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Lifestyle - La Mode

L’homme 2022, une nouvelle saison douce

Dimanche dernier se clôturaient à Paris les défilés d’une saison masculine printemps-été 2022 pas comme les autres. Sur 72 maisons, seules 6 avaient sauté le pas d’un retour aux présentations physiques, même si le virtuel continue à dominer la place, peu à peu remplacé par une tendance au « phygital » (physique et digital). Ce nouveau mot est appelé à s’installer pour longtemps dans le dictionnaire de la mode.

L’homme 2022, une nouvelle saison douce

Dior collection printemps-été 2022. Photo DR

Les dilemmes se poursuivent pour les maisons de mode en ces temps de grandes transitions. Physique ou virtuel ? Masculin ou féminin ?

Confinement ou plein air ? Télétravail ou présentiel ? Voyage ou tourisme interne ? Invention ou réinvention ? De saison en saison, la mode nous raconte et s’inscrit dans la grande histoire en s’accrochant aux signes que lui murmure l’air du temps.

La présentation des collections masculines printemps-été 2022 nous parle avant tout de l’impatience d’un retour à la « normale », confortée par l’accélération des campagnes de vaccination. En attendant, les créateurs nous transportent sur les ailes du rêve et les voyages qu’ils nous proposent demeurent oniriques, pour ne pas dire intérieurs. Hermès et Dior en sont les meilleures illustrations.

Dior collection printemps-été 2022. Photo DR

Chez Hermès, la nouveauté d’un « formel audacieux »

La complicité entre Véronique Nichanian, la directrice artistique des collections masculines Hermès, et le metteur en scène Cyril Teste fait à nouveau merveille. Pour ce troisième épisode de leur collaboration, un premier acte explorait le « hors-champ » d’un monde devenu « empêché » en proposant, depuis l’atrium des ateliers Hermès de Pantin, une autre façon de présenter les vêtements. L’acte II ouvrait un passage de l’intérieur vers l’extérieur depuis l’escalier du Mobilier national, à Paris, comme une façon nouvelle d’habiter à la frontière de l’intime et du dehors. La réinvention du concept de défilé trouve ici son troisième acte dans une échappée libre vers le grand air. Dans la cour aérée et minérale, le défilé homme été 2022, donné sous la pluie devant des invités équipés de capes imperméables, renouait avec le bonheur des défilés « physiques » et de l’interaction en direct, mais la mise en scène comprenait des écrans de tailles diverses sur lesquels étaient projetés les détails des modèles. « Certains écrans favorisent des formats plus amples, plus larges, cinématographiques. Chaque passage a ainsi sa grammaire propre. Je m’appuie sur l’architecture du bâtiment d’Auguste Perret, à laquelle j’essaie de faire écho avec un travail précis sur la symétrie, la géométrie, la perspective. L’attachement très profond que Véronique a pour la silhouette m’a aussi conduit à imaginer un dispositif spécifique pour montrer les mannequins de profil, quels que soient leurs mouvements » commente Cyril Teste.

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Sur l’esprit de la collection, la créatrice Véronique Nichanian précise avoir recherché « une idée de légèreté, de fluidité, un esprit qui peut aussi évoquer la voile, pour répondre à une envie d’évasion, encourager cette aspiration aux larges horizons, au grand air, que nous ressentons tous ». « Nous avons travaillé une expression plus libre, en apparence plus relâchée, mais naturellement contrôlée. La collection se construit sur des couleurs plutôt neutres : chanvre, algue, chocolat… et sur cette palette viennent éclore et s’étendre des tons plus forts, plus tendres, parfois même plus mélangés, ou fanés par le soleil. De grandes fleurs apparaissent et les couleurs éclatent : un jaune vif, un vert laitue. J’ai eu aussi envie de rejouer certaines gammes patrimoniales d’imprimés de la maison, réinterprétés avec des techniques nouvelles, travaillés en ajourés par exemple. Mais partout, j’ai voulu instiller une liberté, un élan, un esprit de double jeu. C’est une collection plus ouverte, affranchie, qui ne se prive pas d’un formel audacieux », ajoute-t-elle.

Hermès collection printemps-été 2022. Photo DR

Chez Dior, un jardin imaginaire entre rap et art contemporain

La grande maison parisienne a souvent puisé son inspiration à l’amour de son fondateur Christian Dior pour les jardins et les roses. Mais monsieur Dior a aussi été galeriste et amateur d’art avant d’être couturier. Et c’est depuis quelques saisons, notamment pour les collections masculines sous la houlette de son directeur artistique Kim Jones, que le label collabore avec des artistes contemporains. De KAWS à Raymond Pettibon ou à Peter Doig, pas une nouvelle ligne qui ne soit marquée par un clin d’œil à une œuvre picturale. Le lien créé entre Kim Jones et Peter Doig, proche du rappeur texan Travis Scott, a donné lieu à une nouvelle collaboration dont la collection masculine printemps-été 2022 de la maison porte la trace. Il allait y avoir des cactus parmi les roses et du désert sous le ciel normand, le tout mis en scène dans un pavillon installé sur l’esplanade des Invalides. La part de Travis Scott, nominé aux Grammy Awards et compositeur de la musique du film Tenet de Christopher Nolan, était la mise en musique du défilé et la réinterprétation du logo Dior pour cette collection. Maître-mot de cette nouvelle ligne, l’hybridation tente de résoudre les dilemmes entre formel et confortable, féminin et masculin, confiné et libéré, physique et virtuel. Les costumes, entre coupes formelles et esprit street art, s’inspirent de la ligne « Arrow » d’impeccable facture conçue par Christian Dior en 1956. La palette évoque une végétation d’oasis, du rose fané au vert chartreuse vibrant en passant par des mauves et des bleus pâles. La haute couture féminine s’invite dans le vestiaire des hommes à travers des broderies iconiques rapportées sur des costumes à pantalons évasés et vestes affûtées. Les matières sont douces et souples, entre daim et cachemire d’été.

Clou du défilé, des chemises exclusives peintes par l’artiste George Condo étaient destinées à une vente aux enchères au profit de bourses d’études pour de jeunes créatifs. Les bijoux et ornements ne sont pas en reste, dont notamment des cravates bolo à fermoirs précieux et un collier cactus en or et pierres précieuses dessiné par Victoire de Castellane.

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