
Le chef d'Etat, Michel Aoun, présidant une réunion à Baabda, le 26 avril 2021. Photo ANI
Les responsables libanais ont demandé lundi à l’Arabie saoudite de revenir sur sa décision de suspendre les importations de fruits et de légumes en provenance du Liban et ont proclamé leur détermination à renforcer la lutte contre la contrebande, au terme d’une réunion tenue au palais de Baabda sous la présidence du chef de l'Etat, Michel Aoun.
La réunion, à laquelle ont notamment participé le Premier ministre sortant Hassane Diab, plusieurs membres de son cabinet, les chefs des organismes de sécurité et les responsables des douanes, s’est penchée sur les conséquences catastrophiques pour les exportations libanaises de la décision prise par le royaume après la découverte d'une cargaison de Captagon dissimulée dans des grenades en provenance du Liban.
Le président libanais avait convoqué cette réunion suite aux plaintes des agriculteurs libanais. Dans un communiqué à l’issue de la réunion, les participants ont "exprimé le souhait de voir l’Arabie saoudite revenir sur sa décision" et ont souligné "la détermination du Liban à préserver les relations fraternelles avec l’Arabe saoudite", condamnant les opérations de contrebande. Ils ont demandé à la justice de poursuivre l’enquête pour déterminer comment le Captagon "a été introduit dans les cargaisons de fruits et de légumes qui sont entrées au Liban", et "les parties derrière leur exportation vers l’Arabie saoudite". Le communiqué ne précise pas d'où est venue cette cargaison dans laquelle le Captagon était dissimulé.
Le communiqué a appelé les responsables des organismes de sécurité et les douanes à renforcer les mesures pour lutter contre la contrebande aux frontières du Liban. La réunion a enfin chargé le ministre sortant de l’Intérieur Mohammad Fahmi de prendre contact avec les autorités saoudiennes pour empêcher la réédition de telles affaires.
L'achat de scanners
Au début de la réunion, le chef de l'Etat avait appelé "les services de sécurité à renforcer la lutte contre les opérations de contrebande et ceux qui sont derrière cette pratique", assurant que le Liban ne voulait en aucun cas porter atteinte à l'Arabie saoudite.
Il a demandé aux parties concernées les raisons du retard dans l'achat de "scanners" qui seraient installés aux frontières, malgré une décision prise à ce sujet en juillet 2020 et la publication d'un décret à cet effet. Il a appelé à finaliser l'achat de ces appareils. La chaîne de télévision al-Arabiya, citant sa consœur al-Hadath, avait rapporté que la drogue arrivée au Liban repartait du port de Beyrouth sans inspection, sous prétexte que le port n’est pas équipé de scanners pour le moment.
"La contrebande de toutes sortes, de la drogue à l'essence, nuit au Liban et lui coûte cher. Ce qui s'est passé récemment en matière de contrebande vers le royaume saoudien le confirme", a affirmé M. Aoun. "Le Liban tient à ne mettre en danger la sécurité d'aucun pays, en particulier aucun État arabe", a-t-il encore assuré.
Pour sa part, le Premier ministre sortant, Hassane Diab, a assuré que le Liban "n'accepte en aucun cas qu'il soit porté préjudice à l'Arabie saoudite". "Nous nous tenons aux côtés du royaume saoudien pour lutter contre les réseaux de contrebandiers, leurs branches libanaise et saoudienne et leurs liens étendus dans de nombreux pays, de manière à poursuivre les personnes impliquées", a assuré M. Diab, prônant une coopération pour "contrôler ces réseaux". Il s'est dit convaincu que "l’Arabie saoudite et tous les pays du Golfe savent bien que l’arrêt des importations des produits agricoles libanais n’empêche pas la contrebande de drogue qui utilise des moyens différents".
Selon des premiers éléments de l’enquête des douanes, cités par notre correspondante Hoda Chedid, la cargaison de grenades truffées de Captagon avait été introduite au Liban depuis la Syrie avant d’être réexportée vers le royaume en tant que marchandise libanaise. La cargaison, après être arrivée au Liban, avait été estampillée comme un produit libanais par une société libanaise fictive qui dispose d’un certificat du ministère de l’Agriculture, avant d'être réexportée vers l’Arabie saoudite, selon une source proche de l'enquête. Deux personnes liées à cette société fictive ont été arrêtées, d’après notre correspondante. Selon des informations de notre correspondante Sarah Abdallah, un entrepôt de la localité de Taanayel, dans la Békaa, a été placé sous scellés sur ordre du procureur général près la cour de cassation, Ghassan Oueidate, dans le cadre de cette affaire.
La décision saoudienne, vendredi, de suspendre l’importation de fruits et de légumes, en raison de la découverte d'amphétamines cachées dans une cargaison de grenades en provenance du pays du Cèdre, a été perçue comme une claque par les agriculteurs libanais. La décision porte incontestablement un coup dur au secteur agricole local, sachant que le pays a exporté pour 29,3 millions de dollars de fruits et légumes vers l’Arabie saoudite en 2020, selon le site des douanes libanaises. "Cette décision nous est tombée dessus comme un couperet. Elle nous prive de l’exportation de plus de 100 000 tonnes de produits tous les ans", a affirmé Ibrahim Tarchichi, président du Rassemblement des agriculteurs et paysans de la Békaa
Cette suspension des importations, qui vise à pousser les autorités libanaises à trouver une solution radicale aux opérations de narcotrafic vers le royaume, est tombée alors que le pays est accablé par une crise financière, économique et sociale sans précédent. Le Koweït, Bahreïn, le sultanat d’Oman et les Émirats arabes unis se sont empressés d’exprimer leur approbation de la mesure saoudienne. Ces pays n’ont pas toutefois annoncé jusque-là de mesures similaires contre les exportations libanaises.
Les responsables libanais ont demandé lundi à l’Arabie saoudite de revenir sur sa décision de suspendre les importations de fruits et de légumes en provenance du Liban et ont proclamé leur détermination à renforcer la lutte contre la contrebande, au terme d’une réunion tenue au palais de Baabda sous la présidence du chef de l'Etat, Michel Aoun.La réunion, à laquelle ont notamment...
commentaires (10)
Les réunions de Baabda ressemblent de plus en plus aux sketches de Abou Salim et celles du Sérail à ceux de Abou Melhem
Liberté de penser et d’écrire
09 h 33, le 27 avril 2021