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Dernières Infos - Turquie

Arrestations après l'attaque de commerces syriens

Le drapeau turc devant l'ambassade de Turquie à Berlin, le 15 mars 2017. Photo d'archives AFP / John MACDOUGALL

La police turque a arrêté jeudi près de 80 personnes soupçonnées d'avoir encouragé ou pris part la veille à l'attaque de commerces et logements syriens à Ankara après une rixe mortelle, sur fond d'intensification du discours xénophobe.

"Nous avons identifié et interpellé 76 personnes qui ont partagé de fausses informations sur les réseaux sociaux à des fins de provocation ou ont participé" à ces attaques, a indiqué la police dans un communiqué. Parmi les suspects interpellés, 38 étaient déjà connus des services de police pour des faits de vol, coups et blessures, ou trafic de stupéfiants, selon la même source. Mercredi soir, plusieurs dizaines de personnes ont pris d'assaut des boutiques, des véhicules et au moins un logement appartenant à des Syriens dans le district d'Altindag, selon les médias.

Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montrait un groupe d'hommes en train d'arracher le rideau métallique d'une épicerie avant d'en fracasser la vitrine, pendant que des policiers les exhortaient au calme. Des photos obtenues par l'AFP témoignent de la violence de ces incidents. Sur l'une d'elles, on voit un homme en train de briser la fenêtre d'un appartement situé au rez-de-chaussée à l'aide d'un pieu. Sur une autre, des hommes accroupis s'essuient le visage après un tir de grenades lacrymogènes de la police.

Le président du Croissant-Rouge turc, Kerem Kinik, a affirmé sur Twitter qu'un enfant syrien avait été hospitalisé après avoir été blessé par une pierre lancée contre le logement occupé par sa famille. "Depuis quand caillasser une maison la nuit fait-il partie de nos coutumes ? Plusieurs réfugiés nous ont contactés. Ils ont peur pour la sécurité de leurs enfants", a déclaré M. Kinik.

Désinformation 

Le calme est revenu au bout de quelques heures "grâce au sang-froid de nos concitoyens et à l'action de nos forces de l'ordre", a déclaré tôt jeudi le gouvernorat d'Ankara dans un communiqué. "Nous appelons nos concitoyens à ne pas prêter attention aux affirmations et messages provocateurs" sur les réseaux sociaux, a-t-il ajouté.

Ces incidents sont intervenus après la mort d'un jeune homme turc qui avait été poignardé lors d'une rixe entre deux groupes, des internautes et médias présentant l'auteur des coups mortels comme un Syrien. Deux ressortissants étrangers accusés d'"homicide volontaire" ont été arrêtés, a rapporté l'agence de presse étatique Anadolu, sans toutefois préciser leur nationalité.

La Turquie, pays qui accueille près de quatre millions de réfugiés syriens, a plusieurs fois été secouée par des accès de fièvre xénophobe similaires ces dernières années, souvent déclenchés par des rumeurs se propageant sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée.

L'émeute à Ankara s'inscrit dans un contexte de multiplication de fausses informations et de déclarations hostiles aux migrants, notamment sur les réseaux sociaux, sur fond d'afflux de réfugiés afghans fuyant l'avancée des talibans dans leur pays.

Plusieurs articles et tweets ont ainsi affirmé que des réfugiés afghans avaient hissé le drapeau de leur pays dans plusieurs villes de Turquie, des allégations démenties par le site de vérification Teyit, respecté pour sa fiabilité.

Des opposants au président Recep Tayyip Erdogan ont aussi multiplié les accusations de "laxisme" sur la question migratoire et le principal rival du chef de l'Etat, Kemal Kiliçdaroglu, a promis le mois dernier de "renvoyer les Syriens dans leur pays" si son parti remporte les prochaines élections en 2023.

La police turque a arrêté jeudi près de 80 personnes soupçonnées d'avoir encouragé ou pris part la veille à l'attaque de commerces et logements syriens à Ankara après une rixe mortelle, sur fond d'intensification du discours xénophobe.
"Nous avons identifié et interpellé 76 personnes qui ont partagé de fausses informations sur les réseaux sociaux à des fins de provocation ou ont...