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L'avenir de Chypre en discussion à Genève

L'avenir de Chypre en discussion à Genève

Un point de passage entre les deux parties de l'île, à Derynia, sur la côte est de Chypre. Matthieu Clavel/AFP

Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs se retrouvent de mardi à jeudi à Genève pour des "discussions informelles" sur l'avenir de l'île sous la supervision d'un chef de l'ONU "réaliste" et pris en étau entre les positions des parties.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres souhaite savoir si les parties ont "une vision commune de l'avenir" de l'île méditerranéenne, a déclaré son porte-parole Stephane Dujarric, lors d'un point de presse, avant le lancement des discussions.

Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 du tiers nord par l'armée turque, en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce. Ce petit territoire, baptisé "République turque de Chypre du Nord" (RTCN), est reconnu uniquement par Ankara, mais est visée par des sanctions des Nations unies et de l'UE.

Quatre ans après l'échec des discussions à Crans-Montana, une célèbre station de ski suisse, Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs se retrouvent à Genève, sans grand espoir d'un accord sur une réunification de l'île.

"Réaliste", le secrétaire général de l'ONU, qui a déjà participé à des discussions sur Chypre, souhaite avant tout "déterminer s'il existe un terrain d'entente commun permettant aux parties de négocier une solution durable à la question chypriote dans un avenir prévisible", a expliqué son porte-parole.

M. Guterres doit rencontrer mardi, de façon séparée, le président chypriote Nikos Anastasiades, et le dirigeant de la RTCN, Ersin Tatar, avant d'organiser dans la soirée une réception informelle réunissant les deux dirigeants chypriotes et les chefs de délégation des trois "garants" (Turquie, Grèce et Royaume Uni, ex-puissance coloniale) de la sécurité de l'île depuis son indépendance en 1960. Ils sont représentés à Genève par leurs ministres des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, Nikos Dendias et Dominic Raab.

Mercredi, le secrétaire général supervisera une réunion plénière avec les cinq parties au Palais des Nations, siège européen de l'ONU, avant de mener une nouvelle série de bilatérales qui sera suivie d'un dîner général. D'autres réunions sont prévues jeudi.

"Créativité"

"Les parties sont invitées à faire preuve de créativité, et le secrétaire général les encouragera à utiliser le langage diplomatique de manière sincère et franche", a souligné M. Dujarric.

Présente à Chypre dès 1964 en raison des violences intercommunautaires, l'ONU a hérité dix ans plus tard de la surveillance d'une zone tampon, après la partition. Selon les autorités chypriotes-grecques, le conflit a fait quelque 3.000 morts, 1.400 disparus et des dizaines de milliers de déplacés. Au fil des décennies, plusieurs cycles de pourparlers visant à la réunification et parrainés par l'ONU se sont effondrés.

Sous son égide, les dernières négociations de Crans-Montana en Suisse en juillet 2017 se sont déroulées sur le principe d'une réunification sous la forme d'un Etat fédéral. Elles ont surtout achoppé sur le retrait des dizaines de milliers de soldats turcs du nord de l'île et le maintien d'un droit d'intervention de la Turquie.

Après l'échec de 2017, plusieurs facteurs sont venus s'ajouter aux traditionnels sujets de discussion: les garanties de sécurité, l'égalité politique, les ajustements territoriaux et les droits de propriété des déplacés.

Le président chypriote Nikos Anastasiades a laissé entendre qu'il pourrait lâcher du lest sur le principe de fédération et proposer une "décentralisation" de certains pouvoirs.

S'exprimant dans l'avion qui l'a mené à Genève, il a souligné que la réunion est "cruciale pour Chypre", et a également indiqué que sa délégation se rend en Suisse "afin de créer ou d'aider à créer les conditions pour commencer ou redémarrer des négociations de fond" mais "toujours sur la base des résolutions de l'ONU, des décisions unanimes du Conseil de sécurité."

Côté chypriote-turc, le "président" pro-réunification a été remplacé en 2020 par M. Tatar, nationaliste et protégé d'Ankara. Il a appelé à plusieurs reprises à une solution à deux Etats.

S'exprimant devant les médias avant de s'envoler pour Genève, il a d'ailleurs affirmé qu'"il ne peut plus y avoir d'accord sur une base fédérale", et a déclaré qu'"un accord viable, permanent et durable basé sur la coopération de deux Etats souverains et égaux vivant côte à côte à Chypre est possible".

Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs se retrouvent de mardi à jeudi à Genève pour des "discussions informelles" sur l'avenir de l'île sous la supervision d'un chef de l'ONU "réaliste" et pris en étau entre les positions des parties.Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres souhaite savoir si les parties ont "une vision commune de l'avenir" de l'île méditerranéenne, a déclaré...