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Politique - Décryptage

Mikati, entre atouts et réserves...

Sauf imprévu, l’ancien Premier ministre Nagib Mikati devrait être désigné aujourd’hui pour former le prochain gouvernement. Celui qui a déjà présidé deux cabinets, le premier en 2005 et le second en 2011, tous deux dans des circonstances compliquées, fait partie de ce qu’on appelle « le club des anciens présidents du Conseil », aux côtés de Saad Hariri, Fouad Siniora et Tammam Salam. Qu’est-ce qui permet donc aujourd’hui de croire qu’il pourra réussir là où Saad Hariri a échoué ? Même si l’optimisme reste mesuré, il y a toutefois quelques éléments de réponse...

Lorsque le nom de Nagib Mikati a commencé à circuler en tant que favori pour être le futur Premier ministre désigné, le pays a été partagé en deux camps : le premier considérait cette nomination comme un signe d’espoir et comme un indice que la sortie de l’enfer allait commencer, alors que le second ne cachait pas sa déception de voir qu’une nouvelle fois, une personnalité politique considérée comme traditionnelle et dont le nom est lié à certaines affaires douteuses allait être désignée pour prendre les rênes de l’exécutif. Même les parties politiques, notamment des alliés (le CPL et le Hezbollah par exemple), étaient divisés sur cette question. D’autant que la soudaine montée des chances de l’ancien Premier ministre a surpris le monde politique.

En effet, de ses deux expériences précédentes en tant que président du Conseil, Nagib Mikati avait eu un bilan mitigé. En 2005, il avait été désigné après la démission du gouvernement présidé par Omar Karamé, à la suite de l’assassinat de Rafic Hariri, pour former un gouvernement de transition chargé d’organiser les élections législatives qui devaient définir le nouveau paysage politique au Liban, après les années de tutelle syrienne. Le député du Nord a effectivement formé un gouvernement dans lequel aucun ministre n’était candidat aux élections, et celles-ci se sont déroulées à la date prévue et ont produit une nouvelle majorité parlementaire grâce à la conclusion de l’accord quadripartite (Amal, Hezbollah, courant du Futur et PSP). En 2011, il a formé le gouvernement après la démission du cabinet présidé par Saad Hariri, alors que ce dernier se trouvait à la Maison-Blanche... Nagib Mikati avait alors mis sur pied une équipe considérée comme proche du 8 Mars, mais il a dû rapidement se heurter à de nombreux problèmes, dont la guerre aux rounds multiples entre Jabal Mohsen et Bab el-Tebbané (Tripoli), ainsi que le déclenchement de la guerre en Syrie et l’afflux des déplacés syriens... C’est justement à cause de toutes ces crises que le Hezbollah avait alors déclaré qu’il ne commettrait plus jamais la même erreur en désignant un candidat, en principe considéré comme son allié, mais qui dans ses décisions privilégie d’autres considérations. C’est justement pour cette raison que la désignation de Nagib Mikati pour former un nouveau cabinet semblait difficile en raison de l’opposition présumée du Hezbollah.

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Mais depuis hier, c’est devenu quasiment officiel, le parti chiite aurait décidé de nommer l’ancien Premier ministre pour la formation du prochain gouvernement. La nouvelle aurait pu être simplement interprétée comme un indice positif de la part du Hezbollah, qui souhaite pousser vers un compromis et accepter par conséquent le candidat « adoubé » par le club des anciens présidents du Conseil, et en particulier par Saad Hariri. Mais cette approche s’est rapidement heurtée au rôle supposé du président de la Chambre Nabih Berry dans le choix de Nagib Mikati. Si l’on n’est pas sûr que c’est le président de la Chambre qui a lancé son nom, c’est en tout cas lui qui a convaincu Saad Hariri et le Hezbollah d’appuyer sa désignation, et qui a aussi poussé le leader druze Walid Joumblatt à donner son aval. Or, dans ce contexte de division, l’appui de Nabih Berry à Nagib Mikati ne peut que susciter la méfiance du camp présidentiel et du CPL qui craignent justement que la désignation de ce dernier ne soit une prolongation du scénario de la désignation de Hariri, et qu’au final elle n’aboutisse pas à la formation d’un nouveau gouvernement. Elle serait ainsi simplement destinée à perdre un temps précieux pour le chef de l’État et son camp, qui se considèrent comme les principaux perdants du temps gaspillé au cours des neuf derniers mois.

C’est d’ailleurs pour cette raison, selon plusieurs sources concordantes, que le CPL a émis des réserves sur la désignation de Nagib Mikati, en dépit de la volte-face du Hezbollah à son égard. Le groupe parlementaire aouniste hésite donc entre deux attitudes : soit désigner l’ambassadeur Nawaf Salam, soit s’abstenir de désigner un nom précis, ce qui peut être considéré comme un assouplissement de sa position à l’égard de l’ancien Premier ministre. En tout cas, les contacts et les réunions se sont intensifiés tout au long de la soirée d’hier, juste avant le rendez-vous aujourd’hui des consultations parlementaires à Baabda.

