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Monde - Tensions

Moscou met en garde l’Occident avant une rencontre sur l’Arctique

Moscou met en garde l’Occident avant une rencontre sur l’Arctique

Un iceberg en Arctique le 15 août 2019. Jonathan Nackstrand/AFP

La Russie a martelé hier que l’Arctique était sa zone d’influence et a soutenu son droit à la défendre, mettant en garde l’Occident contre ses ambitions dans la zone à quelques jours d’un important forum régional. « Nous voyons des critiques sur le fait que la Russie développe son activité militaire dans l’Arctique. Mais il est clair pour tout le monde depuis longtemps que ce sont nos terres, notre territoire, nous répondons de la sécurité de notre littoral, et tout ce que nous faisons là-bas est parfaitement légal et légitime », a dit le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, lors d’une conférence de presse. « Quand l’OTAN essaye de justifier son offensive dans l’Arctique, ce n’est pas la même chose, et nous avons des questions pour nos voisins, comme la Norvège, qui essayent de justifier la venue de l’Alliance en Arctique », a-t-il poursuivi.

L’Arctique, dont les immenses ressources sont de plus en plus accessibles sous l’effet du changement climatique, est devenu une zone de tensions géopolitiques croissantes, notamment entre Moscou et Washington, allié aux pays scandinaves. Les deux camps y ont multiplié ces derniers mois les manœuvres militaires, les États-Unis envoyant des bombardiers en Norvège via l’OTAN, tandis que Moscou y a mené d’importants exercices maritimes et aériens.

Sommet en Islande

Les déclarations de M. Lavrov interviennent à l’avant-veille d’une réunion du Conseil de l’Arctique à Reykjavík, réunissant depuis 1996 la Russie, les États-Unis, le Canada, le Danemark, la Suède, la Finlande, la Norvège et l’Islande. Le chef de la diplomatie des États-Unis, Antony Blinken, doit y rencontrer pour la première fois Sergueï Lavrov, avant un éventuel sommet entre Jœ Biden et Vladimir Poutine en juin, alors que les relations entre les deux pays sont délétères.

Avant cela, M. Blinken a salué hier, lors d’une visite au Danemark, un plan d’investissement de Copenhague évalué à 200 millions d’euros, et destiné à renforcer la surveillance militaire au Grœnland et dans l’Atlantique Nord. Dans ce contexte, M. Lavrov a, lui, prôné la relance de rencontres régulières entre les chefs des états-majors des pays membres du Conseil afin de « faire baisser les risques sur le plan militaire ». Des rencontres suspendues depuis 2014. « Il serait parfaitement logique de rétablir ces relations entre militaires qui se comprennent mieux que les politiques », estime l’expert russe Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de la revue Russia in Global Affairs. « Même si cette mesure confirmerait un retour vers la guerre froide, ce serait malgré tout un pas en avant dans cette situation », ajoute-t-il.

Renforcement militaire

La Russie n’a cessé d’accroître son dispositif militaire dans l’Arctique ces dernières années, y rouvrant et modernisant plusieurs bases et aérodromes abandonnés depuis la fin de l’époque soviétique. Elle y a aussi déployé ses systèmes de défense antiaérienne dernier cri S-400.En mars, elle a multiplié les manœuvres dans la région, avec notamment des sous-marins, des simulations de destructions d’avion, des ravitaillements en vol et des neutralisations d’attaques de drones. Les États-Unis ont, eux, envoyé en février des bombardiers stratégiques s’entraîner en Norvège et déployé l’année dernière des navires en mer de Barents, dans la zone économique exclusive de la Russie, suscitant les protestations de Moscou qui considère cette région comme un pré carré.

Outre cette dimension militaire, le président Vladimir Poutine a fait de l’exploitation économique de l’Arctique une priorité stratégique, notamment via le développement de la voie maritime le long des côtes nord de la Russie pour relier l’Europe à l’Asie et concurrencer le canal du Suez. Cette route, rendue davantage praticable par le réchauffement climatique et la fonte des glaces, est amenée à jouer un rôle croissant dans les échanges internationaux. Les ressources naturelles de la région – minerais, pétrole, gaz – pourraient aussi devenir plus accessibles avec le réchauffement, aiguisant les convoitises. En 2019, Moscou a lancé la première centrale nucléaire flottante du monde, l’Akademik Lomonossov, destinée à faciliter le développement économique de l’Arctique et à alimenter les plateformes pétrolières.

Romain COLAS/AFP

La Russie a martelé hier que l’Arctique était sa zone d’influence et a soutenu son droit à la défendre, mettant en garde l’Occident contre ses ambitions dans la zone à quelques jours d’un important forum régional. « Nous voyons des critiques sur le fait que la Russie développe son activité militaire dans l’Arctique. Mais il est clair pour tout le monde depuis longtemps que...

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