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Monde - Récit

Les Hazaras, histoires d’une persécution plus que centenaire

Le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan ravive les peurs de cette communauté majoritairement chiite et soumise à des discriminations structurelles depuis au moins 150 ans.

Les Hazaras, histoires d’une persécution plus que centenaire

Une femme hazara tient son enfant dans les bras alors qu’elle assiste avec d’autres femmes à un événement à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes dans la province afghane de Bamiyan, le 8 mars 2021. Photo AFP

Depuis le 15 août, il est en cavale. La chute de Kaboul l’été dernier a sonné pour lui l’heure du départ. Originaire de Kandahar, la plus grande ville de la province éponyme en Afghanistan, Ali* ne connaît ces jours-ci aucun répit. Avec son épouse, ils se sont rendus à l’évidence, ou plutôt à l’urgence : impossible de rester dans ce fief historique des talibans, dans cette zone à dominante pachtoune où des parties significatives de la population ont accueilli favorablement le retour du mouvement intégriste au pouvoir. Le jeune couple fait partie de la communauté hazara, une ethnie majoritairement chiite martyrisée par le groupe extrémiste lorsqu’il tenait les rênes du pays entre 1996 et 2001. À elle seule, cette appartenance pourrait leur être fatale. Mais il y a plus encore. « Je travaillais pour des organisations internationales. Or les talibans sont à la recherche de tous ceux qui ont collaboré avec des étrangers », explique Ali. Contacté sur WhatsApp, sa voix est basse, le ton anxieux, les réponses concises ; comme s’il devait en même temps rester sur ses gardes, fébrile et alerte à la fois, pour s’assurer qu’aucune oreille trop curieuse ne soit aux aguets.

Depuis leur retour triomphal aux commandes du pays, les talibans mènent une vendetta à grande échelle contre ceux qu’ils accusent d’avoir œuvré au cours des deux dernières décennies aux côtés des États-Unis, de l’OTAN ou encore des ONG internationales spécialisées dans le développement. Et depuis l’été, Ali et son épouse courent d’un lieu à l’autre pour éviter des représailles. « Des gens sont venus poser des questions à notre sujet aux voisins à Kandahar », confie Ali. Des voisins avec qui les relations ont longtemps été courtoises mais distantes. « Ça pouvait aller, mais on avait peur parce qu’on savait que beaucoup de Pachtounes soutenaient les talibans, dit-il. J’avais quand même quelques amis libéraux parmi eux. Ils sont aussi dans le collimateur des talibans. »

Le 8 octobre, un attentat-suicide dans une mosquée chiite de Kunduz, au nord-est de l’Afghanistan, a fait au mois 55 morts et 140 blessés.

Le retrait des troupes américaines et de leurs alliés d’Afghanistan était prévu depuis longtemps. Mais personne ne s’attendait à ce qu’il entraîne dans son sillage – après une présence longue de vingt ans et des milliards de dollars injectés dans le « state-building » – un effondrement si précipité de l’État, une capitulation aussi rapide de l’armée et du gouvernement afghans. S’ils ne sont pas aujourd’hui les seuls à être pétrifiés par les conséquences de la victoire talibane, les Hazaras craignent encore plus pour leurs vies. Même ceux qui n’étaient à l’époque que des bambins se souviennent de l’épouvante des leurs, de leurs tentatives d’exil, des humiliations, de la faim et des massacres.

