de gamme qui s’étendra, tel un chapelet de notes...

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