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Lifestyle - Patrimoine mondial

Liverpool et la Grande Barrière de corail vers un déclassement ?

Après une interruption d’un an, Covid-19 oblige, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco est réuni depuis hier vendredi pour inscrire de nouveaux sites, éventuellement en retirer d’autres ou les placer « en danger », comme, peut-être, Liverpool et la Grande Barrière de corail. Les dossiers sont nombreux cette année, cumulant ceux de 2020 et de 2021, et certains sont délicats. C’est le cas des possibles retraits de la liste de Liverpool, au Royaume-Uni, et de la réserve de Selous, en Tanzanie. Seuls deux sites ont déjà fait l’objet d’un tel retrait.

Liverpool, au caractère emblématique de l’ère industrielle, figure déjà depuis 2012 sur la liste du patrimoine en péril, mais projets d’aménagements et d’urbanisme se sont poursuivis, au point de lui faire perdre son authenticité, estiment les experts. Non moins sensible : le placement sur la liste des sites en danger, entre autres, de la grande barrière de corail en Australie, qui a suscité de vives réactions dans ce pays. Au total, à partir du 18 juillet (demain dimanche), le comité, réuni en ligne sous la présidence, depuis Fuzhou, de Tian Xuejun, vice-ministre chinois de l’Éducation et président de la Commission nationale chinoise pour l’Unesco, examinera l’état de conservation de 255 sites déjà inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Cinquante-trois d’entre eux figurent déjà sur la liste du patrimoine mondial en péril. Pourraient les y rejoindre, outre la Grande Barrière de corail, Venise, affectée, entre autres facteurs, par le tourisme de masse, et Budapest, en particulier les rives du Danube et le quartier du château de Buda, pour des démolitions « inopportunes » et des reconstructions à grande échelle notamment.

Pour tenter « d’éviter ce risque », l’Italie a annoncé mardi le bannissement des grands navires de croisière accusés de mettre en péril le centre historique de Venise, une décision qualifiée dans un tweet de « pas important » par la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay. Le dossier reste néanmoins sur la table du comité, souverain dans ses décisions. Pour sa part, mettant en avant ses accomplissements pour le « récif le mieux géré au monde », l’Australie a bataillé ferme contre son éventuelle mise en péril préconisée par les organismes consultatifs. Ces derniers l’estiment atteint par le changement climatique – « sa plus grave menace » –, la pollution des eau et les activités humaines. La Grande Barrière de corail, depuis trente ans au patrimoine mondial, s’est fortement détériorée, victime notamment de plusieurs épisodes de blanchiment massif de ses coraux.

Des scientifiques ou ONG environnementales se sont félicités de cette recommandation, mais Canberra a de son côté reçu le soutien de onze ambassadeurs auprès de l’Unesco, dont l’ambassadrice française, outre celui de l’Australie. Au nombre des griefs en Australie, figure l’absence de mission récente sur le site. Cependant, l’Unesco fait valoir que les procédures ont été « strictement suivies ». Les organismes consultatifs basent leurs conclusions sur des études scientifiques et techniques, y compris des expertises fournies par les États eux-mêmes. Un processus que Canberra connaît bien : alors que l’Australie était membre du Comité du patrimoine, deux sites avaient été mis sur la liste en danger sans avoir accueilli de mission depuis, respectivement, huit et trois ans : les forêts humides de l’Atsinanana (Madagascar) en 2010 et les parcs nationaux du lac Turkana (Kenya) en 2018.

Par ailleurs, mise en danger ne signifie pas sanction. Au contraire, cela peut aider à la mobilisation de ressources pour la sauvegarde du site, souligne-t-on à l’Unesco. Cela implique aussi un suivi renforcé de l’Unesco avec des rapports annuels sur l’évolution de la situation. En outre, la mesure est réversible, comme peut en témoigner Bélize : sa barrière de corail, la deuxième plus grande au monde après celle de l’Australie, a été retirée en 2018 de la liste « en danger » où elle figurait depuis 2009.

Vers le 24 juillet, le Comité du patrimoine (réuni jusqu’au 31 juillet) commencera à étudier les nouveaux sites qui pourraient intégrer la liste du patrimoine mondial. Certaines de ces propositions d’inscription (près d’une cinquantaine) pourraient ne pas aboutir si le comité, composé des représentants de 21 États parties, suit les recommandations des organismes consultatifs. Il en irait ainsi de « Nice, capitale du tourisme de riviera » proposée par la France, pour laquelle les experts ont préconisé un report. Toutefois, si autrefois les recommandations étaient massivement suivies, les discussions se sont faites plus denses au fur et à mesure que la liste a grandi – atteignant 1 121 sites de 167 pays inscrits aujourd’hui – et que le suivi des préconisations est devenu moins automatique.

Joëlle GARRUS/AFP

Après une interruption d’un an, Covid-19 oblige, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco est réuni depuis hier vendredi pour inscrire de nouveaux sites, éventuellement en retirer d’autres ou les placer « en danger », comme, peut-être, Liverpool et la Grande Barrière de corail. Les dossiers sont nombreux cette année, cumulant ceux de 2020 et de 2021, et certains sont...

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