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Monde - Élections

L’Allemagne entame une période d’incertitude après les législatives

Cuisant revers pour le camp d’Angela Merkel au moment où la chancelière doit prendre sa retraite politique.

L’Allemagne entame une période d’incertitude après les législatives

Le Reichstag, siège du Parlement allemand. Tobias Schwarz/AFP

L’Allemagne, pôle de stabilité sous l’ère Merkel, a basculé dans une confusion politique peu commune avec deux candidats pour un fauteuil de chancelier à la suite d’élections législatives qui pourraient la priver de visibilité internationale pendant de longs mois. Les résultats partiels du scrutin de dimanche ont confirmé la courte mais incontestable victoire des sociaux-démocrates du SPD sur les conservateurs d’Angela Merkel, qui va quitter le pouvoir après 16 ans à la tête du pays. Avec 25,7 % des suffrages, Olaf Scholz, le chef de file du SPD, veut être chancelier. Son rival de l’Union CDU/CSU, Armin Laschet, refuse cependant de jeter l’éponge, malgré le score historiquement bas, à 24,1 %, de son camp. Jamais les conservateurs n’étaient tombés sous le seuil de 30 % des suffrages. « Un gouvernement dirigé par l’Union est la meilleure chose pour notre pays, et nous nous sentons également obligés envers ses électeurs », a fait valoir hier M. Laschet, après avoir réclamé dès dimanche soir la chancellerie pour son mouvement. « Aucun parti », pas même le SPD, n’a obtenu de « mandat clair pour gouverner », a-t-il jugé. Même s’il a admis que la CDU avait besoin de renouveau et a pris « personnellement sa part » dans cet échec, l’ancien journaliste de 60 ans veut jouer son va-tout et tenter de constituer une majorité. Une prétention difficilement crédible aux yeux de son rival Olaf Scholz, ministre des Finances de la coalition sortante. Pour lui, la droite a « reçu le message des citoyens qu’elle ne devrait plus être au gouvernement mais dans l’opposition ».

« Poker »

Même si M. Scholz devrait logiquement conduire la coalition, l’issue des discussions qui ont commencé hier reste imprévisible. En raison de l’émiettement des suffrages et de l’usure de la grande coalition CDU/SPD, une coalition à trois devrait être nécessaire, du jamais-vu depuis les années 1950. « La partie de poker commence », constate le magazine Der Spiegel. À l’issue du précédent scrutin de 2017, il avait déjà fallu six mois aux partis pour trouver un gouvernement droite-gauche, ce qui avait entraîné dans l’intervalle une paralysie politique, notamment sur les questions européennes. Tant le SPD que le centre droit ont dit viser une conclusion cette fois avant Noël. Mais y parviendront-ils ? « L’Allemagne prendra la présidence du G7 en 2022 », a mis en garde M. Laschet, et c’est pourquoi un nouveau gouvernement doit « venir très rapidement ». La perspective d’une longue période d’immobilisme inquiète les partenaires européens de Berlin au moment où le Vieux Continent redoute une marginalisation géopolitique face aux rivalités entre États-Unis, Chine et Russie. Durant les tractations de coalition, Angela Merkel se contentera de gérer les affaires courantes, avec un poids amoindri sur la scène internationale.

« Bien qu’elle continue à gérer tous les dossiers, (l’Allemagne) va perdre la légitimité de façonner les initiatives internationales (...) », estime l’expert Christian Mölling, dans une analyse pour le Conseil allemand des relations extérieures (DGPA).

Un chancelier, « vite »

Ce vide préoccupe particulièrement la France, qui assurera en janvier la présidence semestrielle de l’Union européenne et compte sur son partenaire le plus important pour faire avancer ses priorités sur une Europe plus « souveraine ». La France espère avoir « vite » un chancelier allemand « fort » à ses côtés, a déclaré hier le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune. « Nous comptons bien sûr sur la continuité dans nos relations bilatérales », a déclaré de son côté le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. Angela Merkel a toujours mené une politique de dialogue et de coopération avec Moscou, en dépit de plusieurs affaires d’espionnage présumées et de la tentative d’empoisonnement de l’opposant Alexeï Navalny.

Moscou et Berlin ont ainsi défendu contre vents et marées leur projet controversé de gazoduc, Nord Stream 2, qui va relier les deux pays en dépit des critiques des États-Unis. M. Scholz, comme M. Laschet, a clairement déclaré vouloir travailler avec les Verts (14,8 % des suffrages) et les libéraux du FDP (11,5 %).

Tout dépendra donc du bon vouloir de ces deux petits partis, qualifiés par le quotidien Bild de « faiseurs de roi ». Ils ont d’ailleurs annoncé hier l’ouverture de premières discussions exploratoires visant à définir avec quel parti ils seraient prêts à coopérer. Une alliance à trois avec le SPD serait « l’option la plus évidente », a estimé le coprésident des Verts Robert Habeck, sans toutefois exclure d’entamer des discussions avec les conservateurs.

Par Isabelle LE PAGE

et Sophie MAKRIS

Source : AFP

L’Allemagne, pôle de stabilité sous l’ère Merkel, a basculé dans une confusion politique peu commune avec deux candidats pour un fauteuil de chancelier à la suite d’élections législatives qui pourraient la priver de visibilité internationale pendant de longs mois. Les résultats partiels du scrutin de dimanche ont confirmé la courte mais incontestable victoire des...

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