Sans doute conscientes des réserves que peut susciter sa désignation, les sources proches de Nagib Mikati ont commencé à assurer que ce dernier n’acceptera pas d’être nommé s’il ne peut pas former un gouvernement. D’ailleurs, dès qu’il a commencé à être pressenti, il a effectué une série de contacts à différents niveaux pour évaluer la situation tant locale que régionale.

Dans ces conditions, quelles sont ses chances de succès ? Selon des sources politiques différentes, Mikati aurait des atouts que d’autres n’ont pas. D’abord, il fait partie du « club des anciens Premiers ministres », ce qui lui permet d’avoir un minimum de couverture sunnite et par conséquent de ne pas rééditer la situation dans laquelle s’est retrouvé Hassane Diab au lendemain de sa désignation, lorsqu’il s’était heurté à des manifestations de colère dans les régions dites à majorité sunnite.

Ensuite, sa personnalité n’est pas agressive ou conflictuelle. Il manie en fait l’art de trouver des compromis et d’arrondir les angles, tout en ne cédant pas sur ce qu’il considère être l’essentiel. D’ailleurs, dans un entretien accordé au quotidien al-Joumhouria samedi, le chef de l’État a insisté sur cet aspect, annonçant ainsi que si ce dernier était désigné par les députés, il compte coopérer avec lui de façon fructueuse. En tout cas, les discussions entre eux devraient être plus aisées...

De plus, selon plusieurs sources politiques libanaises, Nagib Mikati n’a pas de contentieux avec les autorités saoudiennes, comme c’était le cas de Saad Hariri. De même, il bénéficie d’un appui soutenu de la part des responsables français chargés du dossier libanais, qui veulent essentiellement qu’un nouveau gouvernement soit formé pour mettre en train des réformes et stopper l’effondrement dramatique du pays.

Enfin, sur le plan interne, Nagib Mikati bénéficierait (en principe) de l’appui du tandem chiite (Amal et le Hezbollah), de celui du courant du Futur, de celui du groupe Joumblatt, du groupe de Sleiman Frangié et de celui d’autres petits groupes parlementaires. Ce qui devrait lui assurer un nombre confortable de voix. Mais si le CPL maintient sa position et les Forces libanaises leur refus de désigner un candidat pour former le gouvernement, un problème de couverture chrétienne pourrait être soulevé, sachant toutefois que plusieurs députés chrétiens, en dehors des deux principaux blocs, comptent le désigner...

Sauf imprévu, l’ancien Premier ministre Nagib Mikati devrait être désigné aujourd’hui pour former le prochain gouvernement. Celui qui a déjà présidé deux cabinets, le premier en 2005 et le second en 2011, tous deux dans des circonstances compliquées, fait partie de ce qu’on appelle « le club des anciens présidents du Conseil », aux côtés de Saad Hariri, Fouad Siniora...

commentaires (5)

Blanc Boinnet et Bonnet Blanc! c'est la meme M....

IMB a SPO

19 h 53, le 26 juillet 2021

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • Blanc Boinnet et Bonnet Blanc! c'est la meme M....

    IMB a SPO

    19 h 53, le 26 juillet 2021

  • Rien ne changera …. Comme d’hab !!

    Bery tus

    14 h 21, le 26 juillet 2021

  • Les deputes qui refusent de nommer un premier ministre devraient demissioner ou expulses du parlement.

    Saleh Tassabehji / AQI

    11 h 20, le 26 juillet 2021

  • Elle est on ne peut plus jusqu’au-boutiste Scarlette. Elle continue à s’égosiller des intentions de Aoun et de HN avec celle du nabot comme s’ils étaient les élus du peuple et les seuls personnes aux mains propres pour exiger des conditions irréalisables pour sauver le pays. Elle évoque les affaires louches de Mikati en s’abstenant d’en dire autant du leader du CPL et de HN, c’est fort du café. Mais de là à sous entendre qu’ils subissent la perte du temps qui ont eux mêmes fait subir à ce pays dans le seul but d’agenouiller ses citoyens n’est moins qu’une propagande fallacieuse pour les blanchir alors qu’ils sont couverts de mouise et de honte. Pour conclure, ni Mikati ni un autre n’arrivera à tenir face à ces bestiaux qui n’ont qu’un but, exténuer le peuple pour avoir son aval pour une soumission complète et forcée contre du pain et d’une vie en suspens pendant encore quelques années.

    Sissi zayyat

    11 h 20, le 26 juillet 2021

  • C'était quoi ce dicton que polichinelles, journalistes et autres spécialistes du Liban d'hier d'aujourd'hui et de demain...mmm c'est qqchose comme : celui qui essai l'essayé mérite d'être... fusillé...ou qqchose dans ce sens...

    Wlek Sanferlou

    01 h 08, le 26 juillet 2021

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