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Lifestyle - Coolitude

À la « Human Library » on lit les êtres à livre ouvert

Après une isolation forcée due au Covid-19 et une certaine lassitude de tourner les pages d’un livre en solitaire, la « Human Library » propose un nouveau genre de lecture. Plus vivant et plus humain...

À la « Human Library » on lit les êtres à livre ouvert

Lecture en plein air à l’ombre de l’adage : « Ne jugez pas un livre à sa couverture. » Photo tirée du compte Instagram humanlibraryorganization

Dans cette bibliothèque pour le moins insolite, au lieu de saisir un livre, le lecteur peut choisir une personne prête à lui conter de vive voix l’histoire de sa vie puis d’en discuter avec elle. Un dialogue parfois plus porteur que des mots imprimés noir sur blanc, surtout lorsque les « conteurs » abordent personnellement des sujets sensibles qui font souvent l’objet de préjugés, de stigmatisation ou de discrimination, en raison d’un certain mode de vie, d’une croyance ou d’un handicap. C’est ainsi qu’opère la « Human Library » qui a vu le jour à Copenhague et dont le concept s’est étendu à plus de 70 pays. « La bibliothèque humaine est un espace sain où l’on peut explorer la diversité, découvrir en quoi nous sommes différents les uns des autres et dialoguer avec des personnes que nous ne rencontrerions normalement jamais. Et, par la même occasion, briser nos préjugés inconscients », explique son créateur, Ronny Abergel. Celui-ci avait lancé cette bibliothèque vivante en 2000 lors du Festival de musique de Roskilde, au Danemark, puis l’avait transformée en une association à but non lucratif.


Une séance de lecture en tête-à-tête. Photo tirée du compte Instagram humanlibraryorganization

Des ouvrages composés d’hommes et de femmes

Dans les faits, voici comment les choses se déroulent dans la bibliothèque vivante d’Abergel à Copenhague. Chaque matin, la liste du jour de huit livres humains est affichée sur un tableau noir. En arrivant, le lecteur choisit un titre et voit venir vers lui la personne qui va l’incarner et qui se racontera à livre ouvert durant 30 minutes. Ronny Abergel souligne que les « lecteurs » sont ainsi encouragés à « poser des questions vraiment délicates. Rien n’est interdit, quelle que soit la sensibilité du sujet ». Les séances se déroulent dans un espace calme voire, si la météo le permet, dans les jardins de la bibliothèque. Loin d’être cantonné à un exercice solitaire comme pour la lecture, cet échange peut se faire à deux ou à plusieurs.

Quid de ceux et celles qui se transforment en livres vivants ? Ces livres humains sont des bénévoles qui viennent d’horizons divers et ont des expériences qu’ils sont prêts à partager avec leurs lecteurs. Tout comme les livres traditionnels, les livres humains ont des titres qui racontent leurs identités respectives, comme par exemple Black Activist, Survivor of Trafficking, Muslim, Latino, Transgender et bien d’autres. Et ce nouveau mode de communication semble les avoir conquis. « C’est un tel cadeau d’être un livre et de pouvoir ainsi s’exprimer », a confié à la chaîne France 24 une quadragénaire prénommée Iben. Répond-t-elle pour autant à toutes les questions posées par ses lecteurs ? Iben botte en touche avec humour : « J’ai dit que cette page n’était pas encore écrite. Alors, ils ont juste souri et respecté mon silence. » « Quand j’ai commencé, j’étais ailleurs… Je travaille sur moi-même depuis des années pour développer une bonne écoute de l’autre », ajoute-t-elle.


Le « menu » quotidien des titres à lire. Photo tirée du compte Instagram humanlibraryorganization

Tous pareils

De leur côté, les lecteurs posent de nombreuses questions lors de la conversation. Il arrive aussi que certains livres parlants incitent à plus d’interaction et de réflexion. Dans un monde de plus en plus polarisé, Ronny Abergel souhaite que son initiative aide les gens « à avoir moins d’appréhension, à être plus ouverts, plus tolérants et à assimiler le droit à la différence en écoutant, en guise de lecture, des expériences vécues ». Et de souligner : « L’organisation ne vise pas uniquement à promouvoir la diversité et à combattre les préjugés. Nous gérons un espace d’apprentissage neutre qui permet une meilleure connaissance de soi et des autres. Ce que chacun acquiert et ce qu’il fait de cet apprentissage est entièrement entre ses mains. » À une époque où la communication d’individu à individu est de plus en plus difficile, cette plateforme a fait des adeptes dans le monde entier et notamment en Inde, en Europe et aux États-Unis.

« Voir une personne en face de vous et l’écouter, c’est toute une aventure, souligne Karim, un lecteur de 40 ans adepte du concept. Et l’histoire qui se déroule devant vous devient attachante. Cela prouve qu’au-delà des divers titres des récits, nous sommes tous faits de la même chair, du même sang et des mêmes os. » Et, surtout, comme le dit le fameux adage, à ne pas juger un livre à sa couverture.

Dans cette bibliothèque pour le moins insolite, au lieu de saisir un livre, le lecteur peut choisir une personne prête à lui conter de vive voix l’histoire de sa vie puis d’en discuter avec elle. Un dialogue parfois plus porteur que des mots imprimés noir sur blanc, surtout lorsque les « conteurs » abordent personnellement des sujets sensibles qui font souvent l’objet de...

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