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« Je suis née en 1993. J’ai grandi avec les talibans », soupire d’emblée Homira Rezaï, fraîchement diplômée d’un doctorat de recherche médicale sur la pré-éclampsie, obtenu à l’Aston Medical School, basée à Birmingham. « Parce que j’étais une fille, je ne pouvais pas aller à l’école », raconte-t-elle. Une expérience commune à son genre, toutes communautés confondues, mais à laquelle se conjugue son identité ethnique. « Même si nous vivions dans le district de Jaghori, dans un village isolé, je pouvais ressentir la peur des gens », ajoute celle qui a quitté sa terre natale pour le Royaume-Uni à l’âge de 13 ans, en 2006, bénéficiant d’une procédure de regroupement familial après que son père a obtenu l’asile politique en 1999. « Quand on était petits, on aimait bien sortir et jouer ensemble. On nous disait “faites attention, un taliban ça ressemble à ça”, avec l’idée qu’ils ont des traits “pachtounes”, se souvient Homira Rezaï. Du coup, quand on tombait sur des Pachtounes, on prenait la fuite. » Des réminiscences tout aussi familières pour Ehsan*, qui avait sept ans lorsque les talibans se sont emparés de son village dans la province de Ghor dans les années 90. Lui aussi frissonne à l’évocation de cette atmosphère d’angoisse et d’affolement. « On devait quitter le centre de la province et partir vers des villages lointains, dans les montagnes, dans un lieu plus sûr », confie le jeune trentenaire, aujourd’hui étudiant en économie à New Delhi, en Inde. Alors qu’à l’époque nombre de ses connaissances ont pu rejoindre l’Iran ou encore le Pakistan, Ehsan et sa famille ne parviennent pas à traverser la frontière. « On est revenus dans notre village et on a accroché un drapeau blanc sur le toit de notre maison en signe de soumission. Les talibans avaient promis de ne pas nous faire de mal si nous nous rendions », dit-il. Ces violences et ces humiliations, les talibans n’en sont pas tant les pionniers que les continuateurs, les héritiers d’une longue histoire façonnée par les persécutions contre les Hazaras, une communauté qui représente, selon les chiffres, entre 9 et 19 % de la population afghane.

Une femme hazara marchant près du site des statues des bouddhas de Bamiyan, dans la province du même nom, le 5 mars 2021. Ces statues avaient été détruites par les talibans en 2001. Les bouddhas de Bamiyan ont longtemps été au cœur de l’identité de la communauté hazara. Bien qu’elles n’aient pas été construits par eux, les Hazaras ont développé leurs propres mythes associés aux statues, sans rapport avec le bouddhisme. Wakil Kohsar/AFP

L’émir de fer
Sur le court terme, l’intensification des répressions contre ses membres puise ses sources dans ce XXe siècle finissant, illustré par le retrait des troupes soviétiques du pays en 1989. Souhaité par nombre d’Afghans, ce départ plonge néanmoins l’Afghanistan dans une guerre civile sans merci entre différents groupes armés aux affiliations politiques et ethniques différentes. Pour bloquer l’avancée des groupes hazaras dans les zones à majorité chiites de Kaboul, le président alors en poste, Burhanuddin Rabbani, décide en 1993 de lancer contre eux une offensive de grande envergure. Trois ans plus tard, alors que les talibans s’emparent de la capitale, le mouvement sunnite ultraconservateur érige les Hazaras en emblème absolu de l’altérité, avec pour slogan : « Les Tadjiks au Tadjikistan. Les Ouzbeks en Ouzbékistan. Les Hazaras au cimetière », en référence aux principales composantes ethniques du pays. Alors que les talibans tentent d’asseoir leur joug sur l’ensemble du territoire, la région historique du Hazarajat – « le pays des Hazaras » –, rassemblant les provinces centrales d’Afghanistan, est soumise en 1998 à un siège : les routes d’approvisionnement sont bloquées, la population affamée. Dans le nord de l’Afghanistan, la ville de Mazar-é Charif – dernier bastion leur échappant – deviendra le symbole du rejet de la pluralité, de la haine de tout ce qui ne s’insère pas tout à fait dans la représentation talibane du monde. Les Hazaras en particulier feront l’objet d’une violence inouïe. Maison par maison, les miliciens talibans et leurs alliés pakistanais partent à la recherche de tous les jeunes en âge de combattre. Tantôt on les abat devant leurs proches, tantôt on les égorge. Certains sont soumis à un peloton d’exécution quand d’autres crèvent étouffés après avoir été entassés dans des semi-remorques où l’air ne passe pas. Selon les estimations, entre 2 000 et 5 000 Hazaras ont été massacrés dans la chaleur suffocante de l’été. D’autres chiffres vont jusqu’à évoquer 20 000 victimes. Écho sanglant, près d’un siècle plus tard, à ces années 1890 qui unifièrent le pays sous la houlette de son émir de fer, Abdul Rahman Khan, bourreau parmi les bourreaux.

Akram Gizabi, président du conseil mondial des Hazaras.

