La route de Masnaa coupée après une décision des douanes limitant les passages transfrontaliers

La route internationale de Masnaa, reliant le Liban à la Syrie, a été bloquée lundi par des manifestants, qui protestaient contre la décision des douanes libanaises d'interdire le passage de la frontière aux véhicules ne disposant pas d'une autorisation spéciale, et ce afin de mettre un terme aux activités de contrebande. La direction des douanes dans la Békaa a décidé d'empêcher les automobilistes libanais qui ne remplissent pas certaines conditions préétablies, et notamment ceux qui ne disposent d'une autorisation émise par la direction des douanes, de traverser le poste-frontière de Masnaa.

Bloquant la route avec des pneus, les contestataires ont réclamé que cette mesure s'applique à tous les automobilistes "dont ceux qui ne respectent pas les mesures sécuritaires en vigueur, auxquelles sont soumis les citoyens ordinaires" ou qu'elle soit annulée, rapporte l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). 

Selon notre correspondante dans la Békaa, Sarah Abdallah, qui cite une source locale, cette mesure aurait pour objectif d'empêcher que de nombreux automobilistes ne revendent le contenu de leur réservoir d'essence à des Syriens, lors de leur traversée du poste-frontière de Masnaa avant de pénétrer en territoire syrien. 

L'annonce de cette manifestation a notamment fait réagir le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel qui s'est offusqué que "des contrebandiers bloquent la route pour protester contre le fait qu'on les empêche de se livrer à la contrebande". "Ils ne devraient pas juste être empêchés mais arrêtés", a-t-il affirmé dans un message posté sur son compte Twitter.

Depuis des mois, la contrebande de produits subventionnés, comme la farine et le carburant, s’est accélérée en direction de la Syrie, pays qui souffre de pénuries massives d’essence et d'une chute vertigineuse de la livre syrienne face au dollar, conjuguées à des sanctions internationales sévères. Les trafiquants achètent au Liban des produits subventionnés par la Banque du Liban pour les revendre de l’autre côté de la frontière et réaliser des marges substantielles. Le Liban est lui-même en proie à de graves pénuries d'essence depuis plusieurs semaines, qui provoquent de longues files d'attente devant les stations-service.