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Lifestyle - Mode

« Predation », de Hussein Bazaza, une collection comme un voyage mental


« Predation », de Hussein Bazaza, une collection comme un voyage mental

Hussein Bazaza, collection « Predation » automne-hiver 2021-2022. Photo DR

Depuis la fondation de son label éponyme en 2011 – son année de diplôme –, Hussein Bazaza se distingue par un regard fantasque et parfois littéralement fantastique sur le vêtement en tant que concept. Ce scientifique dans l’âme a d’ailleurs émaillé son logo de symboles chimiques qui donnent d’emblée un caractère occulte à ses créations. Artiste polyvalent, il s’est longtemps essayé avec talent à la photographie et à l’illustration avant de canaliser son énergie créative dans la mode, cet art pluriel qui est avant tout pour lui un moyen de donner corps et âme à ses chimères. De collection en collection, on l’a vu illustrer avec perspicacité les préoccupations de sa génération et du moment présent.

Un thème qui laisse imaginer le pire

Formé à Esmod Beyrouth après des stages chez Rabih Kayrouz et Élie Saab, Bazaza gagne sa place dans l’incubateur Starch fondé par Kayrouz et Tala Hajjar pour encadrer les talents émergents. Depuis, il aligne les prix internationaux tout en révélant des collections insolites injectées de récits délirants. Lili racontait l’histoire d’un virus informatique qui aurait infecté la mémoire humaine en effaçant les « données » personnelles et les émotions de chacun. Hellène était la tenancière d’un hôtel où passaient des créatures sublimes auxquelles elle empruntait des détails pour se construire un tout dont elle sublimait sa propre image. Portu était une ligne consacrée à « l’ami imaginaire » du créateur. Son printemps été 2021 avait pour titre « NH4NO3 », la formule du nitrate d’ammonium, pour ne pas en dire davantage. Pour l’automne-hiver 2021-2022, voici Predation, un thème qui laisse imaginer le pire, mais qui, sous le scalpel de Bazaza, se décline avec grâce.

« Fouler aux pieds les normes »

Jusqu’où pouvait-il aller dans son délire anticonformiste ? Bazaza prouve qu’il a encore de la marge par devers lui, d’abord en tournant simplement le dos aux tendances, aux saisons et aux calendriers. Avec Predation, il veut « briser toutes les règles de la mode et fouler aux pieds les normes de la société ». Cette collection, non pas hors saison mais sans saison, se déploie progressivement jusqu’au tableau final. Chaque pièce représente une étape et porte en étiquette un sujet décalé marqué par la révolte. Pour dénoncer l’hypocrisie du monde d’aujourd’hui, une histoire de prédateurs et de proies humaines vient montrer et emporte le spectateur dans un voyage mental à travers les vérités occultées, les non-dits et les pensées interdites. Pour ce faire, Bazaza se tourne vers la nature et les références nourricières, animales et florales dont on perçoit la forte présence dans chaque pièce. La couture s’exprime à travers une variété de tissus entre maille, laine, matière imperméable, tulle et dentelle. Les robes affichent de violents contrastes, accessoirisées de longs sautoirs de perles chatoyantes et de divers accessoires, notamment de nouveaux sacs en trois versions distinctes. L’attitude provocatrice de la marque est illustrée par trente modèles affichant sans ambages sensualité et rébellion. La palette ne fait pas dans la nuance, entre rose vif, citron, vert néon et rouge vif jaillissant de profonds aplats de noir ou zébrant la nudité de beiges-peau. Coupes géométriques et collages de dentelle signature sont omniprésents dans cette collection, avec cependant une nouveauté : des motifs en forme de pétales en relief dévorent le tissu, et le logo s’affiche désormais à l’extérieur, suffisamment connu et reconnu pour faire sens.

Depuis la fondation de son label éponyme en 2011 – son année de diplôme –, Hussein Bazaza se distingue par un regard fantasque et parfois littéralement fantastique sur le vêtement en tant que concept. Ce scientifique dans l’âme a d’ailleurs émaillé son logo de symboles chimiques qui donnent d’emblée un caractère occulte à ses créations. Artiste polyvalent, il s’est...

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