« L’État afghan dans sa forme moderne remonte au milieu du XVIIIe siècle, mais le Hazarajat est longtemps resté une terre insoumise. Dans les années 1880/1890, l’émir Abdul Rahman Khan a unifié le pays en commençant par “sa famille”, les Pachtounes », explique Alessandro Monsutti, professeur au département d’anthropologie et de sociologie de l’Institut des hautes études internationales et du développement à Genève et spécialiste de l’ethnie hazara. « Sa dernière conquête a été le Hazarajat à partir de 1890. Là, il a déclaré un véritable jihad contre les chiites en mobilisant les tribus pachtounes du Sud, leur promettant terres, butins et femmes », poursuit le spécialiste. Après avoir longtemps résisté, les Hazaras sont écrasés. Des régions entières sont vidées de leur population. Ceux qui ont survécu ont été réduits en esclavage. « Aujourd’hui, des régions entières qui étaient hazaras il y a 150 ans sont peuplées par des tribus pachtounes. Cette guerre de soumission à la fin du XIXe siècle est chantée par les Hazaras comme le moment de cruauté absolue de l’État afghan envers eux. Ils considèrent que depuis ils ont été traités comme des citoyens de seconde zone. »

Tout au long de l’histoire contemporaine, les discriminations contre les Hazaras ont pris des formes diverses, mêlant violence structurelle et racisme ordinaire. Les autorités à Kaboul n’ont cessé de maintenir le Hazarajat dans un état de marginalisation, l’ont exclu des politiques éducatives ou de développement agricole. Les Hazaras ont été bloqués dans leur promotion sociale, empêchés d’occuper les échelons supérieurs de l’armée et, de manière plus générale, les fonctions plus prestigieuses au sein de la société.

Homira Rezaï enfant, en 1994, jouant avec un AK47 chez elle, en Afghanistan. « C’était durant la guerre civile. Il était alors très courant de trouver des armes dans les maisons. »

Surtout, la communauté a dû composer avec des politiques d’accaparement de ses terres qui perdurent jusqu’à aujourd’hui. En témoigne ce rapport d’octobre de l’organisation internationale Human Rights Watch rapportant que les talibans et les milices associées ont « expulsé de force des centaines de familles hazaras de la province d’Helmand, dans le sud du pays, et de la province de Balkh, dans le Nord », ajoutant que ces mesures « faisaient suite à des expulsions antérieures des provinces de Daikundi, d’Uruzgan et de Kandahar ». Un processus d’ingénierie démographique qui ne dit pas son nom puisque ces terres ont ensuite été redistribuées aux partisans des talibans.

Ce genre d’expropriation, Akram Gizabi ne les connaît que trop bien. Elles le marquent au fer rouge comme elles ont marqué ses aïeux. Elles guident ses combats, malgré le temps qui s’écoule dans la douleur de l’exil, malgré ces décennies vécues à distance. Un éloignement géographique seulement, car la cause hazara, il l’a érigée en boussole de sa vie. « Au début des années 1910, mon grand-père et sa famille ont été chassés de leur contrée, située avant dans la province d’Uruzgan. Aujourd’hui, elle est aux mains des Pachtounes », raconte celui qui a fait de son nom le rappel de sa terre, Gizab. Un étendard en guise de patronyme, une revendication tout autant qu’un vaccin contre l’oubli. Né dans les années 40, Akram Gizabi a grandi à Kaboul, dans le centre de la capitale plus précisément, « là où vivent les Hazaras », avant de déménager dans la banlieue. Fils d’un boulanger et d’une mère au foyer, il se remémore les encouragements de son père – travailleur acharné et analphabète – pour qui l’éducation des enfants était la seule et unique planche de salut pour slalomer entre les différents obstacles imposés aux siens dans ce pays qui les maudit. « Pour lui, étudier voulait dire écrire. Il ne pouvait pas lire, alors quoi que j’écrive, il en retirait une certaine satisfaction », dit M. Gizabi, l’air enjoué. Élève assidu, le jeune Akram a pu obtenir une bourse pour poursuivre ses études... au Liban, où il est resté de 1969 à 1975. Cette opportunité, il a pu s’en saisir parce que le processus d’acceptation des candidatures était contrôlé par des Américains. « Jamais je n’aurais pu voyager si c’était des Afghans », confie-t-il. Désormais à la retraite, il vit à Washington et préside le Conseil mondial des Hazaras.

