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Monde - Afghanistan

Biden annonce la « fin de la plus longue guerre de l’Amérique »

Ashraf Ghani assure que les forces afghanes sont « pleinement capables » de défendre leur pays.

Biden annonce la « fin de la plus longue guerre de l’Amérique »

Le président Joe Biden lors de son discours hier. Andrew Harnik/AFP/Pool

Joe Biden a annoncé hier que « l’heure est venue de mettre fin à la plus longue guerre de l’Amérique » en retirant toutes les troupes américaines d’Afghanistan d’ici au 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 qui avaient provoqué l’intervention des États-Unis.

« L’heure est venue de ramener les troupes américaines à la maison », a-t-il martelé lors de son discours très attendu. « Je suis le quatrième président américain à gérer la présence militaire américaine en Afghanistan », « je ne transmettrai pas cette responsabilité à un cinquième », a-t-il prévenu en jugeant vain d’attendre « de créer les conditions idéales pour un retrait ».

Le président afghan Ashraf Ghani a dit « respecter » cette décision, dont il a discuté au téléphone avec son homologue américain. Les forces de sécurité afghanes « sont pleinement capables de défendre leur peuple et leur pays », a-t-il insisté dans un tweet.

Malgré les craintes croissantes d’une victoire des talibans et du retour d’un avatar du régime fondamentaliste qu’ils avaient imposé de 1996 à 2001 à Kaboul, Washington a décidé de quitter le pays « sans conditions », en coordination avec les autres pays de la coalition internationale.

« Nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés », a assuré hier le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, à Bruxelles pour afficher la plus grande concertation avec les alliés de l’OTAN.

La ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer a confirmé que les contingents des pays de l’Alliance atlantique quitteraient « ensemble » le territoire afghan.

Mardi, après des semaines de consultations, un haut responsable américain avait fait savoir que le 46e président des États-Unis avait tranché. « Nous allons entamer un retrait ordonné des forces restantes avant le 1er mai et prévoyons d’avoir sorti toutes les troupes américaines du pays avant le 20e anniversaire du 11-Septembre », avait-il annoncé.

La menace talibane

Joe Biden repousse ainsi de moins de cinq mois la date butoir du 1er mai, prévue pour ce retrait total dans l’accord historique conclu en février 2020 par son prédécesseur Donald Trump avec les talibans. « Si l’accord est violé et les forces étrangères ne quittent pas notre pays à la date prévue, il y aura sûrement des problèmes, et ceux qui ne respectent pas l’accord seront tenus pour responsables », a mis en garde hier le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid. La veille, les insurgés avaient prévenu qu’ils refuseraient, « tant que toutes les forces étrangères n’auront pas achevé leur retrait », de participer à la conférence sur la paix en Afghanistan que la Turquie, l’ONU et le Qatar doivent organiser du 24 avril au 4 mai à Istanbul. La Russie a d’ailleurs dit redouter « une possible escalade » qui « pourrait saper les efforts » de paix.

Malgré l’accord américano-taliban de 2020, la violence demeure à un niveau très élevé entre les insurgés et les forces afghanes. Et le renseignement américain a estimé, dans un rapport paru mardi, que les autorités de Kaboul allaient « peiner à résister » en cas de départ de la coalition internationale.

« Nous continuerons à soutenir le gouvernement afghan », mais « nous n’allons pas rester engagés militairement en Afghanistan », a déclaré Joe Biden dans son discours. Sa porte-parole Jen Psaki a appelé les talibans à « tenir leurs engagements » et à « ne pas laisser l’Afghanistan devenir un État paria ».

Les États-Unis sont intervenus en Afghanistan il y a près de 20 ans dans la foulée des attentats contre les tours jumelles de New York et le Pentagone. Ils ont chassé du pouvoir à Kaboul les talibans, accusés d’avoir accueilli Oussama Ben Laden et sa nébuleuse jihadiste el-Qaëda responsable des attentats, mais se sont ensuite enlisés dans le pays instable. Au plus fort de leur présence, en 2010-2011, quelque 100 000 militaires américains étaient déployés en Afghanistan. Mais depuis, le désengagement a été continu et s’est accéléré à la fin du mandat de Donald Trump : il ne reste plus que 2 500 soldats américains en Afghanistan.

Les « guerres sans fin »

Pour tourner la page de ce conflit dans lequel plus de 2 000 Américains et des dizaines de milliers d’Afghans ont été tués, le gouvernement de Donald Trump avait conclu à Doha, au Qatar, un accord historique avec les talibans. Il prévoyait le retrait de toutes les forces américaines et étrangères au 1er mai prochain, à condition que les insurgés empêchent à l’avenir tout groupe terroriste d’opérer à partir des territoires afghans qu’ils contrôlent.

Le directeur de la CIA William Burns a assuré hier qu’après « des années de pression contre-terroriste soutenue », les groupes jihadistes basés en Afghanistan ne représentaient plus la principale menace pour les États-Unis.

Comme Donald Trump, et à l’unisson d’une opinion américaine de plus en plus lasse des interventions meurtrières et coûteuses à l’autre bout du monde, Joe Biden a promis de « mettre fin aux guerres sans fin » de l’Amérique.

La plupart des démocrates, mais aussi plusieurs ténors trumpistes, ont salué le rapatriement tant attendu des soldats. Mais d’autres, dans les deux camps, ont déploré un départ « prématuré ». « Retirer nos forces d’Afghanistan d’ici au 11 septembre ne fera qu’enhardir les jihadistes qui ont attaqué notre pays 20 ans plus tôt », a protesté la députée républicaine Liz Cheney.

Source : AFP

Joe Biden a annoncé hier que « l’heure est venue de mettre fin à la plus longue guerre de l’Amérique » en retirant toutes les troupes américaines d’Afghanistan d’ici au 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 qui avaient provoqué l’intervention des États-Unis.
« L’heure est venue de ramener les troupes américaines à la maison », a-t-il...

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"Nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés". Etrange! Ainsi, le retour des talibans au pouvoir faisait partie des objectifs des USA? Les américains ne comprendront jamais que la suprématie militaire ne suffit pas pour gagner. Ils ont l'art (Vietnam, Afghanistan, Iraq...) de laisser le pays où ils interviennent dans un état de désorganisation pire qu'ils ne l'avaient trouvé.

Yves Prevost

08 h 51, le 15 avril 2021

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Commentaires (1)

  • "Nous avons atteint les objectifs que nous nous étions fixés". Etrange! Ainsi, le retour des talibans au pouvoir faisait partie des objectifs des USA? Les américains ne comprendront jamais que la suprématie militaire ne suffit pas pour gagner. Ils ont l'art (Vietnam, Afghanistan, Iraq...) de laisser le pays où ils interviennent dans un état de désorganisation pire qu'ils ne l'avaient trouvé.

    Yves Prevost

    08 h 51, le 15 avril 2021

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