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Combats dans le Panchir, l'annonce du gouvernement taliban encore différée

Combats dans le Panchir, l'annonce du gouvernement taliban encore différée

Des combattants talibans devant l'Aéroport international de Kaboul, le 4 septembre 2021. Photo Aamir QURESHI / AFP

Les talibans ont à nouveau différé samedi l'annonce de leur gouvernement dont la composition pourrait donner le ton des années à venir en Afghanistan, où le nouveau régime reste confronté à une poche de résistance armée dans la vallée du Panchir.

Près de trois semaines après le retour au pouvoir du mouvement islamiste, la fumée blanche se fait toujours attendre à Kaboul, où la population reste dans l'expectative, tout comme la communauté internationale. Deux sources talibanes ont prévenu l'AFP qu'il n'y aurait aucune annonce faite samedi sur le futur gouvernement.

La situation dans le Panchir, l'un des derniers foyers d'opposition armée au nouveau régime, pourrait expliquer le retard pris pour présenter le nouvel exécutif, initialement pressenti pour être dévoilé vendredi. Bastion antitaliban de longue date, cette vallée, enclavée et difficile d'accès, située à environ 80 kilomètres au nord de la capitale, est le théâtre depuis lundi et le départ des dernières troupes américaines du pays de combats entre les forces talibanes et le Front national de résistance (FNR).

A Kaboul vendredi soir, des rafales ont été tirées pour célébrer une victoire talibane dans le Panchir que des rumeurs, notamment sur les réseaux sociaux, disaient acquise. Mais les talibans n'ont fait aucune annonce officielle et un habitant du Panchir a affirmé à l'AFP par téléphone que ces annonces étaient fausses.

"La résistance continue" 

Selon les services d'urgence de la capitale, deux personnes ont été tuées et 20 autres blessées dans ces tirs de joie. Réfugié dans la vallée du Panchir, l'ancien vice-président Amrullah Saleh a évoqué une "situation très difficile" dans un message vidéo diffusé vendredi soir, tout en assurant que la "résistance continu(ait) et continue(rait)". Selon Ahmad Massoud, qui mène la résistance dans la vallée, les talibans ont "choisi le chemin de la guerre".

Depuis leur retour au pouvoir, les talibans se sont efforcés de montrer un visage modéré et ont multiplié les gestes d'ouverture. Ils ont notamment promis un gouvernement "inclusif" et noué des contacts ces dernières semaines avec des personnalités afghanes qui leur sont opposées. Mais rien n'a filtré à ce stade sur leurs véritables intentions, ni sur la place qu'ils entendent accorder à des représentants de l'opposition ou des minorités. La composition de leur exécutif fera donc figure de test sur leur réelle volonté de changement. Plusieurs pays ont répété vendredi que le nouveau régime serait jugé sur ses actes.

"Réellement inclusif" 

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, qui sera de lundi à mercredi au Qatar, a espéré que le gouvernement mis en place par les talibans serait "réellement inclusif", avec "des non-talibans qui seraient "représentatifs des différentes communautés et des différents intérêts en Afghanistan". Le chef du renseignement militaire pakistanais, Faiz Hameed, a été vu samedi à Kaboul, où il devrait probablement rencontrer des hauts responsables talibans, avec qui Islamabad entretient des liens étroits.

Très attendus sur la question du droit des femmes - la communauté internationale gardant en mémoire la brutalité à leur égard lors du premier régime taliban (1996-2001)-, les nouveaux maîtres du pays ont assuré que ces droits seraient respectés. Mais ils ont dans le même temps laissé entendre qu'il pourrait n'y avoir aucune femme ministre, leur présence relevant plutôt des échelons inférieurs. Après une première manifestation de militantes jeudi à Hérat (ouest), des dizaines d'autres ont battu le pavé samedi à Kaboul. Présents sur place, des combattants talibans ont tenté de disperser le rassemblement et d'empêcher les personnes sur les lieux de filmer la scène avec leur téléphone portable, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

Au-delà des questions sécuritaires, qu'elles soient liées à la vallée du Panchir ou à la menace de la branche locale du groupe jihadiste Etat islamique, l'urgence pour le nouveau régime sera avant tout économique. Ravagée par quatre décennies de conflit, l'économie afghane est en lambeaux, privée d'une aide internationale dont elle dépend et qui a été largement gelée. "L'Afghanistan fait face à une catastrophe humanitaire imminente", a prévenu vendredi l'ONU, qui tiendra le 13 septembre à Genève (Suisse) une réunion entre Etats membres afin d'accroître l'aide humanitaire au pays.

Le Qatar a annoncé de son côté avoir acheminé samedi en Afghanistan 15 tonnes d'aide humanitaire en provenance du monde entier et indiqué que les vols allaient se poursuivre "dans les jours qui viennent". Des "vols internationaux" seront "bientôt opérés", a assuré à la chaîne d'informations Al-Jazeera l'ambassadeur du Qatar en Afghanistan, Saeed bin Mubarak Al-Khayarin. Le radar, la tour de contrôle et le tarmac ont été réparés et la sécurité est assurée dans et autour de l'aéroport de Kaboul, a-t-il ajouté.

Les talibans ont à nouveau différé samedi l'annonce de leur gouvernement dont la composition pourrait donner le ton des années à venir en Afghanistan, où le nouveau régime reste confronté à une poche de résistance armée dans la vallée du Panchir.Près de trois semaines après le retour au pouvoir du mouvement islamiste, la fumée blanche se fait toujours attendre à Kaboul, où la...