Homira Rezaï lors de la remise de son diplôme en recherche médicale, en septembre dernier. « Cette photo représente deux choses importantes pour nous, en tant que Hazaras. Notre tradition à travers cette robe brodée à la main et transmise de génération en génération, et notre éducation. »

De Téhéran à Washington
Face à l’adversité, la communauté hazara a fait de l’éducation un bouclier et une épée, un moyen de canaliser la violence socio-économique et symbolique dont elle fait les frais – nourrie par plus d’un siècle et demi de discriminations – et un outil de promotion sociale et de revanche sur les « dominants ». C’est aussi pour cela que nombre de ses membres ont soutenu l’intervention américaine en 2001 et considèrent jusqu’à maintenant que malgré tous leurs défauts, les deux dernières décennies restent les moins mauvaises que le pays a connues.

« On a eu l’impression qu’ils nous ont libérés ou du moins qu’ils ont empêché notre anéantissement, raconte Ehsan. D’une part, les talibans étaient partis, et d’autre part, on pouvait même se mettre à rêver. Ces années ont été les meilleures de toute notre vie. C’est ce que disent mes parents. » Mais vingt ans, c’est trop peu pour se défaire entièrement du poids du passé, dans un pays qui de surcroît cumule les guerres depuis la fin des années 70. « Après 2008, les choses se sont dégradées pour les Hazaras, dit Ehsan. Les talibans et des groupes jihadistes ont commencé à arrêter les gens. En 2016, je me souviens que sept voyageurs hazaras ont été retrouvés assassinés sur l’autoroute de Kandahar. Et puis, même si le gouvernement devait être officiellement inclusif, il y avait en réalité des appels à ne pas recruter des Hazaras. » Un constat que partage Homira Rezaï pour qui le péché originel réside dans le soutien apporté par Washington à des hommes à l’agenda « ethnocentré ». « Ashraf Ghani comme Hamid Karzaï préféreraient donner le pays à une organisation terroriste plutôt que de donner plus de pouvoir aux non-Pachtounes », assure-t-elle. Au Royaume-Uni, la jeune femme préside aujourd’hui le comité des Hazaras.

Comme toutes les minorités discriminées, les Hazaras ont longtemps été accusés de servir des intérêts étrangers, de constituer en somme un corps extérieur à la nation. Hier, le préjugé les supposait à la solde de la République islamique d’Iran, de ce puissant grand frère chiite dont le territoire a pu constituer un lieu de refuge. « Dans les années 80, les leaders hazaras étaient proches de l’Iran. La guerre intestine au Hazarajat était liée à des partis en Iran. Dans le même temps, surtout après la mort de l’ayatollah Khomeini en 1989, la situation des Hazaras là-bas s’est dégradée », analyse Alessandro Monsutti. Une partie de la nouvelle génération hazara semble nourrir une certaine rancœur face à Téhéran, et l’accuse de les avoir instrumentalisés. Une amertume nourrie par le soutien indirect apporté par l’Iran aux talibans au nom de la lutte contre Washington ainsi que par les conditions de vie difficiles des réfugiés hazaras en République islamique. Sans compter l’exploitation sans vergogne de ces derniers, utilisés comme mercenaires au sein de la brigade des Fatimides dans la guerre en Syrie. « Il y a une histoire vraiment sombre derrière cela. Beaucoup de ces combattants sont très jeunes, ont à peine 14 ans. Ils sont en Iran depuis des générations mais ne disposent pas de documents légaux pour pouvoir rester », souligne Homira Rezaï. « Ils n’ont pas non plus de connexions en Afghanistan. On leur promet de l’argent, du travail et des papiers en échange de leur engagement », résume-t-elle. La République islamique a toutefois critiqué au cours du mois de septembre le manque d’inclusivité au sein du gouvernement taliban par intérim. Sur 33 membres-clés, seul le vice-ministre de la Santé est issu de la minorité hazara.

