Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Présidentielle en Iran

Khamenei appelle à ignorer les appels au boycott de la présidentielle

Khamenei appelle à ignorer les appels au boycott de la présidentielle

Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, dans une photo datée de 2007. Photo REUTERS/Morteza Nikoubazl

L'ayatollah Ali Khamenei a recommandé jeudi aux Iraniens d'ignorer les appels au boycott de la présidentielle, restant sourd aux critiques sur l'invalidation de candidats au scrutin de juin, où les ultraconservateurs apparaissent en position de force.

"Ne prêtez pas attention à ceux qui font campagne en disant qu'il est inutile d'aller voter", a déclaré le guide suprême iranien lors d'une rencontre en visioconférence avec les députés.

M. Khamenei, qui a donné son aval à la poursuite des discussions en cours à Vienne sur le nucléaire iranien en vue d'obtenir la levée des sanctions contre la République islamique, a sorti du champ du débat présidentiel la question de l'avenir de cet accord conclu en 2015 entre Téhéran et la communauté internationale. "Le problème principal du peuple", c'est "le chômage des jeunes" et "les moyens de subsistance de la classe défavorisée", c'est de ces questions que "les condidats doivent parler", a déclaré le chef de l'Etat à la veille de l'ouverture officielle de la campagne électorale.

Les Iraniens sont appelés aux urnes le 18 juin pour élire un successeur au président Hassan Rohani dans un climat de mécontentement général face à la grave crise économique et sociale que traverse le pays.

Pour les réformateurs et les modérés qui gouvernent avec M. Rohani depuis 2013, la solution aux problèmes du pays réside dans les discussions en cours à Vienne pour tenter de relancer l'accord sur le nucléaire de 2015 en y réintégrant les Etats-Unis.

Au contraire, les ultraconservateurs et bien des conservateurs accusent M. Rohani de s'exonérer de ses responsabilités en imputant les difficultés actuelles à la seule faute des Etats-Unis et des Européens, les premiers pour avoir dénoncé ce pacte en 2018, les seconds pour n'avoir pas aidé Téhéran à contrer les effets dévastateurs des sanctions américaines contre l'Iran rétablies ou instituées depuis lors.

"Candidats efficaces"

Après la répression violente des vagues de contestation de l'hiver 2017-2018 et de novembre 2019, une nette défiance vis-à-vis du pouvoir s'exprime de plus en plus ouvertement.

Depuis plusieurs mois, des opposants en exil animent sur les réseaux sociaux une campagne de boycottage de l'élection, avec entre autres slogans, le mot-dièse "Non à la République islamique" en persan.

Mardi, l'annonce de la disqualification de l'ancien président du Parlement Ali Larijani (conservateur), propre conseiller de M. Khamenei, et de l'actuel premier vice-président (réformateur), Eshaq Jahanguiri, a déchaîné un flot de critiques contre le Conseil des gardiens de la Constitution. Cet organe non élu, chargé de la validation des candidats et du contrôle de la présidentielle, est régulièrement accusé d'agir de manière arbitraire.

Quelque 600 personnes s'étaient portées candidates. Les Gardiens en ont autorisé sept à concourir, tous des hommes, parmi lesquels cinq ultraconservateurs, s'exposant aux critiques selon lesquelles l'élection serait organisée pour assurer la victoire du chef de l'Autorité judiciaire, Ebrahim Raïssi. Mercredi, le président Rohani a indiqué avoir écrit au Guide pour lui demander de permettre plus de "concurrence".

Après l'abstention record (57%) aux législatives de 2020, il a dit craindre un nouveau pic abstentionniste risquant selon lui d'être préjudiciable à la "légitimité" de la République islamique. "Certains se plaignent (du) Conseil des gardiens" ou expriment "des soucis pour la participation", mais "pour l'opinion publique, peu importe qui entre en lice, sous quel nom, avec quel bannière ou pour quel courant" politique, a répondu jeudi M. Khamenei. "Si les candidats peuvent prouver au peuple qu'ils sont efficaces, le peuple viendra aux urnes et la participation sera élevée, si Dieu le veut", a ajouté l'ayatollah octogénaire.

Nombre de médias iraniens voyaient en M. Larijani la seule personne capable de faire de l'ombre à M. Raïssi. Cet hodjatoleslam (rang inférieur à ayatollah dans le clergé chiite) sexagénaire avait obtenu 38% des voix à la présidentielle de 2017 face à M. Rohani, qui ne peut se représenter cette année.

Egalement invalidé par les Gardiens (comme en 2017), l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad, populiste encore crédité d'une large base de sympathisants, avait prévenu le 12 mai qu'il n'irait pas voter et ne soutiendrait aucun candidat s'il venait à être disqualifié.

L'ayatollah Ali Khamenei a recommandé jeudi aux Iraniens d'ignorer les appels au boycott de la présidentielle, restant sourd aux critiques sur l'invalidation de candidats au scrutin de juin, où les ultraconservateurs apparaissent en position de force."Ne prêtez pas attention à ceux qui font campagne en disant qu'il est inutile d'aller voter", a déclaré le guide suprême iranien lors d'une...