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Monde - Allemagne/Élections

Face à des défis existentiels, l’UE craint le vide de l’après-Merkel

La chancelière allemande tirera sa révérence quelques mois après les législatives de dimanche.

Face à des défis existentiels, l’UE craint le vide de l’après-Merkel

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron lors d’une conférence conjointe le 21 juillet 2020, à Bruxelles. Photo d’archives AFP

Le retrait d’Angela Merkel de la scène politique suscite la peur du vide au sein de l’Union européenne, confrontée à des chantiers décisifs pour sa survie, mais aussi l’espoir d’un vent de renouveau. Ces derniers mois, les dirigeants de l’UE ont multiplié hommages et remerciements à celle qui a dirigé l’Allemagne depuis 2005, presque aussi longtemps que le chancelier de la réunification, Helmut Kohl (1982-1998). Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a salué son « énorme autorité ». La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a souligné à quel point l’esprit d’analyse de cette docteure en chimie avait été crucial pour débloquer les négociations européennes parfois interminables. Angela Merkel, la chef de gouvernement à la plus grande longévité parmi les démocraties européennes, a joué un rôle tout à fait décisif dans l’UE, explique le politologue Janis Emmanouilidis du European Policy Centre (EPC). Elle tirera sa révérence quelques mois après les législatives allemandes de dimanche, le temps qu’un nouveau gouvernement soit formé. « Bien sûr, son départ laisse un vide », a-t-il déclaré, évoquant « la fin d’une époque ». Au cours de ses 16 années au pouvoir, Mme Merkel a dû faire face à une « crise permanente » de l’UE, de la crise financière de 2008 à la pandémie de coronavirus, en passant par le Brexit, rappelle cet expert.

Gestionnaire pragmatique

Ses discours sur l’Europe n’entreront pas dans l’histoire. Dépourvue de grande vision, la chancelière doit sa bonne image à ses talents de gestionnaire pragmatique qui lui ont permis de maintenir l’unité de l’UE dans l’adversité en forgeant les compromis nécessaires. Elle a fait preuve de « continuité et de fermeté », ce que de nombreux Européens ont apprécié en période d’incertitude. « Le prochain chancelier devra d’abord prendre de l’envergure avant de pouvoir prétendre à la remplacer dans ce rôle », souligne-t-il. Peu importe qu’il s’appelle Armin Laschet (CDU), Olaf Scholz (SPD) ou Annalena Baerbock (Verts).

Selon une étude menée dans 12 pays de l’UE par le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), 41 % des personnes interrogées affirment qu’elles voteraient pour Angela Merkel plutôt que pour Emmanuel Macron, s’il fallait élire un président pour l’Europe. Pendant la crise de l’euro, au début des années 2010, elle avait pourtant suscité la colère après avoir tardé à venir en aide aux pays endettés, comme la Grèce, laissant craindre un moment une implosion de la monnaie unique.

Attente et hésitations

« Angela Merkel n’a pas sauvé l’Europe », affirme l’ancien président de la Commission, Jean-Claude Juncker. « C’est le narratif allemand qui voudrait qu’elle ait été à l’origine de toutes les solutions dans les crises graves », a-t-il déclaré au quotidien belge Le Soir. « Je ne sous-estime pas le rôle qu’elle a joué mais je suis loin de le surestimer pour avoir vécu ses propres hésitations durant cette période qui fut parmi les plus difficiles de la construction européenne. » Pour ce vétéran de la politique luxembourgeoise, Merkel a cependant agi en « femme d’État » en ouvrant les frontières allemandes aux réfugiés en 2015 malgré les attaques dont elle a été la cible dans son pays, et « elle a bien réagi » durant la pandémie en acceptant un plan de sauvetage historique à 750 milliards d’euros qui a incarné la solidarité européenne. L’ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères, Ana Palacio, reproche à la chancelière sa « stratégie consistant à attendre que les situations désespérées appellent des mesures désespérées ». Cette stratégie a « souvent profité à ceux qui enfreignent les règles », assure-t-elle, en référence aux tergiversations allemandes face au chef du gouvernement hongrois Viktor Orban dont le pays s’est éloigné des valeurs européennes. Or l’UE est confrontée à des défis historiques : reconstruire une économie forte après la pandémie, lutter contre le changement climatique, affirmer son rôle géopolitique face aux Etats-Unis et à la Chine... « Mme Merkel a peut-être habilement maintenu le statu quo sur le continent au cours des dernières années, mais les défis auxquels l’Europe est confrontée aujourd’hui exigent des solutions radicales, et non des changements cosmétiques. Ce dont l’UE a besoin aujourd’hui, c’est d’une Allemagne visionnaire », estime Piotr Buras, de l’ECFR.

Stephanie LOB/AFP

Le retrait d’Angela Merkel de la scène politique suscite la peur du vide au sein de l’Union européenne, confrontée à des chantiers décisifs pour sa survie, mais aussi l’espoir d’un vent de renouveau. Ces derniers mois, les dirigeants de l’UE ont multiplié hommages et remerciements à celle qui a dirigé l’Allemagne depuis 2005, presque aussi longtemps que le chancelier de la...

commentaires (1)

Probablement que le plus grand choc pour elle durant ses années au pouvoir aurait été sa visite au liban et ses rencontres avec nos génies qui prétendent à la déification...

Wlek Sanferlou

02 h 09, le 24 septembre 2021

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Commentaires (1)

  • Probablement que le plus grand choc pour elle durant ses années au pouvoir aurait été sa visite au liban et ses rencontres avec nos génies qui prétendent à la déification...

    Wlek Sanferlou

    02 h 09, le 24 septembre 2021

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