Les Hazaras sont aujourd’hui souvent renvoyés au rang de sous-fifres de Washington, soupçonnés de ne devoir leur réussite qu’à l’impérialisme US. Pourtant, ils sont nombreux à manquer de mots suffisamment forts pour qualifier la gestion américaine du retrait de leur pays. « Cette évacuation a été terrible. Je déteste Joe Biden pour cela. Et je crois que le jour venu, il le regrettera toute sa vie », s’insurge Akram Gizabi. « De manière pragmatique, les États-Unis devaient quitter l’Afghanistan, mais c’est l’évacuation qui pose problème. Ils nous ont interdit d’accéder à l’aéroport. Ces vingt dernières années, on a été les plus grands partisans de la démocratie et du libéralisme, et là ils nous laissent tomber comme ça, seuls face aux talibans », fulmine pour sa part Ali.

Presque personne ne semble donner du crédit aux déclarations talibanes version 2.0 visant à présenter le groupe sous des traits plus modernes et plus soucieux des droits humains. « Du pipeau » pour Ali, de la cosmétique à destination de la communauté internationale. Le mouvement intégriste est allé jusqu’à accueillir parmi ses commandants de haut rang Mawlawi Mahdi, combattant hazara. Une façade qui s’écroule à l’épreuve des faits. En août, Amnesty International a indiqué qu’au moins neuf hommes hazaras ont été massacrés par les talibans lorsque le groupe a pris le contrôle de la province de Ghazni en juillet. L’organisation a également publié des preuves d’un autre massacre au cours duquel 13 Hazaras, dont une jeune fille de 17 ans, ont été tués durant la même période dans la province de Daykundi. Qui plus est, la minorité hazara est régulièrement prise pour cible par des groupes affiliés à l’État islamique en Afghanistan. À la mi-octobre, un attentat-suicide a dévasté une mosquée chiite dans la ville de Kunduz, au nord du pays, confirmant aux yeux de nombreux Hazaras que les actions de l’EI ne seraient pas contrôlées sous le règne des talibans, en dépit de la rhétorique employée par ces derniers.

Dans ces circonstances, beaucoup parmi ceux qui vivent en dehors des frontières afghanes comptent encore sur la force de la mémoire et la puissance de la transmission pour résister. « Être hazara, c’est porter au plus profond de nous même ce traumatisme collectif de persécutions, de meurtres, de discriminations à cause de notre ethnie », confie Homira Rezaï. « Ce que j’ai appris, je l’ai acquis à travers des berceuses, des chansons qui racontent ce qui nous est arrivé. De nombreux historiens n’ont pas été autorisés à publier l’histoire des Hazaras. Alors l’oralité est importante », souligne la jeune femme. Souvent en famille et avec quelques amis, ils se retrouvent autour d’un dambura, un luth traditionnel doté d’un long manche à deux cordes et sans frettes, typique de la culture musicale. « On s’assoit ensemble et on revient en musique et en chansons sur la manière dont nous avons survécu. C’est l’un des moyens les plus importants de transmission de notre héritage à la prochaine génération. »

*Les noms ont été modifiés à la demande des personnes interrogées.

Depuis le 15 août, il est en cavale. La chute de Kaboul l’été dernier a sonné pour lui l’heure du départ. Originaire de Kandahar, la plus grande ville de la province éponyme en Afghanistan, Ali* ne connaît ces jours-ci aucun répit. Avec son épouse, ils se sont rendus à l’évidence, ou plutôt à l’urgence : impossible de rester dans ce fief historique des talibans, dans...

commentaires (2)

Un très bel article qui illustre bien la face cachée des Talibans 2.0 et la lutte insensé des minorités Hazara pour une survie dans un pays qui après tout est bien aussi le leur.

Yann Charaoui

16 h 21, le 05 novembre 2021

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Commentaires (2)

  • Un très bel article qui illustre bien la face cachée des Talibans 2.0 et la lutte insensé des minorités Hazara pour une survie dans un pays qui après tout est bien aussi le leur.

    Yann Charaoui

    16 h 21, le 05 novembre 2021

  • Les articles de SMB sont facilement reconnaissables. Du gd journalisme qui meriterai d etre repris par le nyt ou le monde. Un gd merci

    Zampano

    07 h 54, le 05 novembre 2021

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