Khalil accuse Bassil de vouloir "couvrir ses échecs" par des déclarations "populistes"

Le député Ali Hassan Khalil (Amal), bras droit du président du Parlement Nabih Berry et ministre sortant des Finances, a accusé vendredi soir le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, de "populisme" servant à couvrir les nombreux "échecs" du CPL dans la gestion de plusieurs dossiers, comme celui de l'électricité ou encore la formation du gouvernement, attendu depuis dix mois. La réponse du ministre fait suite à un tweet de M. Bassil portant sur le retard, selon lui, qu'a pris le Parlement pour adopter un projet de "carte d'approvisionnement" pour les familles défavorisées. Les relations entre le mouvement Amal et le courant aouniste sont historiquement tendues et la formation dirigée par Nabih Berry a multiplié dernièrement ses attaques contre le chef du CPL, accusé du blocage gouvernemental.

"Qu'est-ce qui doit se passer pour que le Parlement adopte la loi sur la carte d'approvisionnement que nous avons présentée et qui permettrait d'aider les familles libanaises dans le besoin à compenser la hausse des prix due à la rationalisation des subventions ?", s'est interrogé Gebran Bassil dans un tweet. "L'humiliation des citoyens devant les stations-service et aux portes des hôpitaux et des pharmacies ne suffit-elle pas pour que la Chambre tienne des séances extraordinaires, nuit et jour ? Cette responsabilité aurait du être assumée par tous depuis plus d'un an. Qu'attendez-vous?", a ajouté M. Bassil. 

Le CPL avait présenté la semaine dernière sa propre proposition de loi concernant une rationalisation des subventions octroyées par la Banque du Liban sur les importations de biens de première nécessité et le financement d'une carte d'approvisionnement permettant aux familles de subvenir à leurs besoins face à l'augmentation des prix provoquée par la modification du mécanisme de subventions. Le gouvernement sortant de Hassane Diab avait transmis à la Chambre quelques jours auparavant son propre projet à ce sujet. Ces textes ont été soumis pour étude au législatif alors que les réserves en devises de la Banque du Liban atteignent un niveau critique, ce qui paralyse le mécanisme de subventions jusque là en place et provoque de nombreuses pénuries, qu'il s'agisse de médicaments, du matériel médical, de l'essence, etc.

La réponse de Ali Hassan Khalil n'a pas tardé à fuser. "Si le chef du CPL suivait comme il devrait le faire les derniers développements, il saurait que le projet de loi sur la carte d'approvisionnement a été envoyé devant les commissions mixtes, afin de réduire les délais", a-t-il précisé, en référence au fait que le texte aurait du être initialement étudié par les différentes commissions parlementaires concernées avant cette étape. Nabih Berry a en effet convoqué les commissions mixtes mercredi prochain afin d'étudier, notamment, la proposition présentée par le groupe aouniste à la Chambre et le projet de l'exécutif sur ces cartes. M. Bassil "devrait également savoir qu'il est de la responsabilité du gouvernement et du président de la République, Michel Aoun, de prendre des décisions exceptionnelles", a ajouté le ministre sortant des Finances, soulignant que c'est ce qu'ils avaient fait "il y a quelques jours en envoyant leur projet à la Chambre". "Comme d'habitude, le chef du CPL s'empresse de mener campagne à des fins populistes", a encore souligné M. Khalil, estimant que "lancer des bombes sonores ne sera pas suffisant pour couvrir les échecs, qu'il s'agisse des dossiers de l'électricité, du fuel, ou aussi des humiliations devant les pompes à essence ou encore en ce qui concerne le blocage du gouvernement", a-t-il lancé.

L'impasse au niveau de la formation du gouvernement reste totale, dix mois après la démission du cabinet de Hassane Diab dans la foulée des explosions du 4 août. Le Premier ministre désigné Saad Hariri et le chef de l'État, empêtrés dans des rivalités personnelles et politiques, s'accusent mutuellement de blocage du processus gouvernemental et les derniers efforts menés par Nabih Berry, sur base d'une initiative qu'il a initiée avec le leader druze Walid Joumblatt, n'ont jusque là pas abouti.