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Dernières Infos - Crise diplomatique

Bou Habib : Tout éloignement entre les pays du Golfe et le Liban peut avoir des répercussions négatives


Bou Habib : Tout éloignement entre les pays du Golfe et le Liban peut avoir des répercussions négatives

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, au palais de Baabda, le 3 novembre 2021. Photo Dalati et Nohra

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a estimé mercredi, depuis le palais de Baabda, que tout éloignement entre les pays du Golfe et le Liban peut avoir "des répercussions négatives qui risquent de porter un coup à la coopération et la solidarité" entre ces Etats. Il a encore souligné que cette crise diplomatique actuelle entre Beyrouth et les pays du Golfe devrait "s'arrêter afin de faire prévaloir l'intérêt arabe commun, sans jeter de l'huile sur le feu". 

La crise a été provoquée par des propos du ministre de l'Information, Georges Cordahi, dans lesquels il a critiqué l'intervention de la coalition militaire menée par les Saoudiens au Yémen et exprimé sa solidarité avec les rebelles houthis, soutenus par l'Iran. Ces déclarations ont été faites alors que M. Cordahi n'était pas encore ministre, mais diffusées en début de semaine dernière. En réaction, l’Arabie saoudite avait rappelé vendredi son ambassadeur au Liban et décidé d'expulser l'ambassadeur libanais, ainsi que l’arrêt de toutes les importations libanaises. Trois autres pays du Golfe ont adopté des mesures de rétorsion similaires, en signe de solidarité avec le royaume wahhabite : les Émirats arabes unis, le Koweït et Bahreïn. Les Émirats arabes unis ont appelé dimanche leurs ressortissants se trouvant encore au Liban à quitter le pays au plus vite, tandis que le Yémen a rappelé mardi son ambassadeur à Beyrouth. 

"J'ai tenu le président Aoun au courant des contacts en cours pour résoudre les développements provoqués par la décision de l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe de rappeler leurs ambassadeurs au Liban et de demander aux ambassadeurs libanais de quitter leur territoire", a annoncé M. Bou Habib à l'issue de son entretien avec le chef de l'Etat. Les deux responsables ont dans ce cadre discuté des "moyens à disposition" pour atténuer les répercussions de cette crise. Le président a réitéré au cours de la réunion avec le chef de la diplomatie que "la position du Liban est unique : il faut préserver les meilleures relations possibles entre le pays du Cèdre, l'Arabie et les pays du Golfe et ne pas permettre que des prises de position prononcées à titre individuel, par quelle que partie que ce soit, et qui n'expriment pas le point de vue de l'Etat officiel représenté par ses membres et à travers la déclaration ministérielle de son cabinet, n'impacte ces relations".

"Ne pas jeter de l'huile sur le feu"
"Tout problème, peu importe son ampleur, qui pourrait survenir entre deux pays frères, comme le Liban et le royaume saoudien, doit être résolu par le dialogue, la coopération, l'esprit de fraternité et la confiance, conformément aux principes de la charte de la Ligue arabe", a ajouté M. Bou Habib. Le chef de la diplomatie a encore souligné que le Liban avait "constamment œuvré pour assurer la solidarité entre les pays arabes, en en payant le prix fort ces dernières années", appelant les états du Golfe à "se tenir à ses côtés dans les conditions difficiles actuelles". "Tout éloignement du Liban peut avoir des répercussions négatives qui risquent de porter un coup à la coopération et la solidarité" entre les pays. "Le président et tous les responsables libanais pensent que ce qu'il s'est passé ces derniers jours doit cesser afin de faire prévaloir l'intérêt arabe commun, sans jeter de l'huile sur le feu", a encore déclaré le ministre, qui a insisté sur le fait que Beyrouth "n'a jamais porté atteinte à aucun Etat". Il a en outre appelé les pays du Golfe à "comprendre les exigences du régime démocratique choisi par les Libanais, qui se fonde sur la liberté d'opinion et de pensée, sans que cela n'impacte la liberté des relations entre le Liban et les pays amis".

Plus tôt, la présidence avait indiqué que les contacts se poursuivaient au niveau libanais pour résoudre la crise diplomatique et que ces tentatives devraient "se concrétiser" avec le retour à Beyrouth, dans la soirée, du Premier ministre Nagib Mikati. Mardi, M. Bou Habib avait évoqué la possibilité d'une médiation qatarie pour résoudre la crise. Il avait en outre indiqué qu'aucun contact n'a été établi entre Riyad et le gouvernement Mikati depuis sa mise en place, en septembre dernier, et pris fait et cause pour le Hezbollah dont Riyad conteste "la mainmise" sur le Liban. Parallèlement, les contacts politiques se poursuivent afin de convaincre M. Cordahi de rendre son tablier, sa démission étant perçue comme un premier pas sur la voie d'une sortie de crise. S'il avait exclu, dimanche dernier, toute démission, le ministre, nommé par le mouvement des Marada, proche du Hezbollah, semble avoir mis un peu d'eau dans son vin. Dans des propos relayés par certains médias locaux, M. Cordahi a affirmé attendre le retour de Nagib Mikati à Beyrouth pour "mettre toutes les options sur la table et parvenir à une décision". Le Premier ministre avait déjà appelé implicitement M. Cordahi à démissionner. 

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a estimé mercredi, depuis le palais de Baabda, que tout éloignement entre les pays du Golfe et le Liban peut avoir "des répercussions négatives qui risquent de porter un coup à la coopération et la solidarité" entre ces Etats. Il a encore souligné que cette crise diplomatique actuelle entre Beyrouth et les pays du Golfe...